Abdoulaye Bathily persiste: «Le Sénégal vit une sécheresse démocratique... »

25 - Décembre - 2018


Dans un entretien "les principes ne se négocient pas !" avec Jeune Afrique, Abdoulaye Bathily fait le tour du monde avec sa chicotte. La CPI, Israël, les Etats-Unis, le Togo, la Guinée, la Rd Congo, le Burundi, le Cameroun, le Sénégal…, chacun en prend pour son grade.

À propos de son pays, l'historien et ancien ministre sénégalais croit savoir "que l'on est en période de sécheresse démocratique". Et pour cause. Il dit : "Voilà cinquante ans que je participe au combat politique au Sénégal, et c'est la première fois que l'on fait écarter par la justice des candidats à la présidentielle."

Bathily fait référence à Karim Wade et Khalifa Sall, respectivement, candidats du Pds et de Taxawu Senegaal. Le premier, exilé au Qatar depuis la grâce qui a suivi sa condamnation à six ans de prison ferme par la Crei, est, officiellement, out pour la présidentielle de 2019. Le ministère de l'Intérieur a invalidé son inscription sur les listes électorales ; une décision confirmée par la Cour suprême.

Le second, lui, incarcéré en 2017, purge une peine de cinq ans de prison ferme pour l'affaire de la Caisse d'avance de la Ville de Dakar dont il était le maire. Malgré tout, il a déposé sa candidature et mise, notamment, sur son pourvoi en cassation pour espérer recouvrer la liberté et la possibilité de briguer le fauteuil présidentiel le 24 février prochain. Délibéré le 3 janvier.

"Les cas de Karim Wade et de Khalifa Sall sont différents"
"Au Sénégal comme ailleurs se pose la question du rôle de la justice dans les procès d'opposants, et cela fragilise le système démocratique", regrette Abdoulaye Bathily. Qui tranche : "Cela fait dix-huit mois que je dis que le procès Khalifa Sal est politique."

L'historien de poursuivre : "La Cour de justice de la Cedeao a rendu un jugement qui considère que la procédure n'a pas été équitable. L'État sénégalais, qui est membre de la Cedeao et a adhéré à la Charte de la Cedeao, doit se soumettre à ce jugement, mais il ne l'a pas fait jusqu'ici. La Commission des droits de l'homme de l'Onu a abouti pratiquement à la même conclusion. Tout cela montre bien qu'il y a volonté d'éliminer un adversaire."

Bathily met en garde : "On ne règle pas des problèmes politiques en se servant de la justice. Actuellement, lorsque les gens soupçonnés de malversations sont contre vous, ils tombent sous le coup de la loi. Mais lorsqu'ils sont avec vous, vous les épargnez. À partir de ce moment-là, la justice perd sa crédibilité, et le jugement sa légitimité aux yeux de l'opinion. C'est cela qui amène les tensions, et demain une ambiance de règlements de comptes qui porte en germe le recul de la démocratie."

S'il concède que "les cas de Karim Wade et de Khalifa Sall sont différents", Bathily suggère que "tous deux doivent faire l'objet d'un traitement équitable". Ce qui, à son avis ne semble pas être le cas. Il dénonce : "D'autres personnes ont été poursuivies par le même tribunal, la Crei, mais leurs dossiers à eux ont été gelés."

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

09 - Octobre - 2024

Assemblée nationale: Les salaires enfin virés mais sans les avantages

 Une bonne nouvelle pour les députés sortants : leurs salaires, qui tardaient à tomber, ont été virés avant-hier, lundi 7 octobre. Ainsi les...

08 - Octobre - 2024

Législatives anticipées : Macky dépose un recours contre la candidature de SONKO

La coalition Takku Wallu Sénégal dont la tête de liste n’est autre que l’ancien Président Macky SALL, ne veut pas croiser le fer avec Ousmane SONKO aux...

08 - Octobre - 2024

Législatives : Le format traditionnel du bulletin de vote maintenu pour les législatives anticipées (ministre)

Le bulletin de vote traditionnellement utilisé lors des scrutins des différentes élections au Sénégal sera maintenu pour les législatives...

08 - Octobre - 2024

Me El Amath Thiam, juriste- consultant : « L’éligibilité de M. Ousmane Sonko…ne découle pas de la loi d’amnistie»

Dans une contribution exploitée par Sud quotidien dans son édition du vendredi 4 octobre intitulée : « Eligibilité de M. Sonko et M. Dias : Entre Droit et...

08 - Octobre - 2024

LÉGISLATIVES ANTICIPÉES : LE DUEL « MACKY–SONKO » N’AURA PAS LIEU (PAR MOHAMED GASSAMA)

Sept mois après sa capitulation face au rouleau compresseur du duo « Diomaye-Sonko », le 24 mars 2024, l’ancien Chef d’État semble, subitement, retrouver de...