Guinée: Cellou Dalein Diallo dit tout: ''Alpha Condé a déjà écrit une nouvelle constitution pour un troisième mandat, plus de 100 jeunes abattus par les forces de l'ordre, la corruption du gouvernement révélée par la Banque mondiale, le silence de la
Cellou Dalein Diallo, le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) et chef de file de l’opposition guinéenne, était récemment à Dakar pour prendre part au 26e congrès de l’internationale libérale dont il est le vice-président. Dans une interview fleuve qu’il a accordée à nos confrères de 2stv, il a évoqué toutes les crises politiques qui minent actuellement son pays, le refus notamment de Alpha Condé d’organiser des élections transparentes, la volonté de ce dernier de violer la constitution pour briguer un troisième mandat, la division ethnique voulue et entretenue par le chef de l’Etat guinéen à des fins politiques et la corruption qui a mis le pays dans une profonde crise économique. Nous vous livrons ici l’intégralité de cette interview.
-M. Cellou Dalein Diallo, vous êtes réélu vice-président exécutif de l’internationale libérale, est-ce qu’on peut savoir si l’internationale libérale a une position très claire par rapport à la situation politique en Guinée ?
-Oui, l’internationale libérale défend un certain nombre de valeurs libérales ; les droits humains, l’Etat de droit et la démocratie. Or, toutes ces valeurs sont actuellement violées en Guinée, donc l’internationale libérale n’est pas à l’aise avec les politiques qui sont menées en Guinée dés lors qu’elles violent l’essentiel des valeurs libérales.
-Mais on a comme l’impression que par rapport à la situation, nous qui la suivons de très près, une situation qui dégénère quelque part, il y a un mutisme total d’organismes, exceptée peut-être Amnesty que j’ai entendue condamner ce qui s’est passé en Guinée. Quelles sont les raisons pour vous ?
-Je n’en connais pas les raisons, je note simplement qu’il y a un mutisme, un silence de la communauté internationale par rapport aux exactions qui sont actuellement commises en Guinée, par rapport aux assassinats ciblés dont M. Alpha Condé et son régime se sont rendus coupables ces dernières années et je suis peiné de sentir que la Guinée est comme abandonnée par la communauté internationale face aux violentions flagrantes des droits humains. Evidemment, on entend qu’Amnesty internationale et Humans Right Watch, de temps en temps, mais pas les gouvernements, pas les autres organisations internationales.
-Est-ce que la Guinée fonctionne en vase clos quelque part ?
-On a l’impression qu’effectivement les gens ne s’intéressent pas à ce qui se passe en Guinée, or je pense que cela devrait intéresser la communauté internationale, l’Union africaine, les Nations-Unies, les organisations sous-régionales comme la CEDEAO pour que quand même on puisse arrêter ce massacre. Aujourd’hui, nous sommes à plus de 103 Guinéens abattus à bout portant par les forces de défense et de sécurité sans qu’aucune enquête ne soit diligentée, sans qu’aucune sanction même administrative ne soit prononcée contre les policiers et les gendarmes auteurs de ces crimes. Depuis les élections locales, on a enregistré 20 morts, 20 jeunes de l’opposition qui ont été abattus comme ça sans qu’aucune commission d’enquête ne soit mise en place pour identifier les responsables de ces crimes.
-On a vu que pour la tenue des élections législatives la dernière fois, il a fallu l’intervention des Nations-Unies pour faire discuter tout le monde. Est-ce qu’il y a eu un suivi par rapport à ce qui a été programmé ?
-Ecoutez, depuis que M. Alpha Condé est là, on a organisé plus de quatre ou cinq dialogues politiques mais qui n’ont jamais été suivis d’effets sinon bien que chaque année on reprend. Alors, on a tendance à dire que l’opposition préfère les accords politiques à la loi, mais ce n’est pas vrai. C’est lorsque la loi est violée que les acteurs politiques se retrouvent pour savoir comment réparer les préjudices subis par les uns et les autres du fait de la violation de la loi. Et vous savez l’organisation des élections ne doit pas dépendre de l’humeur du président parce que c’est du domaine de la loi. La loi fixe les mandats et le gouvernement a l’obligation de respecter les échéances électorales, mais M. Alpha Condé ne respecte pas. Pour les élections législatives, il a fallu que l’opposition marche pendant près de trois ans pour exiger la tenue des élections et on a fait appel justement aux Nations-Unies dont le secrétaire général avait bien voulu désigner M. Said Smith pour venir essayer de faire infléchir la position des autorités guinéennes pour les amener à organiser les élections législatives seulement en 2013. Les élections locales qui devaient aussi se tenir depuis 2011, n’ont été organisées qu’en 2018, le 04 février. Et depuis le 04 février jusqu’à présent on n’a pas pu mettre en place la totalité des exécutifs. Donc, le non respect de la loi favorise l’organisation de dialogue et malheureusement les décisions de dialogue ne sont pas respectées aussi hélas.
