AMADOU CIRE SALL : « MOISE SARR DOIT REORGANISER LA DIASPORA », « JE SUIS TRISTE POUR LE PDS »

26 - Septembre - 2019

Dans cet entretien, l’ancien député libéral revient sur la nomination de Moïse Sarr au poste de Secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’extérieur. Il a également parlé de la crise qui sévit à la DSE APR France et au PDS.

Infos15 : La primature a été supprimée. Quelles sont les missions qui vous sont actuellement confiées ?

Amadou Ciré Sall : Nous avons été repris par le président de la République qui nous a encore manifesté sa confiance en nous gardant comme conseiller spécial auprès de Maxime Simon Ndiaye, Secrétaire général du gouvernement.

On connaît votre expertise en matière d’immigration, un Sénégalais de l’extérieur, Moïse Sarr, a été promis au poste de secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’extérieur. Quels commentaires vous inspire sa nomination ?

J’ai bien accueilli la nomination de Moïse Sarr. Je connais l’homme, je sais aussi que le choix porté sur lui n’est pas le fait du hasard car il a longtemps cheminé avec le président de la République, un compagnonnage qui remonte depuis que Macky Sall présidait aux destinées de l’Assemblée nationale. Moïse Sarr est un jeune poli et très courtois, quand il était venu en France, nous avions cheminé ensemble. Durant la dernière campagne électorale, nous avons aussi beaucoup travaillé ensemble. Honnêtement, j’ai applaudi des deux mains quand j’ai appris sa nomination au poste de secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’extérieur. Il mérite fort bien cette confiance du chef de l’Etat du point de vue de son engagement politique, de sa courtoisie mais aussi de son rapport à la vérité. Moïse Sarr est vraiment un homme qui dit toujours la vérité. Il m’a reçu dans son bureau après sa nomination, nous avons beaucoup échangé. Je lui ai dit qu’il avait un poste important et qu’il lui appartenait de prendre des initiatives pour la réussite de sa mission en s’appuyant notamment sur des personnes ressources de la diaspora.
Quelles devraient être ses priorités, selon vous ?
J’estime qu’il doit d’abord s’atteler à réorganiser la diaspora. Et sur ce point, il est dans de bonnes dispositions. A l’époque, on avait le Conseil Supérieur des Sénégalais de l’Extérieur, au temps du président Abdou Diouf. C’est avec ce Conseil que nous avions élu les sénateurs de l’extérieur mais la structure a été abandonnée par la suite. Quand Abdoulaye Wade a pris le pouvoir, je suis allé le voir pour le convaincre de ressusciter le Conseil Supérieur des Sénégalais de l’Extérieur. A l’époque, Sada Ndiaye était le ministre des Sénégalais de l’extérieur. J’avais insisté pour que les conseillers ne soient pas nommés sur la base de leurs couleurs politiques, mais de leur engagement et de leur implication dans les mouvements associatifs, malheureusement, je n’avais pas été entendu. Sada Ndiaye ne métrisait pas le département ministériel qu’on lui avait confié. Résultat des courses, en politisant la nomination des conseillers, certains militants du PDS, mécontents, ont voté contre Wade à la présidentielle. L’ancien Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne, avait promis de relancer le Conseil Supérieur des Sénégalais de l’Extérieur. Il avait fait l’annonce lors de sa déclaration de politique générale, mais voilà, le poste de Premier ministre a été supprimé entre temps. J’en ai donc parlé avec Moïse Sarr, je ne sais pas s’il va reconduire la même structure, mais l’important est que sa volonté de réorganiser la diaspora est manifeste. En tout cas, la réorganisation de la diaspora devrait être son premier chantier. Cela est d’autant plus nécessaire que l’image de la diaspora a été ternie, aujourd’hui on pense que les Sénégalais de l’extérieur se battent en politique juste pour de l’argent, pour des prébendes alors que dans le passé, ils se distinguaient exclusivement par les actes qu’ils posaient en faveur du développement de leurs terroirs respectifs. La politique, c’est un combat d’idées. Malheureusement, aujourd’hui on se bat pour gratter quelque chose si Macky Sall arrive en France, ou pour avoir un emploi. Mais tout le monde ne peut pas avoir un emploi. Il faut qu’on travaille à restaurer l’image de la diaspora. Moïse Sarr est aussi dans de bonnes dispositions pour travailler sur le projet d’une banque des Sénégalais de l’extérieur. A ce propos, je lui ai suggéré de transformer le FAISE (Fonds d’Appui à l’Investissement des Sénégalais de l’Extérieur) en banque pour la diaspora. L’idée l’a beaucoup intéressé. Nous devrons aussi nous battre pour que le secrétariat d’Etat soit érigé en ministère plein. En tout cas, Moïse a toutes les chances de réussir. En plus, il a eu la bonne idée de recruter des ressources humaines de qualité comme Babacar Bâ, un cadre qui connaît bien la diaspora. Il s’occupe des questions financières au secrétariat d’Etat, très compétent, il va beaucoup aider Moïse Sarr. Il a aussi fait venir une autre personnes de la France pour qu’elle s’occupe des affaires sociales.

En France, les responsables de la DSE ne s’entendent pas, comment expliqueriez-vous cette situation ?

J’étais en France dans le cadre de la campagne électorale pour la présidentielle de février dernier. J’avais dit à Ahmeth Sarr (coordinateur de la DSE, Ndlr) de prêter une attention particulière à toutes les personnes qui s’investissaient pour la réélection de Macky Sall, mais visiblement je n’avais pas été entendu. Je crois que le principal problème de la DSE, en France, est que les responsables ne sont pas élus par la base, ils doivent leur nomination à Macky Sall. Cela pose un problème de légitimité. Comme Macky Sall est à son dernier mandat, je crois qu’il doit tout faire pour que les militants élisent eux-mêmes leurs responsables. Je crois que la crise qui sévit au PDS doit nous servir de leçon.

Justement, que pensez-vous de cette rébellion au PDS sous la houlette d’Oumar Sarr ?

Je suis triste, j’ai adhéré au PDS en 1976, j’ai été fidèle à Abdoulaye Wade. Il reste mon mentor politique. J’ai commencé à réfléchir sur le PDS depuis qu’on a décidé de virer Macky Sall du perchoir de l’Assemblée nationale, d’une manière injuste. C’était un tournant pour moi, car je ne comprenais pas que le PDS, qui s’était toujours battu pour l’avènement de la démocratie au Sénégal, puisse se comporter comme tel. Abdoulaye Wade a beaucoup fait pour le Sénégal, son seul tort, c’est de vouloir nous imposer Karim Wade. C’est pourquoi je n’ai jamais soutenu son fils, qui avait toujours manifesté son désir de se séparer des responsables du parti qui avaient bataillé ferme aux côtés de son père. C’était l’objectif de la Génération du concret. Mais il s’est lourdement trompé car en politique, on doit avoir besoin de tout le monde. Ce qui est déplorable, c’est que Abdoulaye Wade est en train de se séparer des hommes et des femmes qui ont fait le PDS. Même si je ne suis plus de ce parti, je ne souhaite pas qu’il termine de cette façon-là. En tout cas, se séparer d’Oumar Sarr, de Me Amadou sall etc., n’est pas une bonne option pour le parti libéral. Le renouvellement des instances du parti est normal, mais il doit tenir compte de certaines réalités. Encore une fois, je suis triste pour ce parti.

Recueillis par Cheikh Sidou SYLLA

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