BARTHELEMY DIAS RADIE, OUSMANE SONKO PROMU : UN BALLET INSTITUTIONNEL BIEN CHOREGRAPHIE (PAR IBRAHIMA THIAM)

10 - Décembre - 2024

Au Sénégal, la justice et la politique semblent parfois participer à un grand ballet national, où les mouvements des uns et des autres répondent à une logique chorégraphique mystérieuse. Sur scène aujourd’hui, deux danseurs aux destins opposés : Barthélemy Dias, radié avec la grâce d’une guillotine bien huilée, et Ousmane Sonko, qui a valsé jusqu’au poste de Premier ministre, malgré un passé judiciaire chargé. Les surprises ne manquent pas dans ce spectacle aux allures d’opéra comique.

Commençons avec Barthélemy Dias, dont le solo a été écourté sans préavis. Condamné dans l’affaire Ndiaga Diouf, il n’a eu droit qu’à une performance express : sitôt sa peine confirmée, son mandat de député s’est évaporé. Pas de rappel, pas de standing ovation. La justice, ici, a dansé avec une précision millimétrée, comme un métronome réglé sur “zéro tolérance”. Une signature, une procédure, et hop ! Dias sort de scène. On pourrait presque applaudir l’efficacité, si elle n’était pas si glaçante.

Passons maintenant à Ousmane Sonko, dont les pirouettes politiques mériteraient une médaille olympique. Malgré plusieurs condamnations, il est resté en piste, virevoltant avec une aisance qui laisse rêveur. Premier miracle : il a échappé à la radiation parlementaire, pourtant prévue dans les mêmes textes. Deuxième miracle : il a réussi à transformer ses déboires judiciaires en tremplin politique, remportant les élections législatives et accédant à la tête du gouvernement. Certains appellent ça du génie stratégique, d’autres un sens du timing impeccable. Une chose est sûre : quand Sonko danse, l’orchestre semble toujours jouer en sa faveur.

Le contraste est saisissant. D’un côté, Barthélemy Dias, victime d’un tempo judiciaire accéléré, comme s’il représentait une urgence nationale. De l’autre, Ousmane Sonko, qui semble avoir bénéficié d’une pause musicale prolongée, le temps de peaufiner ses entrechats politiques. On dirait presque deux chorégraphies totalement indépendantes, interprétées sur des partitions différentes.

Cette différence de traitement pourrait prêter à sourire, si elle n’illustrait pas une réalité bien plus sérieuse. La gestion de ces deux cas donne l’impression que les institutions sénégalaises, pourtant réputées pour leur rigueur, sont parfois capables d’une étonnante souplesse. Tantôt rigides comme un pas de tango, tantôt fluides comme une improvisation de jazz. Tout dépend du danseur.

Mais ne soyons pas trop durs. Après tout, chaque ballet a besoin de ses héros tragiques et de ses étoiles montantes. Barthélemy Dias a joué le rôle de l’opposant sacrifié, éliminé avec une rapidité presque artistique. Ousmane Sonko, lui, incarne la figure du survivant, capable de transformer les coups en applaudissements. Et les institutions, dans tout ça ? Elles restent les chorégraphes silencieux, dessinant des pas de danse parfois incompréhensibles pour le commun des mortels.

Alors, chers spectateurs, retenez bien ceci : au Sénégal, ce n’est pas la gravité des actes qui décide de la musique, mais la place qu’on occupe dans la danse. Dias a été invité à quitter la scène au premier faux pas. Sonko, lui, semble avoir trouvé le secret pour danser jusqu’au sommet. Et le public ? Il regarde, mi-amusé, mi-interloqué, en attendant de voir qui sera le prochain à entrer dans ce grand bal institutionnel.

Ibrahima Thiam, Président du mouvement Un Autre Avenir
#Senegaalkese

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

14 - Septembre - 2024

Amadou Mame Diop prend acte de la dissolution de l’Assemblée nationale, ‘’une prérogative du chef de l’État’’

Le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, a déclaré, vendredi, avoir pris acte de la dissolution de cette institution, une mesure relevant...

14 - Septembre - 2024

PASTEF APPELLE LES SENEGALAIS A PARTICIPER MASSIVEMENT AUX PROCHAINES LEGISLATIVES

Le parti au pouvoir, PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité) a réagi hier, vendredi 13 septembre, à la...

14 - Septembre - 2024

La fronde prend forme: Woré Sarr, Tafsir Thioye et Cie refusent que le PDS soit «un parti yobaléma»

Le Pds est habitué aux frondes. Et en voilà une autre. Un communiqué indique que des militants et militantes se sont réunis au domicile de Woré Sarr,...

14 - Septembre - 2024

LEGISLATIVES ANTICIPEES: L’APR ANNONCE LA MISE EN PLACE D’UNE GRANDE COALITION

La réaction de l’APR ne s’est pas fait attendre après la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République, jeudi 12...

14 - Septembre - 2024

MANŒUVRE OU FUITE : DIOMAYE FAYE DISSOUT L’ASSEMBLEE A LA DERNIÈRE MINUTE (PAR IBRAHIMA THIAM)

Le 12 septembre, Diomaye Faye a fait ce que personne n'attendait : dissoudre l’Assemblée nationale, un jour avant que le Premier ministre ne monte au front pour présenter sa...