-Quelle est véritablement l’origine de cette crise politique permanente en Guinée ?
-C’est le non respect de la loi, la violation récurrente de la Constitution comme je viens de le rappeler en ce qui concerne les élections. On avait deux élections qui devaient être organisées en 2011, M. Alpha Condé a systématiquement refusé de le faire. L’opposition l’a exigé, a fait recours à la rue et il a fallu deux ans et demi pour qu’il se décide, sous la pression de la communauté internationale, pour qu’il organise les élections législatives. Et il a refusé jusqu’en février 2018 pour organiser les élections locales. Et maintenant elles ont été obtenues donc au forceps, il y a eu beaucoup de fraudes, organisées notamment au niveau des centralisations et en ce qui concerne l’UFDG, nous avons pu réunir des pièces à conviction mettant en évidence le changement des résultats, issus des urnes au niveau des centralisations et nous avons exigé que les vrais résultats, issus des urnes dont nous avions les pièces à convictions, que ces vrais résultats soient publiés. Ils n’ont pas voulu et finalement à force de manifester, de dialoguer, on a trouvé un consensus, on a signé un accord politique le 08 août au terme duquel ils ont accepté de rendre certaines communes volées à l’opposition, une partie du butin, une petite partie d’ailleurs pour la paix, pour sortir de la crise. On a accepté, on a signé cet accord mais quelques jours après, autour de M. Alpha Condé, il y a eu une réunion qui a décidé de ne pas respecter cet accord. Voilà où on en est aujourd’hui. Nous exigeons le respect de cet accord qui était un minima pour l’opposition, malheureusement le pouvoir dit ne pas être à même de respecter cet accord, alors que cet accord est signé par le ministre de l’intérieur, le président du groupe parlementaire du RPG arc-en-ciel et par moi-même en tant que chef de file de l’opposition. Mais aujourd’hui, le gouvernement dit non qu’il ne respecte pas ce qu’il a signé. Ils ne respectent pas la loi, ils ne respectent pas la loi fondamentale, ils ne respectent pas les accords politiques. Voilà le désordre dans lequel ce refus de respecter sa propre signature, de respecter les lois de la république met le pays. Nous ne pouvons pas accepter que nos suffrages soient volés et que le minimum que le pouvoir a accepté de nous restituer que là aussi il revient sur sa décision.
-Est-ce que l’opposition n’est pas si faible que dans les rapports de force toujours on voit que le pouvoir remporte finalement gain de cause ?
-Non l’opposition en Guinée n’est pas faible, l’opposition en Guinée est très forte. Nous avons gagné ces élections locales dans la plupart des collectivités, c’est clair on a battu le parti présidentiel dans beaucoup de communes notamment en Basse Guinée, à Conakry. A Conakry, dans les urnes, l’UFDG a eu 76 conseillers contre 49 pour le parti présidentiel et ça c’est au niveau de la capitale. Et dans toutes les collectivités de la Basse Guinée, c’est l’UFDG qui est arrivée devant en dehors de deux collectivités dans lesquelles c’est des listes indépendantes. Donc l’opposition n’est pas faible, la capacité de mobilisation de l’opposition guinéenne est connue, nous sommes capables de mobiliser un million de personnes à Conakry et notre poids électoral est aussi connu, les résultats publiés, les résultats officiels qui sont de faux résultats ne reflètent pas le rapport de force réel sur le terrain.
-Alors, il y a eu aussi beaucoup de jeunes guinéens tués lors de vos manifestations, allez-vous donner suite à cela ?
