Conséquences de la pandémie du Covid-19 : Les exportations de mangues chutent de 40%
Les exportations de mangues, qui étaient sur une courbe ascendante depuis plus de deux décennies, ont chuté de moitié cette année avec la crise du Covid-19. «Les exportations de mangues ont fait un bon important entre 1999 et 2018», a fait savoir Yasmina Hachem Sarr, membre de la Sénégalaise d’exportations de produits agricoles et de services (Sepas). Elle a évoqué à ce propos un passage de 288 tonnes à 21 mille tonnes entre ces deux années. Et avec le contexte de la pandémie en cours, la montée crescendo a été brisée. «Le Covid-19 est venu perturber cette dynamique enregistrée depuis 2014.
De 21 mille tonnes en 2018, l’exportation du Sénégal est tombée, en raison de la pandémie, à 11 mille tonnes, soit une baisse de 40%, ramenant ainsi 10 ans en arrière», a poursuivi Mme Sarr, qui s’est exprimée à l’occasion de la toute première Journée nationale de la mangue. L’événement s’est déroulé au centre de conditionnement des mangues Feltiplex de Noflaye (commune de Sangalkam). Cela dit, Mme Sarr a soulevé, au nom des producteurs et exportateurs, les nombreuses contraintes qui plombent leur secteur d’activité. Celles-ci ont pour noms : l’urbanisation galopante dans la zone des Niayes, le manque d’eau et d’infrastructures, la faible contribution de la zone Sud qui pourtant reste le plus grand bassin de production.
«L’essentiel de l’exportation du Sénégal vient des Niayes de plus en plus agressés par l’urbanisation, alors que le Sud du pays qui est le plus grand bassin de production, ne contribue que pour 4%», a-t-elle relevé, en appelant à la préservation des espaces dédiés dans les Niayes. «Nous sollicitons un plan d’accompagnement de la filière notamment les petits producteurs qui, dans les Niayes, sont en voie de disparition», a exhorté la dame s’activant dans le secteur depuis une trentaine d’années. Au sujet du manque d’eau, elle a regretté que seuls 2 forages sur les 8 du réseau de Berthiélane soient en marche, invitant ainsi le ministre de l’Agriculture à porter le plaidoyer à son homologue de l’Eau pour la résolution de ce problème qui handicape gravement l’horticulture dans la zone des Niayes.
Venu présider la journée, le ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural, Moussa Baldé, a manifesté le souhait d’insuffler une dynamique positive pour faire prospérer l’activité sur toute la chaîne de valeur. «C’est une journée désormais inscrite à l’agenda annuel du ministère et qui a pour objectif de regrouper tous les acteurs en vue d’échanger sur les contraintes auxquelles nous faisons face mais aussi les opportunités qu’offre l’environnement pour mieux booster la filière», a-t-il dit. «C’est une filière qui utilise plus de 25 mille personnes et avec 20 milliards francs de chiffre d’affaires annuel», a-t-il rajouté pour relever l’importance du secteur. «Nous allons porter votre plaidoyer, notamment sur l’eau, à notre collègue en charge de l’Hydraulique mais aussi au niveau du Conseil des ministres», a tenu à rassurer Pr Baldé à propos des contraintes relevées par Mme Sarr.
Il a aussi fait savoir que la production de mangues du pays est estimée à 150 mille tonnes tout en apportant une nuance sur le chiffre à l’exportation de 21 mille tonnes donné par Mme Sarr. «Des records d’exportation de 15 mille tonnes soit plus de 10% de la production nationale», a précisé le ministre qui invite à plus d’efforts pour aller au-delà. «La demande du marché international se chiffrant à 1.6 million de tonnes donc nous avons de la marge et nous devons la combler», a-t-il exhorté. La cérémonie a été l’occasion pour la coopération allemande et la Fondation origine Sénégal de signer une convention pour soutenir le développement des entreprises exportatrices de mangues.
Le Quotidien