CES MOUVEMENTS ET « MANŒUVRES » DE NATURE A COMPROMETTRE LA SURVIE DE CET OLIGOPOLE POLITIQUE (OSWALD SARR)

22 - Février - 2024

Les atermoiements du régime actuel face à une fin de règne certaine nous fait penser à ces mots de Spinoza dans son traité théologico-politique. « Comme ils sont souvent placés dans un si fâcheux état qu’ils ne peuvent prendre aucune résolution raisonnable, comme ils flottent presque toujours misérablement entre l’espérance et la crainte, pour des biens incertains qu’ils ne savent pas désirer avec mesure, leur esprit s’ouvre alors à la plus extrême crédulité ; il chancelle dans l’incertitude ; la moindre impulsion le jette en mille sens divers, et les agitations de l’espérance et de la crainte ajoutent encore à son inconstance. » Après la pétaudière qu’a constitué ce coup d’état institutionnel du report de l’élection, le Conseil Constitutionnel, quoi qu’on puisse dire, s’est érigé en sentinelle de la République pour sauver le coup foireux d’un Président qui, au fil des intérêts politiciens a fini de casser le ciment national, à confondre Etat et intérêt partisan. Le peuple sénégalais est prêt à écrire une nouvelle page de son histoire politique et ses aspirations imposent une pratique nouvelle vers un engagement plus sincère. Les mutations en cours dessinent un mouvement où « avoir le sens du peuple » doit être l’épine dorsale de tout engagement politique.
Déjà une nouvelle polarisation de l’échiquier politique
Ces élections devront une fois pour toute clarifier le jeu politique sénégalais pour avoir au grand maximum quatre grandes tendances politiques : un courant hybride qui devra réinventer son fondement et ses pratiques politiques (BBY) au risque de voir les partis classiques disparaitre, un courant souverainiste incarné par des quadras, voire des quinquas décomplexés et ayant le sens du peuple ; un courant dans la lignée du wadisme pour qui le culte de la personnalité est encore présent ; enfin un retour – possible – des grands ensembles s’ils fument le calumet de l’union. Les partis classiques connaissent une crise similaire au courant hybride puisqu’ils le composent. Ils ne peuvent renaître s’ils esquivent leur histoire, ne l'assument et ne se réinventent pour affronter avec rigueur leur crise du moment. De surcroît, l’attitude du PDS qui nous a déjà plongés dans ce moment crépusculaire de notre vie politique a signé son arrêt de disparition à coup sûr avec son contre-coup sur l’image dorénavant imprégnée des partis classiques (devenus Yobaaléma !). Pour ce faire, arrêter de ressasser le passé et regarder le présent pour constater qu'il n'est pas bon est le premier pas à franchir pour une refondation de leur courant de pensée. A défaut, cet oligopole politique risque d’essuyer un fort vent de dégagisme. En réalité il y a un tel éveil des consciences qu'aucun dirigeant ne puisse nous faire régresser de 30 ans car le vent du changement souffle et est sur le point d’ensevelir le dépotoir exécrable de légionnaires, chasseurs de primes qu’on peut qualifier de courtiers politiques pour qui la roublardise est leur seul moyen de réalisation personnelle.
Pour arrêter de se mentir, le ciment de la nation s’est fissuré depuis un moment : les fondements de République à terre, l’injustice à son paroxysme, les calculs politiciens devenus la bannière d’arrivistes n’ayant nullement le sens du peuple. Ceux chargés de veiller à cet ordre, inexistants à part le coup, heureusement salvateur du Conseil constitutionnel. Point besoin de rappeler les faits, il suffit d’observer le ballet politique préélectoral pour s’en persuader. Le pays a besoin de retrouver son unité!
La voie de l’unité pour réconcilier et apaiser les citoyens
Le peuple semble déjà avoir fait son choix : préférer une société apaisée contre un groupuscule qui n'a d'aspiration que ses propres jouissances et non les principes qui fondent notre nation : l’Unité. Pour toutes ces raisons, tourner la page et refonder le ciment national avec un patriotisme sincère et non de camouflage reste l’une des voies à emprunter pour humer un souffle nouveau en ce sens où les mutations sociologiques qui s’opèrent actuellement militent en faveur d’une réponse adéquate et ciblée pour affronter les enjeux majeurs de notre société. Le peuple a assez souffert de cette division (les injustices et les attaques envers les institutions) organisée sciemment pour l'immédiateté d'un gain personnel et non de ceux pour qui nous sommes censés servir : les populations. Les paradigmes de la politique au Sénégal ont radicalement changé et il faut les prendre en compte. Nous avons une population en phase terminale de maturation et de politisation en plus de son extrême jeunesse. Les statistiques internationales insistent sur le fait que d'ici 10 ans cette jeunesse aura dans sa majorité aura un niveau bac +3 en plus de l'influence de la diaspora et du développement du numérique. C'est dire qu'il devient impossible de les tromper. La nouvelle solidarité citoyenne agissante doit nous interpeler tous en ce que les politiques doivent faire siennes les aspirations populaires pour pas que le peuple ne leur tourne le dos.
Une pratique politique au sens noble du terme avec des personnalités fortes
Pour toutes ces raisons il est permis d’espérer en une reprise en main du destin d’un peuple par le peuple lui-même. Il suffit de voir le niveau d’exigence actuelle des populations sur les politiciens – khel yi takk naniou - les esprits se sont illuminés. Le peuple a envie de voir des engagements désintéressés. Et c’est pourquoi l’électorat sénégalais est désormais très intelligent et fin en lecture politique comme en témoignent les nouvelles solidarités citoyennes agissantes (l’esprit des cagnottes).
Il est révolu le temps où l’on gouverne par le commandement, le peuple aspire à un gouvernement de convention, souhaite y prendre part et contribuer aux changements des rapports. Parce que les changements ne se produisent jamais sans conflits, nous croyons que cette dynamique est révélatrice d’une volonté de voir au goût du jour des pratiques politiques nouvelles et congédier ce clientélisme kleptocrate, ces rentiers politiques. Cette étape réglée de rationalisation de la conduite de chaque citoyen, désormais dictée par un comportement éthique dans la vie sociale et politique, doit nous mener à la fin des mythes providentiels et l’avènement d’un leadership que, seul, le peuple détient. L'échiquier politique commence à voir éclore de nouvelles têtes qui tiennent le coryphée du débat public, des têtes bien faites et le sens pointu des responsabilités. Les temps brumeux de la politique Old-fashion se dissipent. Si les politiques ne tirent pas les enseignements de l’élan de cet engagement citoyen de la jeunesse c’est que le futur du Sénégal se fera sans eux et uniquement avec cette nouvelle génération, celle qui s’approprie cette idée de solidarité agissante, de sens du peuple c’est-à-dire comme Spinoza le dit dans son traité théologicopolitique de la manière dont peut s’établir une société et se maintenir l’inviolabilité du pacte commun, sans blesser aucunement le droit naturel. Pour nous il a un nom : la solidarité agissante ou le sens du peuple. Toutes ces agitations et ces tensions, somme toute non anodines sont de nature à compromettre la pérennisation de la vieille garde politique, qui se débat pour sa survie. Les autres (toog mouy dokh) si vous ne vous mettez pas au niveau sachez que vous n'existerez plus et tant mieux. Aux urnes, Citoyens !
Oswald SARR

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