APOSTILLES AUX « SOLUTIONS » D'OUSMANE SONKO (PAR IBRAHIMA MBODJ ET BEN YAHYA SY)

17 - Novembre - 2018

La politique est le dernier refuge des aventuriers.” Georges Wolinski
Le livre de M. Sonko, paru en septembre aux éditions Fauves à Paris, n'est à notre avis à lire qu'avec un minimum de science, de philosophie et d'humanisme, pour ne pas sombrer dans son délire.
M. Sonko est visiblement un grand nostalgique de l'URSS et n'a pas trouvé de meilleure idée que de la transposer au Sénégal, alors que ce système a montré son incapacité à faire progresser économiquement un pays. Nous ne sommes déjà pas très riches, il veut nous exclure d'une croissance raisonnée et maîtrisée pour nous assaillir d'impôts. Il parle même d'instaurer une forme de « commissaires politiques » vérifiant qu'il n'y ait pas de dissidence démocratique.
Certes, il relève des points qui méritent notre attention, et le gouvernement du Président Macky Sall y travaille déjà avec le Plan Sénégal Emergent (PSE). Mais il oublie que nous ne sommes pas gouvernés par des magiciens capables de changer le monde en 7 jours. Il nous faut un peu de temps pour que les actions portent leurs fruits. Les points critiques sont l'éducation des jeunes et le balisage de la voie de la prospérité à des jeunes entrepreneurs. Car notre pays, comparativement aux pays plus développés, emploie très peu de salariés. Notre industrie, comme le remarque M. Sonko n'est pas très développée; ce qui est assez naturel avec l'équilibre marchand planétaire actuel dans lequel la Chine est devenue l'usine du Monde. Sur un marché commercial dense où les meilleures places ont déjà été prises, il faut savoir se spécialiser sur des niches ou sur des atouts avec les ressources rares. C'est ce que nous faisons avec le pétrole et les produits connexes.
Ce qui est notable avec M. Sonko, c'est qu'il a fait sa carrière comme Inspecteur des Impôts, et comme tout contrôleur, il ne raisonne que par le PIB et les impôts. Mais la politique inclût aussi des négociations équitables et franches. Le Président n'est pas que le président de ses électeurs, il est celui de tous les Sénégalais. Son rôle est de veiller à l'accroissement du bonheur pour tous, autant matériellement qu'en termes de santé, de bien-être, et également de loisirs et d'éducation. L'école ne forme pas seulement des travailleurs, elle prépare à assurer son rôle de Citoyen dans un pays devant être un havre de paix. Quant à « sécuriser » davantage le pays, nous vivons dans une paix agréable avec un niveau de troubles acceptables, rien de véritablement d’alarmant ne nous menace mis à part le phénomène terroriste qui est géré avec lucidité et rigueur par le président Macky Sall et ses pairs de la sous-région.
Il appert que M. Sonko pêche par une jeunesse et une fougue qui lui fait oublier ses lacunes au niveau de la science politique, et surtout de la géopolitique internationale. C'est un jeune fauve qui rêve d'accéder à la citoyenneté suprême, à un pouvoir absolu sur notre peuple, comme ces tyrans de la Grèce Antique qui asservissaient des cités jusqu'à être renversés par une révolte. C'est un parfait exemple de ces démagogues qui apparaissent alors, profitant d'une démocratie populiste, experts en rhétorique, mais ne régnant ensuite que dans leur intérêt purement personnel.
Seulement cette démagogie à fond la caisse ne passera point car nous conviendrons avec Jean-Michel Galano que « Le ressort sur lequel s’appuie la démagogie porte chez Platon le nom de « flatterie ». Celle-ci consiste à exciter les affects (vanité, tentation de se prendre pour le centre du monde), mais aussi et simultanément ce que Spinoza bien plus tard appellera les « passions tristes » (haine de l’autre, intolérance, chauvinisme, terrorisme intellectuel). Et, bien entendu, se présenter comme celui qui a « le courage de dire la vérité au peuple, même si elle est dure à entendre » ou comme un « briseur de rêves » ne fait que pratiquer une forme sophistiquée de démagogie. »
Ibrahima MBODJI
Ben Yahya SY
DSE/APR FRANCE
NB: une analyse complète de son livre « Solutions » est à paraître sous peu.

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