-Oui, nous avons aujourd’hui un peu plus de 100 jeunes qui ont été abattus depuis l’arrivée de M. Alpha Condé au pouvoir et malheureusement ces jeunes n’ont pas eu droit à la justice. Comme je l’ai dit tantôt aucune enquête n’a été ouverte, aucune sanction n’a été prononcée contre la police ou la gendarmerie, chargées d’assurer la sécurité des manifestants. Et comme vous le savez, l’impunité encourage la récidive, c’est pourquoi on continue de tirer sur ces jeunes. Et récemment, M. Alpha Condé a pris la décision d’installer des PA militaires dans toute la commune de Ratoma (Conakry) et ces militaires se livrent à toutes sortes d’exactions contre la population qui n’a aucun recours. Nous allons saisir naturellement les organisations internationales, la justice internationale puisqu’en Guinée toutes nos démarches sont restées sans suite. C’est inacceptable que le gouvernement continue de se livrer à ses exactions en disant privilégier l’ordre à la loi. Donc, nous allons continuer à saisir la justice internationale, à saisir les organisations internationales; la CEDEAO, l’Union africaine, la Commission des Nations-Unies sur les droits de l’homme et toutes les autres instances susceptibles de défendre la protection des droits humains.
-Je vous entends toujours, dans votre discours, dire pratiquement que c’est votre parti qui est ciblé dans ces attaques, pourquoi vous le dites ?
-Parce que c’est le cas.
-Vous en avez des preuves ?
-Mais oui, la centaine de jeunes citoyens guinéens abattus sont à 99% des militants de l’UFDG.
-Et vous avez cette liste ?
-On a cette liste.
-Et vous pensez que vous êtes particulièrement ciblé ?
-Ah bien entendu.
-On a parlé d’une tentative d’assassinat lors de votre dernière manifestation, on a tiré sur votre voiture….
-Bien sûr, ça c’est clair. Je crois que je vous ai envoyé une vidéo, vous y voyez le soldat prendre son arme et viser ma voiture et courir se réfugier derrière un pick-up parce que des voisins avaient effectivement filmé la scène et heureusement Dieu m’a sauvé la vie. Mais cet acte visait à m’éliminer parce que beaucoup de gens, d’extrémistes autour de Alpha Condé, et peut-être lui-même, pensent que c’est moi qui l’empêche de travailler par les manifestations. Il a souvent dit que son premier mandat, il n’a pas travaillé parce que Cellou a mis les enfants dans la rue. Beaucoup de gens pensent qu’il faut, peut-être, mettre terme à ma vie, ça pourrait donner la possibilité à M. Alpha Condé de gérer le pays comme il veut.
-Vous avez porté plainte ?
-Il y a une enquête qui a été déclenchée, on attend les résultats. Mais déjà on ne se fait pas trop d’illusions parce que le patron de la police a dit que, lui déjà, il pense que c’est un caillou de granite. Mais c’est clair, quand on regarde les vidéos, on voit que c’est intentionnellement qu’on a visé ma voiture. Ceci dit, on attend les résultats des enquêtes et après on avisera.
-Comment comptez-vous faire face à cette situation qui dégénère ?
-Mais écoutez, je vous ai dit déjà que nous allons saisir la communauté internationale, la justice internationale et nous profitons aussi de toutes les rencontres que nous avons avec les responsables de la CEDEAO, des Nations-Unies,… Vous avez vu tout à l’heure ici Ibn Chambas, nous avons discuté. Les chefs d’Etat, je rencontre certains d’entre eux je leur explique ce qui prévaut. Mais ceci dit, la démarche sera faite vers la justice internationale et vers les organisations qui recevront des rapports détaillés sur ce qui est en train de se passer actuellement dans mon pays.
-Est-ce que vous pensez concrètement que c’est possible d’organiser les législatives en 2019 déjà ?
-Oui, je pense que s’il y a une volonté politique mais personne ne connait l’agenda réel de Alpha Condé parce que ce n’est pas la loi qui est importante, c’est sa volonté malheureusement. Parce qu’il n’y a pas de séparation de pouvoirs, il n’y a pas respect des institutions, en Guinée, c’est la volonté de Alpha Condé qui s’impose à tout. Donc, s’il veut les organiser, je pense que c’est possible de le faire en 2019, mais s’il ne veut pas le faire, ça ne se fera pas. On devait organiser les dernières législatives en 2011, il ne voulait pas, elles n’ont pu être organisées qu’en fin 2013. Et les élections locales, on devait les organiser depuis 2011, il n’a voulu les organiser qu’en février 1018 suite à la pression de l’opposition par la rue hélas, c’est-à-dire sept ans après. Est-ce qu’il veut organiser les prochaines élections législatives qui devaient l’être au premier trimestre de 2019 plus tard ? Je ne vois aucun signe dans cette direction.
-Est-ce que vous suspectez Alpha Condé de briguer un troisième mandat ?
