BENNO-BOKK-YAKAR, UNE « MONARCHIE » EN PHASE DE DECLIN (PAR MOMAR SOKHNA DIOP)

26 - Janvier - 2022

Dans mon ouvrage « Sénégal, diagnostic d’un pays candidat à l’émergence » paru, en 2019, aux éditions l’Harmattan, j’alertais l’actuel régime sur le fait qu’il avait atteint sa maturité et qu’inévitablement, il entrait dans sa phase de déclin.
Il fallait en prendre conscience et surtout prendre les mesures nécessaires afin que la chute ne soit pas vertigineuse. Bien évidemment, je n’ai pas été pris au sérieux et entendu et ce qui devait arriver semble se mettre en place.
En effet, nous constatons des séries de chutes qui semblent engager le pronostic vital de Benno Bokk Yakar.
La première et la plus significative chute s’était produite le 3 mars 2021 suite à l’arrestation d’Ousmane Sonko, arrestation considérée comme une tentative de liquidation politique de la part du président en exercice Macky Sall. Cette arrestation avait entraîné de graves heurts, des saccages des symboles de la République et de la France, des pillages et 13 morts du côté des manifestants.
Malgré cette grave et significative alerte, le régime BBY semble ne pas entendre le message. Il continue d’entretenir une gestion ni sobre ni vertueuse des deniers publics. La distribution de milliards pour acheter de la clientèle locale étaye très bien nos propos.
Les résultats des élections locales du 23 Janvier confortent également notre analyse. La vague de destitution qu’elle a mise en place a balayé des symboles forts du régime dont Abdoulaye Diouf Sarr, Ministre de la Santé et de l'Action Sociale du Sénégal, candidat certes généreux mais affecté lui-même par le « le corona-gouvernance » virus de la mal gouvernance incarné par Benno Bokk Yakar et inoculé au Sénégal par Abdoulaye et son armée. Barthélémy Diaz, une jeune figure de l’espoir, membre acteur de « Yéwi Askan wi » l’a autoritairement empêché de disposer du « Pass » nécessaire pour accéder à la mairie de Dakar.
Que dire d’Idrissa Seck l’ex-roi de Thiès ?
Il n’est pas encore soigné de sa maladie causée par sa transhumance. Il est en isolement forcé dans son conseil économique, le seul lieu de refuge qui lui reste.
La dynastie SALL, quant à elle, tente de digérer la sanglante défaite d’Alioune symbole du régime patrimonial et ses contrats scélérats pétroliers et gaziers. Cet homme proclamé puissant s’est fait détrôner par un certain Ahmed Aidara journaliste modeste, autodidacte de très haut niveau qui, grâce à ses talents, mais surtout à son courage et son patriotisme s’est rendu utile et obtenir la confiance totale des habitants de sa collectivité. Comme Serigne Mboup, ils sont devenus les symboles de cette nouvelle « race » de politiciens dont le Sénégal a besoin et doit faire émerger.
Enfin un mot sur le Roi Moustapha Niass. Au Sénégal, nous avons beaucoup de respect aux personnes âgées. Et c’est une très bonne chose. C’est pourquoi nous lui conseillons tout simplement, de profiter de son assemblée patrimoniale et non nationale. La vague semble prendre le chemin de son institution.
Il apparait que la fleur de l’alternance biaisée de 2012 semble se faner. Le mérite revient aux forces de l’opposition mais surtout aux Sénégalais qui semblent en avoir assez des promesses non tenues et de ces professionnels de la politique qui n’ont qu’un seul objectif : accéder aux pouvoir et organiser le pillage des ressources du pays. Les Sénégalais semblent vouloir en découdre avec ses prédateurs politiques.
Toutefois, l’opposition ne doit pas s’enflammer. Elle doit prendre conscience de la nécessité de mettre en place un plan d’action mobilisateur autour de leaders qui soient l’écho des frustrations et des exaspérations des masses. Une coalition n’est pas une addition de personnalités. Cheikh-Anta Diop le rappelait très souvent. Il s’agit de bâtir un programme sérieux, humble et réalisable, de choisir les équipes qui sont les mieux placées et surtout les mieux préparées pour le porter. C’est la condition nécessaire pour préparer et gagner les prochaines légalises et les présidentielles de 2024.
Cette troisième alternance est possible. Elle semble se dessiner mais, comme le constate le professeur Moustapha Kassé l’opposition aura ensuite « de longues périodes de lutte et de travail pour vaincre les structures génératrices de pauvreté, des inégalités sociales… afin d’installer au Sénégal les bases d’une société capable de résoudre, de manière durable, l’ensemble des problèmes impliqués dans le sous-développement. »
Les Sénégalais semblent trouver le vaccin de l’alternance. Ils doivent maintenant, se mettre à fabriquer le médicament pour soigner le patient Sénégal profondément infecté par le virus de la mal gouvernance.

Momar-Sokhna Diop ; professeur d’économie-gestion ; écrivain à Paris

 

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