Côte d'Ivoire : Laurent Gbabgo signe un grand retour en politique avec un nouveau parti

16 - Octobre - 2021

Depuis son arrivée à Abidjan le 17 juin, acquitté par la justice internationale qui le jugeait pour crimes contre l'humanité dans la sanglante crise post-électorale de 2010, Laurent Gbabgo n'a pourtant jamais été très loin de la politique.

Le Front populaire ivoirien (FPI), son parti historique fondé dans la clandestinité en 1982, étant désormais aux mains de Pascal Affi N'Guessan, Laurent Gbagbo a choisi de donner un nouveau souffle à son retour en créant sa propre formation. 1600 délégués sont attendus au prestigieux Hotel Ivoire d'Abidjan pour rédiger le manifeste et les textes de cette nouvelle formation qui devrait s'appeler «Parti des Peuples Africains - Côte d'Ivoire» (PPA-CI). Dans le nom comme dans le logo - deux mains entrelacées dans une carte d'Afrique - qui seront proposés dimanche, l'accent est mis sur la dimension panafricaine du parti. La souveraineté de l'Afrique face aux puissances occidentales devrait d'ailleurs faire partie des thèmes phares du congrès ce week-end.

Pas question pour autant de délaisser la politique nationale en Côte d'Ivoire. Dans l'entourage de l'ancien président, le mot d'ordre est clair: ce nouveau parti vise à recréer un débat politique dans un pays où l'opposition est considérablement affaiblie depuis 10 ans. «Nous voulons constituer un parti d'opposition politique normal qui apporte une critique. Pour que le débat quitte la violence et devienne essentiellement politique», clame Justin Koné Katinan.

«On attend de voir si ce sera une opposition réelle ou un parti en quête du pouvoir. On verra comment ils vont procéder, quel sera leur programme alternatif», estime l'analyste politique Sylvain N'Guessan.

Avec Simone Gbagbo ?
Reste à savoir quelles personnalités politiques ivoiriennes rejoindront cette plateforme. Une grande partie des cadres et anciens ministres du FPI vont suivre leur ancien leader dans cette nouvelle aventure, mais quelques inconnues demeurent.

Simone Gbagbo d'abord. L'ex-Première Dame, dont Laurent Gbagbo a demandé le divorce à son retour en Côte d'Ivoire, envoie des signaux ces dernières semaines pour faire cavalier seul, à l'image du lancement d'une plateforme la soutenant.

Charles Blé Goudé, ensuite. L'influent pilier du régime de Gbagbo (2000-2011), dont il a été le co-accusé à la Haye, est toujours bloqué aux Pays-Bas depuis son acquittement, faute de passeport, mais entretient le mystère sur son rôle lors de son retour en Côte d'Ivoire.

Enfin Guillaume Soro, ancien chef de la rébellion qui a aidé Alassane Ouattara à accéder au pouvoir contre Laurent Gbagbo, est aujourd'hui tombé en disgrâce, condamné à perpétuité en juin pour «complot» et actuellement en exil. De quoi laisser la porte entrouverte à celui qui incarne désormais une frange de l'opposition au chef de l'État.

«Ceux qui veulent nous rejoindre savent à quoi s'en tenir. Nous sommes un parti de gauche, et ceux qui s'y retrouvent peuvent venir», glisse Justin Koné Katinan. Le lancement de ce parti, quatre mois après le retour de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire, est en tout cas une première étape vers la présidentielle de 2025.

Un projet de l'exécutif visant à limiter l'âge des candidats à 75 ans pourrait toutefois constituer un obstacle aux ambitions de Laurent Gbagbo. En 2025, il aura 80 ans.

AVEC afp

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

02 - Août - 2024

Khalifa Ababacar Sall veut rebondir lors des prochaines législatives

Le leader du mouvement Takhawou Sénégal, Khalifa Ababacar Sall, réaffirme son ancrage dans l'opposition. Il est actuellement engagé dans les préparatifs des...

02 - Août - 2024

Oumar YOUM sur la lenteur de la Reddition des comptes pense que le régime de Diomaye Faye veut sélectionner des juges pour leur donner une feuille de route

Le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar et ancien ministre des Forces armées est convaincu que le temps pris par les nouvelles autorités pour la reddition des...

01 - Août - 2024

Le communiqué du Conseil des ministres du mercredi 31 juillet 2024

Le Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE a présidé, ce mercredi 31 juillet 2024, la réunion hebdomadaire du Conseil des Ministres, au...

01 - Août - 2024

ONAS : Cheikh Dieng limogé trois mois après sa nomination

L’ingénieur hydrogéologue Séni Diène a été nommé mercredi directeur général de l’Office national de...

01 - Août - 2024

Cheikh Dieng limogé de l’ONAS : Révélations sur les raisons

Nommé en avril dernier, Cheikh Dieng n'aura occupé la tête de l'Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS) que pendant trois mois avant...