COMMENT SORTIR LE PRESIDENT DU MALAISE INSTITUTIONNEL ? (MAMADOU SY ALBERT)

10 - Juillet - 2019

Les sources de pression politique sur le deuxième mandat présidentiel ne cessent de se multiplier au cours de ces cinq derniers mois post-investiture.
Toutes les grandes initiatives du Président de la République, Macky Sall, réélu en févier 2019, peinent à se réaliser.
L’impression la mieux partagée est que le Sénégal est bloqué.
Cinq mois après sa reconduction à la tête du Sénégal, le candidat-Président de la coalition «Benno Bokk Yaakaar» a pris plusieurs initiatives politiques. La suppression du Poste de Premier Ministre est probablement la mesure-phare du reste inattendue, de ce deuxième mandat.
La décision de mener enfin, le dialogue politique avec les acteurs de l’opposition et l’organisation d’un dialogue national en est, une autre initiative du chef de l’État. Elle est aussi importante politiquement que la suppression du poste de chef de gouvernement.
On peut naturellement intégrer parmi ses initiatives présidentielles, l’ouverture d’une information judiciaire au sujet de la controverse des contrats pétroliers entre le Sénégal et ses partenaires techniques et financiers.
Ces trois décisions allant dans le sens de la prise en main des destinées du Sénégal, devraient faire du deuxième mandat un exercice de concertation nationale et de recherche de consensus politiques majeurs, pour asseoir une gouvernance moins conflictuelle, moins partisane, que celle du premier mandat présidentiel.
Paradoxalement, ce qui se dessine progressivement, n’est point la stabilité institutionnelle et le renforcement de l’unité nationale et des acteurs politiques. Le ressenti est celui d’un pays bloqué. Ni le dialogue politique et national, ni la volonté de clarification des contrats pétroliers et la gestion de l’affaire Pétro-Tim, n’ont provoqué réellement, un climat de sérénité et de confiance entre le pouvoir et son opposition.
Les clivages sont plutôt plus prononcés. La tonalité des attaques entre des adverses à en découdre avec l’ennemi, en dit long sur l’état d’esprit de la majorité et de ses adversaires.
Pendant ce temps de déchirements entre deux camps et de manœuvres politiciennes de l’opinion publique, les appels à l’unité se multiplient. Certains appels inaudibles invitant à des retrouvailles de la famille libérale ou pour la création d’un gouvernement d’Union nationale tombent dans les oreilles d’un Président de la République sourd et muet.
La question du Parti démocratique sénégalais est au cœur de ces retrouvailles. Elle reste entière. Ce parti est à la limite sorti du jeu politique en boycottant le dialogue national.
Le Président de la République ne parle guère de ces questions délicates et gênantes pour sa gouvernance. Le malaise institutionnel grandit ainsi au fil de l’échec des initiatives du maître du jeu et des appels à l’unité nationale et de la famille libérale.
Le Président de la République est en réalité trop seul dans le contexte politique post-présidentiel de février 2019. Il ne dispose plus d’un chef de gouvernement dont la fonction aurait été de donner du sens, du tonus, de la visibilité aux initiatives du chef de l’exécutif et de mettre en œuvre les initiatives politiques présidentielles.
Le Président de la République souffre aussi de l’absence d’un parti unifié et d’une coalition suffisamment imprégnée des vraies intentions du Président de la République, des enjeux du deuxième mandat présidentiel et des capacités de conseiller utilement et de manière contradictoire son chef.
Le Président de la République tente difficilement d’ailleurs, de trouver une réponse à son isolement croissant par le changement des responsables de sa communication et de la parole présidentielle.
Cet ajustement communicationnel cache mal les difficultés politiques auxquelles le Président de la République demeure confrontées dans la mise en œuvre de ses initiatives et la conduite de la gouvernance.
La réponse véritable à ce malaise présidentiel réside dans un changement de cap éclairé par des consensus politiques forts.
Le dialogue national devrait être le chemin de ce passage obligatoire pour faire repartir le deuxième mandat présidentiel sur de nouvelles bases. Il faut impérativement retrouver la confiance entre les acteurs, des consensus à propos des grandes questions de la gouvernance politique et économique et le respect des engagements nationaux du chef de l’État.
Mamadou SY Albert

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

02 - Mars - 2023

Présidentielle 2024 : Jotna annonce son soutien à Macky et accuse l’opposition de vouloir créer des « conditions d’instabilité »

La Coalition Jotna quitte l’opposition pour rejoindre le camp du pouvoir. La Conférence nationale des leaders de la Coalition s’est réunie en assemblée...

01 - Mars - 2023

PRESIDENTIELLE 2024: LA SOCIETE CIVILE PREND LES DEVANTS

Le processus électoral devant conduire à une élection présidentielle 2024 «crédible, transparente, inclusive et apaisée » est encore au...

01 - Mars - 2023

NIGERIA : BOLA TINUBU REMPORTE LA PRESIDENTIELLE, L'OPPOSITION DENONCE DES FRAUDES "MASSIVES"

Bola Tinubu, le candidat du parti au pouvoir au Nigeria, a été déclaré vainqueur de l'élection présidentielle mercredi 1er mars. Selon la commission...

01 - Mars - 2023

MACKY À SÉDHIOU : LA RÉGION BÉNÉFICIE D’UN BUDGET D’INVESTISSEMENT DE 400 MILLIARDS FRANCS CFA

Le Président Macky Sall effectue une tournée économique dans la région de Sédhiou où il a présidé mardi 28 février un conseil...

01 - Mars - 2023

LETTRE OUVERTE À L’ATTENTION D’ARNAUD LE GALL DE LA FRANCE INSOUMISE (CCR/FRANCE)

« Très peu de gens savent réfléchir, mais tous veulent avoir des opinions. » Arthur Schopenhauer Lors du débat sur la Convention d’entraide...