ASSANE DIOMA NDIAYE:«LA CRISE GUINEENNE EST UN TEST GRANDEUR NATURE POUR LE SENEGAL»
Le président de la ligue Sénégalaise des Droits de l’Homme (Lsdh), Me Assane Dioma Ndiaye, est persuadé que de la solution de la crise guinéenne dépendra en grande partie le comportement psychologique et subjectif des dirigeants africains comme le Président Macky Sall. A l’en croire, ce qui se passe actuellement en Guinée constitue un test grandeur nature pour le Sénégal.
«La situation de crise en Guinée a suscité de nombreuses interpellations. On a noté l’intervention de Mme la procureure près de Cour Pénale Internationale (Cpi) qui a interpellé ouvertement le Président Alpha Condé. Il y a eu aussi la réaction des Nations-Unies, et la mobilisation des mouvements et des Organisations non gouvernementales (Ong) africaines. Il est impératif que les violences et les atteintes à la vie humaine cessent. De plus en plus, on assiste à une banalisation de la mort en Guinée. Et il est inacceptable que des personnes périssent sous le sceau d’un régime démocratique. On parle de soixante-dix morts», a déclaré Me Assane Dioma Ndiaye qui évoquait la crise en Guinée. Le soubassement de cette crise sociale est la volonté des autorités étatiques de tripatouiller la Constitution pour permettre à Alpha Condé d’aller au-delà de deux mandats. C’est pourquoi, il estime que la société civile africaine veut se départir de ces constitutions qui peuvent être faites et défaites par les constituants selon leurs grés et leurs intérêts. «Donc, il n’est plus question qu’on se fie à des Constitutions qui seront interprétées d’une manière ou d’une autre. Nous voulons amener la Cedeao et l’Union Africaine à édicter de façon claire la limitation des mandats présidentiel à deux», déclare-t-il.
Selon Me Assane Dioma Ndiaye, les gouvernants devraient savoir qu’en démocratie, nul n’a le monopole de la vérité. «Et quand on est dans une société démocratique, on se dit qu’après deux mandats, on doit céder la place à un autre qui peut apporter un plus. Partout où il y a eu une volonté de faire plus de deux mandats, il y a eu un passif humanitaire très important. Au bout du compte, le seul bénéfice c’est des intérêts particuliers qu’on cherche à acquérir au détriment de l’intérêt général. L’Etat de droit et la démocratie n’en gagnent rien. Les générations actuelles ne vont jamais accepter cela. C’est pourquoi, le combat que nous mènerons dans les semaines au niveau des instances internationales et sous régionales sera politique afin qu’une charte sois édictée de nature à s’imposer à tout le monde», clame-t-il.
Me Assane Dioma Ndiaye pense que la crise guinéenne pourrait faire tache d’huile au Sénégal. D’où son alerte : «ce qui se passe actuellement en Guinée est un test grandeur nature pour le Sénégal. Et c’est pourquoi, nous sommes très attentifs à l’évolution de la situation en Guinée. Parce que de la solution de cette crise guinéenne dépendra en grande partie le comportement psychologique et subjectif des dirigeants sénégalais. Si aujourd’hui le Président Guinéen arrive à réaliser le dessein qu’on lui prête, il est évident qu’il fera des émules. Mais si par contre, de par la pression populaire et la mobilisation de la communauté internationale, on arrive à le dissuader de cette volonté de briguer un troisième mandat, cela pourrait constituer un exemple pour ses autres collègues Présidents africains, qu’il s’agisse entre autres du Président Macky Sall et du Président du Niger», analyse le président de la Lsdh.