Audit du Fichier: 1 million et demi « d’électeurs illégaux » recensés

06 - Mai - 2021

 L’opposition crie au scandale après avoir reçu le  rapport provisoire de la Mission d’audit du fichier électoral 2021. Ledit rapport renseigne que lors de la refonte partielle, les demandes de changement de lieu de vote, au niveau national, représentaient 8,5%, soit 515 645 électeurs. La Mission d’audit est allée sur le terrain, au niveau de certaines communes, dans le cadre de l’audit sur pièce et sur place, mais n’a pas rencontré les comités électoraux (L65) où il y a les acteurs politiques. Elle a rencontré essentiellement les Préfets et Sous-préfets. Le contenu de l’audit a ainsi été quelque part dévoyé parce qu’il était question d’un audit sur pièce et sur place. C’était cela la nouveauté de cette mission d’audit de 2021. Les auditeurs n’ont pas fait le travail de comparaison entre le nombre d’inscrits sur les listes électorales communales et le potentiel de la population en âge de voter.  

1 million et demi « d’électeurs illégaux » recensés

Les experts électoraux n’ont pas répondu au nombre anormalement élevé d’utilisation de certificat de résidence lors de  l’inscription sur les listes électorales ».

515 645 électeurs sont concernés.  D’après Sow, ils ont fait recours à des certificats de résidence (à la place de la carte nationale d’identité) pour s’inscrire sur les listes en totale violation des critères définis par l’article L35 concernant la résidence électorale.   Pire, le rapport indique clairement que les auditeurs n’ont pas eu accès au fichier physique qui est une « niche de fraudes ». D’après Decroix qui en donne quelques exemples illustratifs, plus de 900 442 personnes (soit 13,5% de l’électorat) se sont inscrites de manière illégale sur les listes électorales  « avec des extraits de naissances ». Plus de 400 000 autres ont été inscrits entre le 25 février 2019 et le 25 février 2021, alors qu’aucune révision ou refonte n’a été autorisée pendant la période mentionnée. 214 199 (soit 3,2% de l’électorat) autres électeurs inscrits sur le fichier sans données biométriques. Au total, près d’un million et demi « d’électeurs illégaux » ont été recensés, à l’en croire.

Figurez-vous, les auditeurs ont dit que, après interpellation, l’ANSD leur a dit « ne pas disposer de la structure démographique de la population communale (18 et plus) ». Si cette information est avérée, l’on pourrait alors penser à des instructions reçues car c’est manifestement un blocage des services de l’administration pour tenter de masquer l’immensité de la fraude électorale dans ce pays, par les transferts de populations d’une commune à une autre.

 214 199 électeurs ont un statut « SKIP »

Le rapport a montré qu’il y a 214 199 électeurs qui ont un statut « SKIP » ou empreintes « sautées » : empreintes corrompues ou altérées ou floues ; personnes âgées ; personnes handicapées. En fait ce sont des personnes qui ne se sont jamais présentées devant les commissions de révision et donc n’ont pas apposé leurs empreintes.   En effet, le rapport a indiqué, que le motif « demandeur absent » pose un problème. Et il précise qu’un demandeur absent, en théorie, ne peut pas s’enregistrer.

La nébuleuse informatique

Les auditeurs ont interrogé IRIS pour demander des explications sur ce type de motif mais malheureusement, IRIS n’a pas répondu à leur requête. Ils sont 22 560 personnes ! Pas de recommandations des auditeurs pour ces constats-là ! Le rapport ne donne aucune information supplémentaire sur le traitement de ces cas où les communes de rattachement de ces électeurs !

D’ailleurs le Frn informe que le fichier général des électeurs est géré depuis Kuala Lumpur en Malaisie. C’est une situation très grave par rapport à notre souveraineté nationale tant chantée, nos données personnelles sont gérées ailleurs, regrette le Frn. Qui s’interroge : « Comment expliquer les chiffres différents du fichier général après la refonte partielle de 2016/2017 entre la CENA, l’audit de 2018 et cette MAFE de 2021 ?  Et cela ne donne-t-il pas raison aux Sénégalais qui parlaient de trois fichiers ?  En effet, le nombre d’électeurs du fichier électoral qui a servi aux élections législatives de 2017 est différent selon la MAFE 2018, la CENA  et MAFE 2021. »

579 706 CNI imprimées sans données électorales

Toujours, concernant le fichier général, le rapport provisoire renseigne que lors de la dernière révision exceptionnelle de 2018, il s’élève à 6 683 198 électeurs. Comment expliquez-vous, que 400 548 électeurs avec données électorales dans la période 25 février 2019 et 25 février 2021, alors qu’il n’y a pas eu de révisions sur les listes depuis 2018, se demande l’opposition. En effet, dans le rapport on peut lire à la page12 (Synthèse – Adéquation technologique),  « la Mission a noté que le couplage des cartes d’identité biométrique et cartes d’électeurs pose un problème d’éditions répétitives à chaque changement d’adresse électorale ou de statut d’un électeur. 

Cela s’explique par une production de 579 706 cartes d’identité sans données électorales, et 400 548 cartes avec données électorales sur la période du 25 février 2019 au 25 février 2021, ces cartes peuvent encore être réimprimées lors des révisions ordinaires et/ou exceptionnelles.  »

 Parrainage : les auditeurs n’ont pas accès au logiciel

Concernant l’évaluation du système de parrainage, les auditeurs ont avoué qu’ils n’ont « pas eu accès au logiciel ayant servi à contrôler le parrainage à l’élection présidentielle de 2019 par le Conseil Constitutionnel. Motif ? Parce les 7 Sages ont refusé de les recevoir. Ils n’ont même pas répondu à leur lettre de saisine tout au début de la mission d’audit ! Les auditeurs ont seulement étudié les dispositions des L.57 et L.116 du code électoral qui expliquent la procédure de parrainage. Pour les auditeurs, dans le rapport, « ces dispositions soulèvent un certain nombre de problèmes. La collecte des parrainages effectuée par les candidats est déposée au greffe du Conseil constitutionnel qui contrôle leur validité sur la base du premier déposant. La loi dispose que les collectes sont effectuées sur la base d’un formulaire, mais la vérification se fait sur la base de données saisies et non du formulaire. Donc, il y a une possibilité élevée d’erreurs dans la saisie des données. La vérification est faite sur la base du fichier électoral consolidé transmis au Conseil constitutionnel par la DAF et dont les candidats ne disposent pas au moment de la collecte des parrainages. La non présence de la CENA lors du contrôle effectué par le Conseil constitutionnel. Le rapport est aussi muet sur les cartes non distribuées (pourtant une commande des TDR), parce qu’il s’agissait pour l’essentiel des jeunes dont les cartes avaient été confisquées pour les empêcher de voter !

Rewmi

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