BUDGET 2025 : L’ILLUSION D’UNE PROSPERITE INTROUVABLE (PAR ABDOUL MBAYE )

18 - Décembre - 2024

Le projet de Loi de Finances Initiale (LFI) 2025 du Sénégal donne l’image d’un pays en plein essor, mais derrière cette façade brillante se cache une réalité bien différente. Les chiffres présentés semblent faits pour séduire, mais ils ne résistent pas à une analyse lucide. En continuant sur la lancée de l’ancien régime, ce budget repose sur des prévisions irréalistes, une gestion budgétaire déconnectée et une fuite en avant dangereuse pour l’économie du pays.

Sous Macky Sall, le budget 2023 s’appuyait déjà sur une imposture : une prévision de croissance nominale de 10,1 % entre 2022 et 2023. La révision en catastrophe de ce taux à 4,1 % du PIB réel n’a pas empêché de maintenir un PIB nominal largement gonflé, faussant ainsi les calculs de déficit et d’endettement. Aujourd’hui, le nouveau régime s’inscrit dans cette continuité trompeuse. En projetant une croissance de 20,35 % entre 2022 et 2024, il perpétue une vision économique déconnectée de la réalité. Une campagne arachidière morose et une économie en repli rendent ces chiffres absurdes, voire insultants pour les Sénégalais qui peinent à joindre les deux bouts.

Et pourtant, les illusions continuent. Les recettes internes prévues pour 2025 atteignent 4 348,1 milliards FCFA, mais elles suffiraient à peine à couvrir le service de la dette, qui s’élève à 3 855,52 milliards FCFA, soit 88,7 % des recettes. Malgré ce constat alarmant, aucune mesure sérieuse de réduction des dépenses publiques n’est envisagée. Pire, certaines lignes budgétaires augmentent. La Présidence s’offre 3,45 milliards FCFA supplémentaires, la Primature 1,2 milliard FCFA, et le Ministère des Affaires étrangères se distingue avec une hausse de 18,84 milliards FCFA, répartis entre investissements et acquisitions de biens et services. Où est l’effort de rigueur promis ?

Pour couronner le tout, le gouvernement mise sur les « Diaspora Bonds » pour combler ses lacunes. L’idée semble brillante : mobiliser le patriotisme des Sénégalais de l’extérieur pour financer les déficits et les projets. Mais cette approche relève plus du vœu pieux que d’un plan solide. La diaspora, déjà accablée par les besoins familiaux qu’elle soutient, pourrait se montrer réticente à investir dans des obligations en monnaie locale, surtout face à l’instabilité économique.

Ce budget, prétendument ambitieux, n’est rien d’autre qu’une fuite en avant. En refusant de faire face aux réalités économiques et en évitant les réformes indispensables, le Sénégal s’enferme dans une spirale dangereuse. Ce qu’il faut, c’est un budget de vérité. Cela commence par des prévisions sincères, une réduction drastique du train de vie de l’État, et une réorientation des ressources vers les véritables priorités : les secteurs sociaux, l’agriculture en crise, et les besoins des populations les plus vulnérables.

Le Sénégal ne peut plus se payer le luxe des illusions. L’heure est à l’effort, à la rigueur et à la justice. Ce n’est qu’à ce prix qu’il regagnera la confiance de ses citoyens, de ses bailleurs, et de sa diaspora.

Abdoul Mbaye
Président ACT
SENEGAAL KESE

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

08 - Janvier - 2024

Cour suprême : les avocats de Sonko répondent à l’Agent judiciaire de l’État

Les avocats de Ousmane Sonko ont déposé, vendredi dernier, leur mémoire de défense en réponse à la saisine de la Cour suprême par l’Agent...

08 - Janvier - 2024

De l’exigence d’un nouvel examen du système de parrainage par le Conseil constitutionnel en vue de renforcer l’intégrité….( Par Boun A. Dionne)

Passé au second tour au parrainage suite au contrôle des dossiers de candidature pour la présidentielle de 2024, l’ancien Premier ministre Mahamed Boun Abdallah Dionne...

08 - Janvier - 2024

Conseil constitutionnel : Les dossiers de régularisation de parrainages examinés à partir de demain mardi

Le Conseil constitutionnel reprend, ce mardi 9 janvier, les opérations de contrôle des candidatures. Cette fois-ci seront les dossiers de régularisation de parrainages qui...

08 - Janvier - 2024

FRANCE : ELISABETH BORNE A REMIS SA DEMISSION, LA FRANCE INSOUMISE MENACE LE PROCHAIN GOUVERNEMENT D'UNE MOTION DE CENSURE

Elisabeth Borne n'est plus Première ministre. Elle a remis la démission du gouvernement, qui a été acceptée par le président de la République...

08 - Janvier - 2024

CONTROLE DES PARRAINAGES : LA RV-REEWUM NGOR EMET « DE SERIEUX DOUTES SUR UNE PROBABLE MANIPULATION DU FICHIER »

Dès la sortie du mandataire national de la République des Valeurs/Réewum Ngor du Conseil Constitutionnel, le parti a pris le temps d’analyser finement les...