Coronavirus - Une opportunité pour l’Afrique ? (Par Mamadou Omar Ndiaye)

20 - Mars - 2020

S’il y a d’ores et déjà des aspects « positifs » qu’on peut mettre au crédit du coronavirus, c’est au moins d’avoir confiné nos dirigeants, grands voyageurs devant l’Eternel, chez eux ! A minima, ils vont devoir — et ont déjà commencé à le faire — immobiliser leurs avions de commandement qui prenaient les airs à la moindre occasion. Tous ces sommets et autres conférences internationales à l’utilité douteuse mais qu’adoraient nos chefs d’Etat se donnant l’illusion d’avoir une quelconque influence sur la marche des affaires du monde, sont annulés sans que, franchement, nos peuples en aient ressenti une quelconque conséquence fâcheuse. ou en aient pleuré ! Bien au contraire…

Pour une fois, tous ces gens resteront dans leurs pays et s’occuperont enfin de la résolution des problèmes de leurs mandants, c’est-à-dire les citoyens qu’ils sont censés servir. L’autre conséquence, c’est que le Covid-19 aura eu aussi le mérite de réconcilier nos compatriotes avec l’hygiène, ce qui n’est pas peu, croyez-nous ! Enfin, en provoquant une baisse des prix du pétrole du fait de la chute de la demande mondiale, portée notamment par la Chine, la pandémie permet à des pays grands importateurs d’hydrocarbures comme le Sénégal d’économiser de très précieuses devises. Le pétrole coûtant moins cher à l’import, normalement les prix de l’essence à la pompe et aussi du fuel pour les centrales de la Senelec devraient baisser. in fine, cela devrait se répercuter dans les factures d’électricité. Assistera-t-on à l’annulation des mesures de hausse entrées en vigueur au début de cette année ? Il n’est pas interdit de rêver…

Cela dit, à quelque chose malheur est bon et nos autorités devraient étudier les moyens de tirer parti de la pandémie actuelle du coronavirus. Après tout, c’est l’avant-dernière pandémie mondiale, celle de la grippe aviaire, qui a permis à notre pays de développer un secteur avicole extrêmement dynamique et performant après l’interdiction d’importation de poulets et d’œufs décrétée alors par les autorités !
*
Aujourd’hui, grâce à des locomotives comme la Sedima du Tycoon Babacar Ngom, l’aviculture est devenue une des mamelles de l’économie nationale. Ce même si elle est menacée par les pressions intenables exercées par l’Union européenne et les Usa qui ont presque réussi à contraindre le gouvernement à lever cette interdiction. sans compter que les géants marocains de la volaille ont déjà un pied dans notre pays ! Autrement dit, on a introduit le loup chérifien dans le poulailler sénégalais. Le Maroc qui, dès le premier cas de coronavirus, a décidé de ne plus desservir la destination Sénégal où trois vols de la RAM atterrissaient pourtant chaque jour ! Un drôle d’ami assurément… que notre ami le roi ! Justement — et c’est encore un autre avantage de la présente crise sanitaire —, le Maroc ne pourra plus déverser ses fruits et ses légumes qui ont fini de tuer notre filière horticole, en particulier dans les Niayes. Nous sommes sûrs que nos maraichers vont esquisser des pas de danse ces jours-ci. Du fait de la pénurie de tous les produits importés de Chine — c’est-à-dire presque tout ce que nous consommons — et de la razzia effectuée par nos compatriotes sur les rayons des grandes surfaces, une grave pénurie est à prévoir dans les prochains mois. Cela doit être l’occasion de développer la production nationale en particulier dans le domaine de l’agriculture. Le riz de la Vallée, le mil et le maïs devraient valoir de l’or, en tout cas vont pouvoir s’écouler.

Encore une fois, il faut sauter sur l’occasion pour développer la production nationale et le made in sénégal à défaut du made in West Africa, nos idiots de dirigeants ayant fermé la plupart des frontières en Afrique de l’ouest alors que c’était justement le moment de les ouvrir. La crise sanitaire actuelle devrait aussi constituer du pain bénit pour nos industriels…à condition qu’ils n’importent pas leurs intrants de la Chine ou des pays de l’Ue. D’une manière générale, ces derniers ayant pris conscience de l’erreur stratégique d’avoir mis tous leurs œufs dans le panier chinois, et l’empire du Milieu lui-même ayant vu le soutien sans faille que lui a apporté l’Afrique durant cette pandémie du coronavirus, devraient avoir des raisons soit de délocaliser leur production industrielle en Afrique (les 27), soit de lui exprimer une reconnaissance infinie en termes d’investissements accrus (Chine). Comme quoi, notre continent ne devrait pas sortir totalement perdant de cette crise…qui devrait au contraire représenter une opportunité pour l’Afrique dont l’heure pourrait enfin avoir sonné à condition que ses dirigeants aient l’intelligence de le comprendre !

Mamadou Omar Ndiaye

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