AFFAIRE SWEET BEAUTE : IL NE FAUT PAS QUE LA TENTATIVE DE LIQUIDATION POLITIQUE DE SONKO SOIT L’ETINCELLE QUI VA FAIRE BRULER LE PAYS

01 - Mars - 2021

Je dois vous l’avouer, depuis l’éclatement de cette sordide affaire de viol, une question me suit comme mon ombre : pourquoi les Sénégalais ont-ils massivement adhéré à la thèse du complot en dépit des nombreuses tentatives des tenants du pouvoir et de leurs relais de les enfermer dans une honteuse histoire de mœurs ? Même les organisations de défense des droits des femmes, souvent promptes à faire feu de tout bois, ont, cette fois-ci, fait preuve d’une tempérance qui a surpris plus d’un. Ousmane Sonko, que je sache, n’a aucun pourvoir surnaturel ou ésotérique lui permettant, comme par enchantement, de mobiliser massivement, au-delà de son parti, les Sénégalais autour de la thèse du complot. Et ce n’est sûrement pas son rigorisme et ses sorties médiatiques depuis l’éclatement de cette affaire qui ont été déterminants dans la fabrique de l’opinion des théoriciens du complot. C’est surtout le dilettantisme des exécutants et des commanditaires de la manœuvre qui a vraisemblablement pesé dans la balance.
A mon niveau personnel, j’ai adhéré à la thèse du complot depuis que les enquêteurs de la Section de Recherches ont abandonné (peut-être par contrainte) l’exploration des pistes qui pourraient littéralement contribuer à la manifestation de la vérité. Je pense au propriétaire du gros 4x4 noir à bord duquel Adji Sarr est partie du salon ; au responsable de BBY, Maodo Malick Mbaye, oncle de Sidy Ahmeth Mbaye ; à l’avocate Dior Diagne, proche, dit-on, du ministre de l’Intérieur. La volonté manifeste du procureur de la République de poursuivre l’instruction en dépit de la vacuité du dossier mais surtout des nombreuses contradictions que les enquêteurs ont relevées dans la déposition de la plaignante sont entre autres faits qui m’ont conformé dans ma position.
Se pose alors une autre question : Ousmane Sonko a-t-il raison de douter de l’impartialité de la justice ? Nul besoin de chercher loin dans l’histoire politico-judiciaire de notre pays pour répondre à cette question. Les tenants du pouvoir ont récemment instrumentalisé la justice pour liquider politiquement Khalifa Sall et Karim Wade. A chaque fois, ils ont invoqué la séparation des pouvoirs pour se couvrir, à chaque fois, ils ont bénéficié du soutien des légalistes, mais aussi des mercenaires de la plume et du micro. Ousmane Sonko ne veut manifestement pas être broyé par cette machine répressive de la justice. Il doit le refuser ! Et catégoriquement !
Cela dit, nul n’est dupe, le leader de Pastef sera certainement arrêté. Mais Macky Sall aussi ne sortira pas indemne de cette affaire si le Sénégal plonge dans une spirale de violence. Seuls ses laudateurs semblent ignorer que le contexte n’est pas favorable à l’exécution politique d’un adversaire surtout quand celle-ci est aussi mal ficelée que celle qui défraie la chronique et ternit l’image du Sénégal. Pire, la crise sanitaire doublée de la crise économique, le chômage endémique des jeunes et la menace terroriste sont autant de combustibles qui n’attendent qu’une étincelle. Dans ce contexte, les tenants du pouvoir doivent faire preuve d’intelligence dans l’adversité afin que la tentative de liquidation politique de Sonko ne soit pas l’étincelle qui va faire brûler le pays.
Cheikh Sidou SYLLA

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