-Ce n’est plus une suspicion, M. Alpha Condé veut un troisième mandat. A chaque fois que vous lui posez la question, il s’énerve, il s’attaque aux journalistes. Vous avez vu récemment son interview avec Tv5-France 24, dés qu’on aborde la question du troisième mandat, il devient furieux, il ne se contrôle plus, alors que c’est une question simple. M. Issoufou, le président du Niger, quand on lui a posé la question, il a dit non qu’il a prêté un serment sur une constitution qui limite les mandats, il respectera son serment, il respectera la constitution. M. Aziz de Mauritanie s’est exprimé clairement pour dire qu’il ne va pas briguer un autre mandat, qu’il respecte la constitution. M. Alpha Condé, dés que tu lui poses la question, il devient furieux, il demande à ses lieutenants de dire non il faut laisser M. Alpha Condé finir son travail, il faut achever ses projets, il est utile. Aujourd’hui, on entend partout des sirènes révisionnistes comme le disait le président du conseil constitutionnel de Guinée qu’il a viré par rapport à sa prise de position contre le tripatouillage de la Constitution. Tout le monde est convaincu en Guinée que M. Alpha Condé veut un troisième mandat. Il veut tripatouiller la constitution et faire sauter le verrou de la limitation des mandats.
-Et là vous êtes déterminés à…
-Bien entendu, nous sommes déterminés à empêcher la violation de la constitution. Dans cette même constitution des dispositions qui disent que les dispositions relatives au nombre et à la durée des mandats ne sont pas modifiables. Alors, M. Alpha Condé est en train aujourd’hui de sévir contre les manifestants non seulement par rapport aux élections locales mais pour tuer toutes velléités de s’opposer à la révision constitutionnelle qu’il a envie d’engager.
-Alors, est-ce qu’aujourd’hui un dialogue politique est toujours possible en Guinée ?
-Ecoutez, on a déjà tenu plusieurs dialogues politiques, le dernier accord dit du 08 août, c’est dans le cadre du dialogue politique qu’il a été élaboré, mais ce n’est pas appliqué. Alors finalement, M. Alpha Condé a fini par décrédibiliser le dialogue politique dés lors que les décisions qui sont en issues ne sont pas appliquées. On a tellement de décisions prises de manière consensuelle lors des dialogues politiques qui ne sont pas appliquées. Est-ce qu’il faut aller à nouveau dialogue ? Il vaut mieux qu’on fasse l’effort d’appliquer les décisions qui sont prises et après on pourra se retrouver encore pour voir comment aplanir les divergences qui existent et comment se mettre d’accord sur un calendrier électoral, sur un chronogramme d’organisations des élections. On a deux échéances majeures ; on a les élections législatives qui doivent avoir lieu en 2019 et on a l’élection présidentielle en 2020. Mais quel est l’agenda de M. Alpha Condé en ce qui concerne le troisième mandat ? Est-ce qu’il va saisir l’Assemblée ? Est-ce qu’il va organiser un référendum ? Quand et comment ? On n’a aucune idée. Par contre, on sait que la constitution qu’il souhaite soumettre a été rédigée et c’est dans ses mains. On attend de savoir si est-ce que c’est l’Assemblée….. ?
-A t-il déjà rédigé une nouvelle constitution ?
-Ce que l’on sache, c’est que c’est une rumeur persistante qui fait état de l’existence déjà d’un nouveau document qu’il a fait élaborer par ses amis qui pourrait être soumis donc à l’Assemblée ou à la population directement aux suffrages universels.
-En termes de bilan, il dit qu’il a réalisé beaucoup de choses en Guinée, des choses exceptionnelles qu’aucun président guinéen n’a pu faire. Quelle est votre appréciation par rapport à son bilan ?
