BRECHE CRIMINELLE ET INCONSCIENCE D’ETAT

23 - Septembre - 2020

Les journaux de ce 23 septembre 2020 annoncent en grande pompe la signature du contrat qui permettra de démarrer les travaux de dragage et de balisage de la brèche de Saint Louis crée en 2003 sur la langue de Barbarie. De 4 mètre au départ cette brèche volontaire qui devait juste servir à éviter les inondations est passée à plus de 10kms du fait de la mer qui poursuit inlassablement son mouvement naturel. Et pourtant des voix s’étaient fait entendre venant de scientifiques de l’université de Saint Louis qui avaient fortement déconseillé ce qui semblait rompre la logique naturelle du cycle et du circuit de l’eau.
Les facteurs combinés érosion côtière et réchauffement global posent depuis longtemps des problèmes aux populations riveraines sans que jamais quelqu’un ne se rende compte que la seule survie possible dépend d’une forte résilience et d’une atténuation continue de ces désastres qui vont de plus en plus opérer dorénavant, grâce au relèvement subséquent du niveau de la mer. Les processus naturels cohabitent depuis la nuit des temps avec la volonté des hommes de changer le cours des choses pour imposer une artificialisation anthropique qui ne peut se faire sans modification du cycle naturel de l'eau des fleuves et des mers. Les décideurs politiques et leurs sbires finiront par mettre tout le monde devant des faits accomplis très dommageables pour l’environnement à court, moyen ou long terme. Il appartient aux experts, aux écologistes de tout bord, de prendre leur responsabilités, de crier plus fort et de mieux s’organiser pour ne pas avoir à faire des arbitrages sur des actions de nature dilatoire pour colmater des dégâts politiciens qui coutent des vies et beaucoup d’argent. Sept (7) milliards c'est le montant annoncé pour faire suite aux propos de l'ancien ministre de la pêche Monsieur Oumar Gueye en 2018, réactualisé par le nouveau ministre en place Alioune NDOYE. Ils s'ajoutent à 15 millions d'euros de la France promis par Macron compte non tenues des apports de la banque mondiale et des bailleurs de tout ordre estimés à 24 millions d’euros pour sauver les populations de Saint Louis.
J’en suis à me demander ce que sont devenus ces sous qui devraient permettre de dire la vérité aux riverains et pêcheurs de cette zone côtière, à qui on devrait dire la seule chose qui vaille : Partir de là pendant qu’il est encore temps!!!
Il n’ya rien à y faire et tous ces sous qu’on s’apprête à dépenser, toute la litanie et les alkhmdoulilah du Maire Mansour FAYE pour faire croire à une solution définitive, tout cela ne constitue qu’un cataplasme d'argile sur une jambe de bois et n'empêchera pas la submersion inévitable de la ville tri centenaire. Saint Louis sera engloutie tôt ou tard et le fleuve Sénégal est désormais à jamais otage des fluctuations de la mer au niveau de la langue de Barbarie vouée elle même à disparaître. Il faut croire que la disparition du village de Doune Baba DIEYE ne parle pas aux décideurs, alors que ce n’est là qu’une petite manifestation de ce arrivera inéluctablement.
Sonko dans un de ses nombreux excès qui ne laissent jamais de doute sur ses carences en géographie avaient parlé du risque marin imminents pour les populations de Dara Djoloff. On s'en était saisi pour rire aux éclats et nous délecter de ses insuffisances mais sans le savoir, il avait aussi théorisé le risque de la remontée des eaux et de la submersion, dans un horizon pas trop lointain, de la majeure partie du Nord du Sénégal par l'océan Atlantique.
La nature est bien faite et elle ne change jamais ses règles. L'intelligence voudrait que les hommes s'adaptent en trouvant de moyens de vivre avec un continuum de résilience sans jamais chercher à dénaturer les océans.
Les hollandais qui ont fait le pari de vivre en dessous du niveau de la mer savent que le Pays bas doit éternellement vivre avec le spectre d’une inondation apocalyptique. Et malgré tous les efforts qu’ils déploient sans cesse en recherche et développement pour retarder les échéances, aucun politicien ou expert hollandais n’oserait s’aventurer à opérer des actes comme cette brèche sans avoir profondément compris les conséquences d’un tel acte. Wade et surtout feu Ousmane Masseck Ndiaye nous ont conduit à cette grande déconvenue depuis 2003 avec ces 4 mètres d’ouverture juste pour éviter des inondations. Ce petit geste qui cache en fait une énorme bévue a ouvert et accéléré à jamais le processus de submersion de Saint Louis. Les pêcheurs de Guet Ndar, illustres riverains du fleuve et de la.mer doivent se rendre à l'évidence et comprendre qu'aucun régime politique n'a les moyens d'un dragage récurrent que pas même 7 milliards ne permettront de rendre définitivement opérationnel.
Le drame sénégalais c'est bien qu'il y a très peu d’instruits dans cette population de pêcheurs pour réfléchir aux problématiques d'aménagement et trois quart du temps les personnes commises à des commissions compétentes dans cette ville mythique sous acte 3 ne comprennent rien aux principes de planification stratégique et d'aménagement côtier. Les seules maitrises métrologiques des populations sont en fait des certitudes empiriques que les nombreuses études sur ce territoire n’ont pas réussi à changer, dans la tête de ces acteurs livrés à eux même et aux océans. Seul leur importe la quantité de poissons ramenés de leurs campagnes de pêche et surtout la récurrence des accidents qu'ils attribuent à force de constat aux dunes de sables dans la brèche. Et quand les pêcheurs se plaignent c’est pour réclamer un dragage régulier et excessivement coûteux (bien plus chers en 3 mois que le produit de leur pêche annuelle) de cette ouverture pour leur permettre de continuer leurs activités sans risquer quotidiennement leur vie. Ils ne se rendent pas compte que c’est peine perdue et l’état joue à leur faire croire que les solutions de colmatage sont définitives.
7milliards en pure perte, voila ce qui va encore se passer !!! On enrichit encore des chinois pour le dragage et le balisage, et on retarde l'échéance mais rien ni personne ne rattrapera la grosse bévue de ces 4 mètres de brèche qui ont définitivement ouvert la voie au processus accéléré de la submersion de Saint Louis. Nous n’avons pas pour habitude de tirer sur les morts dans ce pays mais sous ce rapport Wade et feu Ousmane Masseck Ndiaye n'ont pas rendu service à Ndar et la décision urgente d'ouvrir cette brèche en 2003 a mis en danger la vie de beaucoup d'hommes et a conduit à la mort de plusieurs pêcheurs. Le pont de la Géole rebaptisé Pont Masseck NDIAYE finira englouti lui aussi.
Que personne n'imagine que cela se joue sur du temps long comme c’est souvent le cas dans les nombreux enjeux du développement durable. Il s'agit dans cette phase d'accélération des affres du réchauffement climatique de faits imminents, non prescriptibles. Le chanteur avisé Abdou Guité SECK avait dit. "Boul beulbeuli ba beulba damay bagn nga soukh" et il a eu raison de la chanter ; si nos décideurs avaient écouté, on aurait évité à ce jour plus de 415 morts dans cette nouvelle embouchure. Trop de morts pour comprendre qu’on n'arrête pas la mer avec ses bras.

Pape SARR
Duc de Diapal

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