AFFAIRE KARIM WADE : SEYDI GASSAMA ET ALIOUNE TINE «DESAVOUENT» AMADOU BA

19 - Octobre - 2019


La cacophonie née entre le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur et la délégation sénégalaise qui a pris part à la 127ème session du Comité des droits de l’homme des Nations unies, sur les recommandations dudit comité et les engagements du Sénégal dans l’affaire Karim Wade, préoccupe les «Droit-de-l’hommistes» sénégalais. Sur leur compte Twitter, Seydi Gassama, directeur exécutif d'Amnesty International Sénégal et Alioune Tine, Fondateur d'Africa Jom Center ont semblé désavouer le ministère des Affaires étrangères, qui a contredit les représentants de la délégation sénégalaise à ladite session.

La sortie du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur pour démentir le supposé engagement pris par l’Etat du Sénégal pour la «réhabilitation» et la «réparation» du «préjudice» subi par le fils de l’ancien chef de l’Etat, Karim Wade, n’a pas laissé de marbre les «Droit-de-l’hommistes» sénégalais. En effet, Seydi Gassama, directeur exécutif d'Amnesty International Sénégal et Alioune Tine, Fondateur d'Africa Jom Center ne semblent pas apprécier la sortie dudit ministère, contredisant la délégation sénégalaise qui a pris part à la 127ème session du Comité des droits de l’homme des Nations unies en vue de présenter le cinquième rapport périodique du Sénégal sur la mise en œuvre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Sur son compte Twitter, Seydi Gassama fait le distinguo entre les réponses servies par les membres de la délégation sénégalaise, concernant les recommandations du Comité des droits humains des Nations unies sur le cas Karim Wade et celles du ministère.

Affichant une position favorable aux membres de ladite délégation, il dira que «nous avons d'un côté des techniciens qui sont conscients des obligations internationales du Sénégal en matière de droits humains et de l'autre, des politiciens qui pensent, parce qu'ils sont au pouvoir, qu'aucune obligation ne peut s'opposer à leur volonté ou ambition».

Auparavant, Seydi Gassama s’est offusqué de la posture des tenants du pouvoir quand des critiques sont formulées en matière d’atteinte aux droits humains des opposants politiques. A son avis, «quand l'Onu interpelle l'État du Sénégal sur les atteintes aux droits humains des opposants politiques, elle ne fait pas de la politique. Quand les Organisations de la société civile (Osc) dénoncent les atteintes à ces mêmes droits, elles font de la politique». Suffisant pour lui de dire «qu’en matière de Droits humains (Dh), pas de progrès sans de la bonne foi».

Sur cette affaire d’engagement ou pas pour la «réhabilitation» de Karim Wade, Seydi Gassama n’est pas le seul à exprimer son incompréhension suite à la sortie du ministère des Affaires étrangères. S’exprimant aussi sur son compte Twitter, Alioune Tine, Fondateur d'Africa Jom Center a relevé «une absence de coordination» entre le ministère de la Justice qui a représenté le Sénégal au Conseil des droits de l’homme et les Affaires étrangères, «qui accusent la presse».

Le «Droit-de-l’hommiste» pense, en fait, que «la justice est en phase avec les obligations internationales du pays». Mieux, M. Tine trouve que les deux représentants du Sénégal, en l’occurrence Moustapha Kâ, Directeur des droits de l'homme du Sénégal, non moins «magistrat d'une grande compétence, très pointu et très sérieux», et M. Ly des Affaires étrangères, «figurent parmi les meilleurs experts en droits humains de notre administration. Ils ont fait une déclaration conforme aux obligations du Sénégal en droits de l'homme». Ne s’en limitant pas là, le défenseur des droits de l’homme a trouvé «curieuse» la sortie des services du ministre Amadou Ba contre la presse «qui n'a fait que son travail», juge-t-il. Non sans relever : «pourtant, l'enregistrement des propos du Directeur des droits de l'homme du Sénégal sont disponibles et c'est ce qui est reproduit par les journaux. Curieux?».

Pour rappel, suite aux recommandations du Comité des droits humains des Nations unies sur le cas Karim Wade, condamné à 6 ans ferme par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), avant d’être gracié, Moustapha Kâ, Directeur des droits de l'homme du Sénégal, membre de la délégation qui a représenté le Sénégal lors de ladite session, avait laissé entendre sur Emedia.sn que «nous (délégation) avons répondu en disant que le Sénégal est prêt à allouer la réparation mais comme dans la décision du comité, il n’y avait pas un montant quantifié pour réparer, il fallait actionner quand même une procédure afin de pouvoir déterminer le préjudice subi, entendre la personne concernée pour pouvoir avoir une juste vision du montant de la réparation qui a été alloué». Une information que les services du ministre Amadou Ba ont formellement démenti estimant que «contrairement aux allégations relayées par la presse en ligne, la délégation sénégalaise n’a, en aucun cas et sous quelque forme que ce soit, pris des engagements allant dans le sens d’une “réhabilitation“ de Monsieur Karim Wade, ou d’une “réparation“ d’un “préjudice“ qu’il aurait subi».
sud quotidien 

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