-Son bilan, ça dépend des domaines. D’abord, prenons sur le plan de la démocratie, le président est engagé à instaurer une démocratie apaisée, à cet égard c’est un échec total, il n’y a pas de démocratie, il n’y a pas d’élections transparentes, il n’y a pas de respect du calendrier électoral. En termes de droits humains, le recul est partout visible. Je vous ai dit tout à l’heure par rapport aux manifestations, il n’y a pas que les meurtres commis aux moments des manifestations, il y en a d’autres. A Sogota, les forces de défense et de sécurité sont arrivées la nuit, dans un petit district de Nzérékoré, ils ont zigouillé tous les responsables, ils les ont égorgés, ils les ont tués et personne n’a entendu parler d’un procès, c’est l’impunité totale. Et lors des manifestations pacifiques aussi, je vous ai dit qu’on a plus de 100 morts, aucune enquête, aucune justice, aucune compassion, aucune indemnisation, malgré tous les engagements pris à cet effet par le gouvernement à l’occasion lors des différents dialogues. Donc en termes de droits humains, on devrait dire que le pays a plutôt reculé. En termes d’Etat de droit, du respect de la loi par le président de la république de la constitution, c’est l’échec total. Alpha n’a jamais eu à cœur d’appliquer, de respecter, de faire respecter la loi conformément au serment qu’il prêté lors de son investiture. Sur le plan économique, la corruption gangrène,…. les marchés de gré à gré, octroyés à des amis présidents, au clan présidentiel font légion et il n’y a jamais… La Banque mondiale avait d’ailleurs mené un audit qui a mis en évidence que 91% de la commande publique est passée par entente directe avec les entreprises sans appel d’offres. Donc, vous voyez, voilà en termes de gestion économique,… même si on a fait des barrages, on a parfois fait au double du prix parce qu’il n’y a pas eu d’appel d’offres, c’est des marchés de gré à gré. C’est vrai que des barrages comme Kaléta ont été construits mais à quel prix ? Alors, l’approvisionnement en électricité par le secteur privé, là aussi c’est lui qui désigne des amis, ils leur donne des marchés sans aucune consultation, sans aucun appel à la concurrence. Tout cela, c’est de la mauvaise gestion. Nous avons besoin en Afrique d’instaurer l’Etat de droit, l’égalité des chances dans le recrutement dans l’armée, dans la fonction publique, dans l’octroi des marchés publics, il faut faire un appel à la concurrence pour choisir les meilleurs, ça améliore la qualité de la dépense publique et ça permet de renforcer le principe d’égalité des chances de citoyens et des entreprises face à l’Etat. Et donc à cet égard aussi, c’est un échec total de Alpha. La pauvreté s’est plutôt aggravée, beaucoup de Guinéens n’arrivent pas à assurer les deux repas par jour, le pays est divisé. En termes d’unité nationale, c’est la catastrophe, M. Alpha Condé suscite la stigmatisation ethnique qu’il entretient à des fins politiques et aujourd’hui la Guinée est divisée plus que jamais et tout cela c’est du fait de la politique délibérée de M. Alpha Condé de diviser les Guinéens en ethnies, sans jamais avoir à cœur le souci de consolider l’unité nationale, de promouvoir la solidarité et la fraternité entre les composantes ethniques.
-Aujourd’hui si vous devez lancer un message fort à l’endroit du peuple guinéen, à l’endroit de l’Afrique, d’une manière globale, ce serait quoi ?
-Pour la Guinée, il faut d’abord demander aux Guinéens de se mobiliser pour ne pas accepter la violation de la loi fondamentale, il faut que les Guinéens refusent la division que M. Alpha Condé est en train de vouloir faire préparer à des fins politiques. Il faut que les Guinéens acceptent ce fait de Dieu qu’ils sont Guinéens par la volonté de Dieu parce qu’ils sont nés en Guinée, ils doivent exercer partout où ils se trouvent leurs droits, ils doivent être électeurs, ils doivent être éligibles, ils doivent exercer tous leurs droits quelles que soient naturellement la région, la préfecture ou la collectivité où ils vivent. Il faut que les Guinéens se mobilisent pour lutter contre la corruption, contre la mauvaise gouvernance et surtout contre le tripatouillage de la constitution à l’effet d’octroyer un troisième mandat à M. Alpha Condé. Aux Africains, aux organisations internationales, il faut qu’ils regardent ce qui se passe en Guinée, il ne faut pas qu’ils abandonnent le peuple de Guinée, il faut qu’ils voient si un certain nombre de normes et de valeurs,… notamment au niveau de la CEDEAO parce qu’il y a un protocole sur la bonne gouvernance et la démocratie, ce protocole est violé de manière récurrente en Guinée, la CEDEAO devrait naturellement s’assurer que ce protocole est respecté par cet Etat membre qui est la république de Guinée. Les pays voisins devraient aussi s’intéresser à la Guinée pour savoir comment, quels sont les problèmes et quelles sont les solutions qui peuvent ramener la paix et la confiance dans ce pays parce que s’il y a des problèmes en Guinée, ça risque de rejaillir sur toute la région ouest-africaine et notamment dans les pays voisins.
Interview décryptée par Mamadou Alpha Diallo