CASAMANCE: TIMIDE DÉMARRAGE DE LA CAMPAGNE DES NOIX D'ACAJOU

18 - Mai - 2020

Après plusieurs semaines d'incertitude, on assiste enfin à un début de campagne timide de commercialisation des noix d'acajou en Casamance. Depuis quelques jours, on voit, de temps en temps, des véhicules, chargés de noix débarquer à Ziguinchor. Et les magasins détenus par les professionnels de la filière sont en train d'ouvrir de façon progressive leurs portes. Devant certains de ces magasins, on a même commencé à sécher les premières noix achetées, preuve que la campagne a démarré. Mais, ce n'est pas encore le grand rush, on est encore loin de l'effervescence habituelle. Une situation qui s'explique par la très faible quantité de noix, réceptionnées du fait de l'absence des opérateurs indiens et chinois qui en sont les plus exportateurs. Cela fait renaître un peu l'espoir chez les producteurs qui avaient commencé à se lamenter quant à l'issue de cette campagne. Ces derniers craignaient l'éventualité d'une non campagne cette année à cause de la pandémie du coronavirus qui a bloqué toutes les activités économiques à travers le monde. Mais ce début de campagne n'apaise pas pour autant leur esprit dans la mesure où les prix du kilogramme de la noix ont considérablement chuté par rapport aux années précédentes. Actuellement, et en ce début de campagne, le kilogramme est cédé à 250f bord champ contre 350 l'an dernier. Ce qui crée un manque à gagner énorme pour les producteurs. Beaucoup d'entre eux sont aujourd'hui partagés entre l'idée de vendre toute suite leurs récoltes ou d'attendre une éventuelle hausse des prix. C'est le cas de Landing Diédhiou, un producteur habitant dans un petit village à l'ouest de Ziguinchor qui dit être désemparé par rapport au prix très bas qui est actuellement appliqué sur le marché. Avec ce prix, toutes ses prévisions seront faussées, autrement il n'aura pas les ressources nécessaires pour assurer la survie de sa famille d'ici les prochaines récoltes de riz.
''La campagne a enfin commencé, on y croyait même pas à cause de ce coronavirus. Mais on commence à vendre petit à petit nos noix, mais c'est le prix qui pose problème. Les quelques acheteurs qui se présentent à nous, proposent 250f le kg. Cela ne nous arrange pas du tout'', confie t-il, soulignant qu'en vendant à ce prix ses récoltes, ses ressources risquent de s'épuiser dés le mois d'août, alors que les premières récoltes de riz sont prévues au début du mois de novembre. Cela créera un déficit vivrier pour sa famille, annonce t-il.
''Si je vends mes noix à 250f le kg, je vais subir une perte de près de 200 000f par rapport à mes ventes de l'année dernière. Cela créera un déficit vivrier pour ma famille, à partir du mois d'août je n'aurai pas de quoi faire face aux besoins quotidiens de ma famille, alors que les premières récoltes de riz n'interviendront pas avant fin octobre. C'est pour cela que je dis que ce prix ne m'arrange pas. Je voulais attendre quelques jours pour voir si les prix vont grimper un peu, mais là aussi il y a un risque parce qu'on ne sait pas si la campagne va se poursuivre à cause du coronavirus. Si tel n'est pas le cas, les pertes seront encore plus importantes puisqu'il va s'en dire que les prix baisseront davantage ou il n'y aura même pas vente'', indique t-il.
Aka Mpamy, un autre producteur a, lui aussi, la même préoccupation. Il dit qu'en vendant ses noix au tarif actuel, il ne va pas s'en sortir car il aura un déficit de ressources pour couvrir les besoins de sa famille durant la dure période hivernale. Raison pour laquelle, il dit hésiter de vendre tout de suite sa récolte qui avoisine les trois tonnes. Autrement, il craint que les prix montent après si éventuellement les opérateurs asiatiques débarquent. Ce qui sera un grand regret pour lui, affirme t-il.
''Actuellement, je suis à la fois confus et découragé car vendre mes noix à 250f me causera d'énormes pertes. Je vais perdre au moins 100f par kg car l'année passée le plus bas prix était de 350f le kg à bord champ en début et fin de campagne. On avait vendu les récoltes de deuxième génération qui arrivent à maturité au mois de mai à 550f le kg. Je me demande s'il faut vendre avec le prix actuel ou s'il faut attendre en espérant que les prix monteront si éventuellement les opérateurs indiens viennent'', avance t-il.
Du côté des intermédiaires qui sont les principaux acheteurs, pour l'instant, l'on indique que l'augmentation éventuelle des prix n'est pas possible à l'état actuel parce que leurs partenaires indiens ou chinois pour qui ils travaillent ne sont pas prêts à dépasser les 350f pour le kg rendu à Ziguinchor.
''Nous ne pouvons pas prendre le kg à plus de 250f en brousse parce que nos partenaires indiens ou chinois pour qui nous travaillons nous ont dit de ne dépasser la barre des 350f à Ziguinchor. Par conséquent, nous ne pouvons pas aller au-delà. Vous savez que les noix d'acajou sont quôtées en bourse'', fait Abdourahmane Diallo, un intermédiaire qui soutient qu'en Guinée-Bissau voisine, c'est également le même prix. Selon lui, cette année également les prix ne vont pas beaucoup monter car, non seulement il y a cette pandémie du coronavirus qui a déréglé toutes les activités dans le monde, mais il y a également le fait que de plus en plus de pays produisent le cajou en Afrique et ailleurs.

Mamadou Alpha Diallo (infos15.com)

Commentaires
1 commentaires
Auteur : Posté le : 13/10/2021 à 15h49
(1/5)

Bonjour, je cherche pour un client 1000 tonnes de noix de cajou et contactè moi si vous en avez .
Merci

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