DECLARATION DU PRESIDENT MACKY SALL : LA MONTAGNE A ACCOUCHE D’UNE SOURIS (DR IBRAHIMA DIA)

24 - Février - 2024

« Les possédants sont possédés par ce qu’ils possèdent »De Gaulle
Au lieu et place d’une déclaration solennelle gage d’apaisement du foyer de tensions perpétuelles qu’est devenu le Sénégal, le Président Macky SALL a choisi de conjuguer le non-dit et l’équivoque comme étant son nouvel instrument de communication avec la population.
Face à cette situation d’inaudible voulue, l’espérance et l’espoir découlant de la décision rendue par la haute juridiction garante de l’ordre constitutionnel et institutionnel s’effondrent tel un château de cartes voire une rose livrée à l’intempérie. Force est de le constater, le Président Macky SALL persiste dans le déni, il n’a pas abandonné son projet de report des élections présidentielles à une date qui lui convient politiquement.
À la lumière des déclarations du « front démocratique », de certains caïds de B.B.Y. proches du Chef de l’Etat et de certains candidats recalés (PDS entre autres), l’hypothèse d’une reprise du processus électoral est plus que plausible. Une telle situation contraire à la décision du Conseil constitutionnel, constitue une injustice, donc une mauvaise image au sens moral qui risque de conduire notre pays dans une instabilité sans précédent. Elle mettrait sur un même pied d’égalité des candidats légalement et légitimement consacrés par la haute juridiction garante de la régularité politique et d’autres candidats légalement recalés mais qui, aux moyens d’artifices, subterfuges, pirouettes et ruses arrivent à rattraper le peloton en tête.
En effet, une reprise du processus électoral serait vécue par ces derniers comme une atteinte à leur droit acquis, un traitement contra legem discriminatoire contraire à la décision du Conseil constitutionnel. Convient-il de le préciser, celle-ci est revêtue du caractère orga omnes : autorité de la chose jugée renforcée, conformément à l’article 92 de la Constitution.
À l’aune des réponses laconiques de Macky SALL aux questions des journalistes, et à la lumière de la spirale de pénombre évocatrice qui régnait dans l’instance du point de presse, on comprend aisément que la reprise du processus électoral est une option sérieuse.
En réalité le truchement du « dialogue » national brandi urbi et orbi, en fanfares et trompettes comme recours à la restauration du salut national n’est que fourberie, germe d’instabilité, de recul démocratique, une mise à l’honneur du pandémonium. Osons le mot, même s’il a déclaré avant-hier sur un ton péremptoire, que sa date butoir pour quitter le pouvoir est le 2 avril, force est de constater que Macky SALL joue au dilatoire.
Pourquoi, dans un contexte où la vitesse et la distance s’imposent au peuple sénégalais comme étant les unités de calculs du calendrier électoral, attendre une semaine après la décision infirmative du Conseil constitutionnel du 15 février 2024, pour sortir du bois par le prisme d’un point de presse.
Le seul enseignement que nous retenons dudit point de presse découle du fait que désormais, le dialogue national est devenu le cheval de Troie de Macky SALL. Ce mécanisme de la palabre échafaudé au sein du triptyque pandémonium est érigé comme étant le cadre fondamental et substantiel devant offrir les garanties d’une élection « transparente » et « inclusive ». On le voit bien, le dessein initial heureusement bloqué par le Conseil constitutionnel se poursuit par le biais d’autres artifices, notamment le « dialogue national ».
Cette tentative de substitution d’une décision de justice par une réalité sociologique traditionnelle pose un réel problème d’insécurité juridique susceptible de bouleverser l’équilibre social déjà entamé par moults cicatrices hélas indélébiles.
Nonobstant les vœux pieux confiés à cette thérapie de groupe « dialogue national », celle-ci n’a pas vocation à changer la décision du Conseil constitutionnel annulant le décret n° 24-106 du 03 février 2024 portant abrogation du décret convoquant le corps électoral pour manque de base légale. Le Président de la République ne disposant pas de pouvoir de report ou d’annulation d’une élection présidentielle encore moins de changer la clause d’éternité et de l’intangibilité.
La théorie de l’élection inclusive portée en bandoulière par les adeptes de la reprise du processus électoral est contraire à la décision du Conseil constitutionnel. Force est de le constater l’état actuel du déroulement légal du processus électoral, les termes du dialogue national sont contraires aux principes du droit. Le vers est dans le fruit, le dispositif porte un péché originel. Comment convaincre les candidats ayant franchi l’étape de la lessiveuse d’accepter une reprise du processus dans son ensemble. Assurément, nous allons vers une instabilité exacerbée par l’arbitraire validé par un dialogue aux fondements d’antivaleurs auquel l’échec programmatique est prévisible, car vide de sa substance.
Il suffit d’écouter les adeptes de la reprise du processus électoral pour mesurer l’intensité de la folie du pouvoir qui exprime de manière irrationnelle un « ôte-toi de là que je m’y mette ». C’est le nœud de la dichotomie entre les candidats et la justification de nombreux 007 tapis dans l’ombre et au service du pouvoir qui pullulent au sein des coalitions d’opposants.
Face à cette situation inédite dans l’histoire de notre pays, il convient d’invoquer la mémoire des Pères Fondateurs qui ont porté sur les fonts baptismaux les valeurs fondamentales de notre république démocratique et laïque exemplaire.
Si d’aventure, le calendrier électoral dépasse la période de la durée légale du mandat du Président actuel, nous serons, de facto, dans une période hors de portée de la Loi Fondamentale que l’article 36-2 n’aura pas vocation à régir ni aucune disposition de notre droit positif.
Toutefois, nous avons foi en la capacité autoorganisatrice du peuple sénégalais. Seule une dynamique provisoire d’union nationale permettra de franchir cette étape sinueuse mais non insurmontable.
Pour s’inscrire dans le temps et s’éloigner du néant démocratique, Macky SALL a tout intérêt à assurer une transmission paisible du pouvoir à l’image de ses devanciers devenus des consciences républicaines et figures du peuple.
Pour « LE FRONT POPULAIRE / UNE GÉNÉRATION DE RUPTURE (F.P. / G.R.).
Dr Ibrahima DIA
Avocat à la Cour (France), idia4@hotmail.fr

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