CONDAMNATION DE SONKO : LES JEUNES EN COLERE CONTRE "L'INJUSTICE"

03 - Juin - 2023

Omar Diop, 20 ans, n'a pas participé aux manifestations qui ont fait neuf morts jeudi au Sénégal après la condamnation d'Ousmane Sonko. Mais il dit comprendre les jeunes protestataires "en colère contre la vie difficile et le sort injuste" fait à l'opposant.

"C'est dur ce qui s'est passé, les morts et les biens détruits, mais on pouvait l'éviter si (le président) Macky Sall ne nous l'avait pas imposé en condamnant Sonko", affirme-t-il, sur sa moto près du nouveau pont de Cambérène, dans la banlieue de Dakar.

Ils sont nombreux au Sénégal à croire M. Sonko, troisième de la présidentielle en 2019 et candidat à celle de 2024, quand il dit que les poursuites engagées contre lui pour viols contre une employée d'un salon de beauté où il se fait masser sont un complot du pouvoir pour l'éliminer.

Ils sont nombreux aussi dans la jeunesse et dans ces quartiers populaires de Dakar à placer en lui leur espoir de changement dans un contexte économique difficile.

Beaucoup se sont sentis confortés dans leur soupçon de coup monté contre leur champion par la condamnation de M. Sonko jeudi: pendant deux ans ils avaient entendu qu'il était suspect de viols et voilà que le tribunal requalifiait les faits et le condamnait à deux ans ferme pour avoir poussé une jeune femme à la débauche.

Omar Diop compatit avec un homme dans l'épreuve selon lui: "On l'accusait de viols puis on le condamne pour autre chose. C'est injuste".

"Les jeunes aussi souffrent au Sénégal. Je suis conducteur de moto parce que je n'ai pas autre chose à faire", dit-il. Il a arrêté l'école en CM2.

La condamnation de M. Sonko, si elle est maintenue, le rend inéligible. Une injustice pour beaucoup de jeunes qui ont décidé d'en découdre jeudi.

Le président Sall "veut torpiller leur espoir pour une vie meilleure au Sénégal", affirme Aliou Faye, 25 ans.

Il habite Rufisque, près de Dakar, où la chaussée porte les stigmates des violences: traces de feu, pierres, magasins fermés tout autour, près de la gare du nouveau train rapide desservant la capitale et sa banlieue.

La ligne, un des grands projets du plan du président pour mettre le Sénégal sur la voie du développement, est suspendue depuis jeudi.

- Promesse de malheur -
"Les jeunes se révoltent parce qu'ils veulent un changement. Les temps sont durs. Il n'y pas de travail, pas d'argent et la vie coûte chère. Mais je n'ai pas participé aux manifestations. J'attends les urnes pour choisir un candidat", dit un autre jeune, Demba Faye, 25 ans.

La moitié de la population du Sénégal est âgée de moins de 18 ans, un pays jeune de plus de 18 millions d'habitants, selon des statistiques officielles.

"Même trouver un stage à la fin de ses études est difficile", dit Aida Camara une jeune formée en marketing, en quête de travail.

"Il y a chaque année au Sénégal 300.000 nouveaux demandeurs d'emploi, des jeunes, mais le marché n'en absorbe que 26.000 et c'est surtout dans le privé", explique Tamba Danfakha, un accompagnateur de projets.

Le président Sall a lancé plusieurs projets pour l'insertion des jeunes. Des milliers d'entre eux ont trouvé du travail dans la fonction publique ou par l'entreprenariat privé financé par l'Etat, selon les autorités.

Le président Sall fait aussi miroiter la promesse de l'exploitation, annoncée à partir de fin 2023, des nouvelles ressources en pétrole et en gaz du Sénégal.

M. Sonko affirme que l'Etat a bradé les richesses du Sénégal aux compagnies étrangères en signant les contrats.

Le long de l'autoroute menant aux Parcelles assainies, une autre zone de banlieue, des jeunes allument des feux près des installations du futur Bus Rapid Transit (BRT), un bus en site propre censé aider à décongestionner la capitale, autre grand chantier de la présidence Sall. Des installations du BRT ont été saccagées ces derniers jours sans jamais avoir été mises en service.

Aux Parcelles, des jeunes désignent un porte-parole pour parler à la presse et acquiescent d'un murmure ou d'un hochement de tête quand il dit, sous le couvert de l'anonymat: "Le malheur va s'abattre sur ce pays le jour où Sonko sera mis en prison. Nous n'allons pas l'accepter".

AFP

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

11 - Novembre - 2024

ACT: MEISSA LO, COORDINATEUR DU PARTI EN FRANCE "GELE TEMPORAIREMENT SES ACTIVITES"

Ce n’est certainement qu’un au revoir, mais La décision est surprenante. En effet, Meissa LO, coordinateur de l’ACT en France, parti dirigé par Abdoul Mbaye, a...

09 - Novembre - 2024

LEGISLATIVES : AMADOU BA MISE SUR LES INFRASTRUCTURES MODERNES POUR DESENCLAVER DAGANA

La tête de liste de la collation Jamm ak Njerign, Amadou Ba, a fait part de son ambition de ”désenclaver le département de Dagana en misant sur de nouvelles...

09 - Novembre - 2024

LEGISLATIVES : A KAOLACK, ABDOULAYE SYLLA INVITE LE GOUVERNEMENT A FAIRE DE L’AGRICULTURE UNE PRIORITE

La tête de liste nationale de la coalition ‘’And Bessal Sénégal’’ (ABS), aux élections législatives, Abdoulaye Sylla, invite le...

09 - Novembre - 2024

LEGISLATIVES : A LOUGA, OUSMANE SONKO REND HOMMAGE A LA DIASPORA ET APPELLE LES JEUNES A BATIR LEUR AVENIR AU SENEGAL

La tête de liste nationale de Pastef (pouvoir), Ousmane Sonko, a rendu, vendredi, un vibrant hommage aux Sénégalais de la diaspora pour leur contribution cruciale au...

08 - Novembre - 2024

Sûreté urbaine : Ousmane Sonko porte plainte contre Madiambal Diagne

Ousmane Sonko, tête de liste du parti Pastef pour les législatives du 17 novembre prochain a porté plainte contre ce dernier Madiambal Diagne, patron du groupe Avenir...