BOUCOUNTA DIALLO: «MACKY SALL N’A PAS DROIT À UN TROISIÈME MANDAT»

13 - Juillet - 2020

En retrait de l’espace public depuis bien des années, me Boucounta Diallo reprend la parole. Devant le Grand jury de Rfm, sous le rouleau compresseur du truculent Babacar Fall, il enchaîne des vérités. Politique, économie, société, le fils putatif de Senghor est sans fards. «Macky Sall n’a pas droit à un 3e mandat», dit-il sans sourciller, jetant un pavé dans la mare des théoriciens du troisième mandat pour l’actuel chef de l’Etat.

Pour Me Boucounta Diallo, ni juridiquement, ni sur le plan éthique, un troisième mandat ne peut se justifier pour le président de la République du Sénégal à qui l’on prête à tort ou à raison une volonté d’en briguer un. «Par éthique, par bon sens et juridiquement, Macky Sall n’a pas le droit à un 3e mandat», estime-t-il.

Acteur majeur de la chute du président Abdoulaye Wade en 2012, Me Diallo pense que si le chef de l’Etat est dans l’obligation de se taire pour ne pas animer et susciter des vocations immédiates, tel n’est pas le cas pour les intellectuels de ce pays. « Les cadres de ce pays doivent s’exprimer sans ambages. Et ce que je n’ai pas permis à mon ami Alpha Condé dont je suis l’avocat de surcroît, je ne le permettrai pas à qui que ce soit. Ce que je n’ai même pas permis au président Senghor, et lorsque je me suis battu avec le M23 pour empêcher l’autre mandat de trop du pouvoir libéral, ce n’est pas pour rien», conclut-il non sans indiquer que le débat juridique sur le 3e mandat n’a même pas sa raison d’être. Quid du débat foncier autour du bras fer opposant le PDG de la SEDIMA aux paysans de Ndengler-Djilakh ?

L’avocat Boucounta Diallo soutient que la régularité et la légitimité n’entraînent pas la licéité. «La délibération sur les 225 ha accordées à Babacar Ngom est frappée d’illégalité et la commune a outrepassé ses compétences. On ne doit pas devenir milliardaire sur un simple décret du président de la République», se désole l’ancien président de l’Organisation Nationale des Droits de l’Homme du Sénégal (Ondh). Selon la robe noire, il est impératif de tout faire pour faire revenir ce titre foncier dans le domaine de l’État. Si, fait-il savoir, ce régime ne le fait pas, les autres régimes qui vont venir le feront car il faut exproprier ces terres.

Connu pour avoir défendu les dossiers de plusieurs hommes politiques de renom du Sénégal et du continent dont l’ancien premier ministre Idrissa Seck ou encore le président Alpha Condé, la robe noire met en garde l’Etat : Le tripatouillage du foncier a été à l’origine du conflit armé en Casamance et au Nord du Sénégal. C’est le comportement des hommes qui pose problème. Car comment comprendre qu’un décret présidentiel vous octroie un bail et vous voulez en faire un titre de propreté ? Cela est extrêmement grave», dit-il. «Babacar Ngom nous dit que c’est un investissement de 2 milliards. Il oublie qu’avec 225 ha, un habitant de Djilakh qui le présente à une banque obtient un financement », dit-il.

A l’en croire, ce qui est grave dans cette affaire, c’est que les terres de Djilakh peuvent être vendues à 10 000 F CFA le mètre carré. L’État ne peut pas enrichir, d’après lui, une société commerciale sur le dos des populations. D’autant que de l’avis de ce ténor du barreau, l’UEMOA interdit tout enrichissement ou toute aide à une société privée. «Si on n’y prend garde, les étrangers seront propriétaires de toutes les terres du Sénégal. On ne peut pas permettre à une société commerciale d’obtenir des terres si importantes sur le dos des Sénégalais. On rend milliardaire un privé en profitant de la naïveté de représentants de l’État», s’indigne l’avocat qui ajoute avec fermeté que c’est une gourmandise qui ne passera pas.
L'As:

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

25 - Novembre - 2024

Le Président Ousmane Sonko aux nouveaux députés : « Nous sommes les défenseurs d’une cause noble et intemporelle »

Le président Ousmane Sonko, en présidant la clôture de l’atelier dédié aux nouveaux députés de Pastef à Saly, a adressé un...

25 - Novembre - 2024

Installation de la nouvelle Assemblée : le président Diomaye Faye pourrait fixer la date dès ce 28 novembre

La date d’installation des députés de la 15ᵉ Législature pourrait être connue avant la fin de cette semaine. En vertu de l’article 63 de la Constitution, le...

24 - Novembre - 2024

APR : ALIOU NDAO FALL ANNONCE SA DEMISSION DU POSTE DE SECRETAIRE NATIONAL CHARGE DE LA DIASPORA

Il va falloir trouver un successeur à Aliou Ndao Fall à la tête du Secrétariat en charge de la diaspora du parti républicain. Dans un courrier adressé...

24 - Novembre - 2024

POUR DES NOMINATIONS POST-ELECTORALES EFFICIENTES ! (PAR MOMAR-SOKHNA DIOP)

Par cet article, j’aborde une question cruciale pour la gouvernance au Sénégal : la gestion des nominations aux postes de responsabilité par l'État. Les...

23 - Novembre - 2024

Revue de presse: Les questions politiques dominent la livraison des quotidiens

Les journaux parvenus, samedi, à l’Agence de presse sénégalaise continuent de commenter les résultats des dernières élections législatives en...