Après dix ans d’application de la loi sur la parité : quelles perspectives ?

10 - Juillet - 2020

Face aux inégalités constatées entre les hommes et les femmes, le législateur au terme de plusieurs textes législatifs et réglementaires a mis en place une institution dénommée Observatoire National de la Parité en vue d’impulser une dynamique à même d’aider à redresser des injustices que rien ne justifie.
Toutefois, dix ans après, le constat est toujours amer. La situation de la femme est peu reluisante (aggravation de la pauvreté, fréquence d’atrocités multiformes, persistances de certaines barrières aux antipodes de la dignité humaine…).
Conscient du fait que c’est par le contrôle du pouvoir que la femme va pouvoir s’affranchir de l’injustice, le législateur a décidé que pour les instances électives, la parité reste absolue (loi 2010-11 du 28 Mai 2010). Etre présent dans les instances électives ne signifiant pas une fin en soi mais plutôt un moyen permettant d’atteindre un idéal : un monde où la différence de sexe ne doit plus être considérée comme une contrainte. Un monde où les deux sexes doivent être d’égale dignité.
L’erreur a été de croire que ce combat est celui des femmes. Ce qui s’est traduit par une inégale répartition dans la composition de l’observatoire national de la parité où les hommes occupent une place marginale. Plus absurde la présidence ne peut être exercée que par une femme. Ce qui est contraire à notre législation qui ne reconnait pas le principe de la discrimination fondée sur le sexe, la race, l’ethnie, la religion, l’origine géographique ou sociale…
En réalité la bataille en faveur de la promotion du genre relève moins d’une appartenance à un quelconque statut plutôt que par l’existence de fortes convictions fondées sur la justice sociale, les droits humains. A ce niveau aucun sexe n’a le monopole de la justice…Il ya lieu de faire preuve de discernement pour éviter de tomber dans les travers des préjugés.
Autant des hommes ont affiché des idées rétrogrades vis-à-vis des femmes, autant des femmes ont manifesté des comportements à la limite de l’hérésie.
Dans certains cas nous avons noté l’opportunisme d’une certaine catégorie de femmes qui se nourrissent des misères de leurs sœurs. Elles exploitent les données peu reluisantes sur la femme, pour alimenter leurs ambitions personnelles. Ce cas s’illustre au niveau politique. Des femmes à la faveur de la loi sur la parité ont été élues. Une fois installée, elles renoncent à leurs convictions au motif que leur nouvelle position est incompatible avec certaines formes de combat. Leurs nouveaux soucis restent liés à la stratégie de consolidation de leurs nouveaux privilèges…Que la loi soit bafouée sous leur nez, elles préfèrent s’auto censurer car leur priorité demeure la sauvegarde de leurs ambitions personnelles.
Pour la mémoire historique, des femmes politiques de convictions à l’abri de toute forme d’opportunisme ont brillamment marqué l’histoire de la lutte en faveur de la promotion de la parité. Ce sont des femmes intraitables sur la question peu importe la situation : il s’agit de la brillante intellectuelle Marieme Wone ly, une des premières femmes candidates à une élection présidentielle, Mme Aida Mbodj toujours constante et icône de ce combat, de l’incorruptible Ministre Marie Pierre Sarr.
Des femmes promues au nom de la parité oublient leur combat initial .Leur nouvelle fonction devenue subitement une fin en soi.
Force est de reconnaître que le combat pour la réussite de la loi sur la parité est donc une affaire de tous sans distinction de sexe. Travaillons à identifier des hommes et des femmes de convictions pour gagner cette bataille gage d’un développement durable.
Abdou Sané membre de l’Observatoire national de la parité

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

04 - Mai - 2021

ABDOULAYE TINE SUR LE PARRAINAGE : « LE PRINCIPE, IL FAUT LE MAINTENIR »

La Cour de Justice de la CEDEAO lui a donné gain de cause en invalidant la loi sur le parrainage. Pour autant, Abdoulaye Tine n’est pas contre l’idée de filtrer les...

04 - Mai - 2021

PORTRAIT : ABDOULAYE TINE, L’HOMME QUI VEUT ABREGER LE MANDAT PRESIDENTIEL EN COURS

Depuis le 28 avril 2021, la Cour de justice de la CEDEAO a ordonné au Sénégal de supprimer la loi de parrainage existante et cela, dans un délai de 6 mois. Introduite...

03 - Mai - 2021

Cheikh Abdou Bara Dolly réagit à la plainte du Pur

Cheikh Abdou Bara Dolly a réagi suite à la plainte annoncée par le parti Pur. «Je suis actuellement à la Mecque pour faire la Oumra. J’attends cette...

03 - Mai - 2021

EXECUTION DE LA DECISION DE LA COUR DE LA CEDEAO : MACKY SALL CONTRAINTPAR LES DISPOSITIONS 96 ET 98 DE LA CONSTITUTION (PAR SEYBANI SOUGOU)

Suite au cinglant désaveu infligé par la Cour de Justice de la CEDEAO au régime de Macky Sall sur le parrainage, des membres du régime s’épanchent dans les...

03 - Mai - 2021

FRANCE : THIOBO DIA, L’HOMME ORCHESTRE DE L’APR ET DU CONSULAT

Manque de générosité ! C’est le principal reproche que beaucoup de Sénégalais font aux tenants du pouvoir et/ou aux responsables du parti...