Brésil: la justice autorise la libération de l’ancien président Lula
Luiz Inacio Lula da Silva, 74 ans, figure historique de la gauche brésilienne, va recouvrer la liberté plus d'un an et demi après son incarcération à Curitiba pour corruption. Dans son ordre de libération, le juge a expliqué qu'il n'y avait plus "aucun fondement pour l'exécution de la peine" en raison de la décision de la Cour suprême de mettre fin à une jurisprudence permettant l'emprisonnement dès une première condamnation en appel, même si tous les recours ne sont pas épuisés.
La décision des hauts magistrats porte un coup à l’opération du Lava Jato, lancée en 2014 par l’ex-juge Sergio Moro, aujourd’hui ministre de la Justice du président Jair Bolsonaro. Elle «va à l’encontre du sentiment de rejet de l’impunité et du combat contre la corruption, priorités du pays», a critiqué l’équipe de procureurs spéciaux anticorruption. Cette opération a toutefois été entachée par les révélations du site The Intercept qui ont montré que Sergio Moro et les procureurs avaient agi en connivence et à charge contre l’ancien président alors candidat à un troisième mandat. Lula s’est toujours dit victime d’une «persécution politique».
L’ancien syndicaliste se veut plus combatif que jamais. «Lula m’a dit: je vais sortir d’ici plus à gauche que je n’y suis entré», a confié l’un de ses interlocuteurs. Toujours populaire malgré le discrédit de son Parti des travailleurs, l’ex-président a l’intention de parcourir le pays pour renforcer l’opposition au président Bolsonaro. Mais son premier geste sera de remercier les militants qui se relaient jour et nuit depuis dix-neuf mois devant sa prison puis de tenir un grand meeting sans doute dans son fief de Sao Bernardo do Campo, dans la banlieue de Sao Paulo. «Honte à la Cour suprême», ont dit des bolsonaristes en colère sur les réseaux sociaux, certains en appelant même à l’armée pour «fermer» le haut tribunal et le Congrès.