COOPERATION DECENTRALISEE FRANCE/SENEGAL : CREAT’EO IDF LANCE LA REFLEXION
C’est un truisme de dire que la coopération décentralisée est un levier important pour le développement des pays du Sud. Alors comment la diaspora sénégalaise peut-elle jouer sa partition dans ce secteur, comment doit-elle s’organiser pour y agir efficacement, comment peut-elle trouver des partenaires susceptibles de financer des projets de développement? Toutes ces questions et plusieurs autres ont été au menu d’une rencontre tenue jeudi 26 octobre, à la mairie du 15ème arrondissement, à Paris.
Elle était organisée par Creat’Eo IDF, une association citoyenne dont l’objectif est de « favoriser et promouvoir l’emploi, [de) permettre l’accès à la formation des jeunes et des adultes par toutes les actions possibles... ».
« L’objectif de cette rencontre est de créer les conditions d’un échange sur l’apport des Sénégalais de France dans le développement de leur pays d’origine. Il s’agit aussi de voir comment la France peut aider le Sénégal dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’accès à l’eau…, a expliqué Moadji Diallo, président de Creat’Eo IDF. Nous sommes tous responsables du développement de notre pays. Par conséquent, nous devons toujours être dans l’action », a-t-il ajouté.
C’est justement pour que les Sénégalais de l’extérieur puissent jouer pleinement leur partition dans le développement de leurs terroirs respectifs, qu’un des conférenciers, Moadji Diankha, a proposé que les associations de la diaspora soient toujours associées dans les conventions entre collectivités territoriales françaises et celles du Sénégal.
« Il faut associer la diaspora lors de la signature des conventions. La diaspora a la particularité d’avoir l’esprit et le cœur dans deux endroits à la fois, c’est-à-dire le pays de résidence et le pays d’origine. Son point de vue doit être pris en compte. D’ailleurs les projets où on a associé la diaspora ont eu des succès retentissants. Et puis il ne faut pas négliger la puissance financière de la diaspora », a-t-il argumenté.
Quant à Mamadou Sy, président de l’Union des ressortissants d’Ourossogui en France, il est largement revenu sur la contribution de son association dans le développement de son terroir. Construction de salles de classe, dispensaires, bureau de poste, soutien aux familles...
« Chronologiquement parlant, il y avait une vague d’immigration qui est venue, rien que pour fixer les gens au pays. Cette immigration était la conséquence de la sécheresse qui frappait le Fouta. Les gens parvenaient à entretenir leurs familles respectives restées au pays. Ils se sacrifiaient pour leurs familles », a expliqué Mamadou Sy.
Qui a cependant ajouté qu’il ne sera pas facile de perpétuer cette solidarité, en dépit de la bonne volonté des immigrés.
« Cette première vague d’immigration avait un avantage, elle était concrète. Mais on n’a pas vu venir les choses. Car les jeunes ne veulent plus rester au pays même s’ils ont un emploi. Ils veulent faire comme nous. Nous nous sommes sacrifiés pour eux, mais ils ne veulent pas travailler la terre. J’ai vu beaucoup de personnes qui ont investi au pays pour fixer leurs frères. Mais ils ont échoué d’autant plus que les bénéficiaires avaient un seul objectif : venir en France. Cela est un facteur bloquant pour l’industrialisation de nos pays, mais aussi pour la création de richesses », a-t-il déploré.
Le consul général du Sénégal à Paris, Amadou Diallo, et une forte délégation de l’ambassade du Sénégal en France ont rehaussé de leur présence cette ce « rendez-vous du donner et du recevoir ».
Cheikh Sidou SYLLA