DEVELOPPEMENT DURABLE ET DETTE SOUTENABLE : LE SÉNÉGAL DE MACKY SALL EN DÉSÉQUILIBRE (RÉPUBLIQUE DES VALEURS)
Aujourd’hui lundi 2 décembre se tient une conférence internationale sur « Le Développement Durable et Dette Soutenable : Trouver le Juste Equilibre » au Centre de conférences Abdou Diouf à Diamniadio sous la présidence de Macky Sall avec la participation de hauts responsables d’institutions internationales tels que la Directrice Générale du FMI et le Vice-Président de la Banque mondiale pour l’Afrique.
Ces personnalités n’auront pas besoin de regarder plus loin que le centre qui les abrite et la zone de Diamniadio pour mesurer l’affaissement de notre gouvernance économique et l’insoutenabilité de la dette publique sous Macky Sall.
Le centre de conférences Abdou Diouf est l’exemple probant d’un projet non productif, non rentable et dont l’impact à court et long-terme sur les finances publiques est négatif. Sa construction a été décrétée par le Président Macky Sall pour abriter le sommet de la Francophonie. Il n’y a eu ni étude de faisabilité ni cahier des charges préalables.
Le contrat a été octroyé en gré- à-gré à une entreprise turque. Le centre a coûté 35 milliards de F CFA auxquels il faut ajouter les coûts liés à l’aménagement du site et sa connexion à l’autoroute à péage. Le coût total de ce projet tourne autour de 50 milliards de F CFA.
Le centre n’a ramené, à ce jour, que de très maigres recettes. Pourtant, les prêts qui ont servi à le construire devront être remboursés et les ressources qui y ont été allouées auraient pu servir à résoudre des questions plus pressantes dans l’eau et l’assainissement, la santé, l’éducation, et l’agriculture. Les investissements publics bâtis dans le sol instable de Diamniadio s’annoncent comme des sables mouvants abyssaux pour nos finances publiques.
De tels projets et pratiques de mauvaise gouvernance se sont répétées durant les mandats de Macky Sall et se retrouvent dans tous les secteurs - des infrastructures, au transport en passant par l’agriculture, les télécommunications et la poste ainsi que la protection sociale etc. Ils ont abouti à une augmentation et un niveau insoutenable de la dette publique ; point besoin de modèles aux hypothèses ajustables à dessein, des indicateurs simples en attestent :
• Macky Sall a plus que triplé la dette publique en huit ans au pouvoir. Selon les chiffres du FMI, la dette est passée de 2760 milliards de FCFA en 2011 a 8030 milliards en 2018 et on devrait terminer l’année avec plus de 8854 milliards. Donc, c’est bien sous Macky Sall que la dette a explosé, contrairement aux déclarations récentes du Ministre Abdoulaye Daouda Diallo devant le Parlement qui a essayé avec peine de partager les responsabilités avec les régimes précédents ;
• Le poids du remboursement de la dette est devenu trop lourd. Notre pays a consacré plus de 40% de ces recettes budgétaires au service de la dette en 2018. Pourtant notre pays n’est pas en retard en termes de mobilisation de ressources budgétaires, nous mobilisons l’équivalent de près de 18,7% du PIB (compare a 17,9% en Cote d’Ivoire et 18,2% au Kenya) ;
• Près de 74% de notre dette est externe (source : FMI) ce qui veut dire que nous devons mobiliser des devises importantes pour honorer notre dette. Cependant, notre économie n’est pas devenue plus compétitive et reste dominé par les importations. Alors que la dette a augmenté de 290% depuis 2011, les exportations n’ont augmenté que de 46% ;
Les faits donnent aujourd’hui raison à Thierno Alassane Sall malgré les dénis répétés du Président Macky Sall et de son Ministre des Finances quant à la situation catastrophique des finances publiques et de notre économie. Ainsi, Macky Sall est contraint à une marche forcée vers l’ajustement budgétaire pour éviter le défaut de paiement et la crise de la dette, ceci à n’importe quel prix économique et social. Après la hausse des taxes douanières, l’augmentation des prix de l’essence et du gasoil, Macky Sall a récemment augmenté le prix de l’électricité et envoyé le DG de la SENELEC au charbon défendre sa mesure impopulaire et anti-sociale. Le président Sall, le premier président né après les indépendances d’une famille modeste, a pour une fois clairement et publiquement abandonné les couches sociales pauvres et vulnérables.
Dès lors, comme l’a souligné l’économiste Meissa Babou, l’un des indicateurs les plus importants à suivre dans les prochains mois est l’inflation des prix qui risque de s’accélérer fortement. L’autre indicateur que Macky Sall suivra lui-même avec inquiétude est le niveau de frustration et de mécontentement de la population.
En attendant, Macky Sall se contentera de vendre à ses auditeurs le mirage d’un Sénégal en bonne santé financière dans l’enceinte d’un investissement public non prioritaire fabriqué avec de la dette et qui ne génère aucun revenu substantiel. Puis il s’ennuiera et, de temps en temps, fera semblant d’écouter les alertes et admonestations diplomatiques de ses invités.
Cellule Economique République des Valeurs