DIALOGUES NATIONAL ET POLITIQUE : UNE COMMUNICATION A CONTRESENS OU UN DENI DE DEMOCRATIE (PAR IBRAHIMA THIAM )

12 - Décembre - 2017

Le dialogue est au cœur de notre vie sociale, un pilier de la démocratie. C’est un remède aux tensions politiques ou un rempart contre les passions et les dissensions. Nous avons tous en mémoire les concertations entre les présidents Diouf et Wade, guidés par leur patriotisme et qui tentaient de résoudre des crises ou des conflits menaçant les fondements de notre société. Ces dialogues avaient un sens, aboutissant même à la mise en place d’un observatoire national des élections (ONEL). L’objectif était de rechercher la cohésion ou la remise en marche du système politique jugé défaillant. Le dialogue apparaît ainsi comme un moyen d’apaisement et de restructuration du tissu politico-social. Par contre quels enseignements pouvons-nous tirer des dialogues voulus par la majorité présidentielle actuelle ?

La forme de ces dialogues « makyllés » met à l’évidence le caractère galvaudé de ses concertations, transformées en outil de communication politique. Le pouvoir actuel pense que la crise de la confiance qui les atteint peut-être résolue par le miracle de la communication politique. Cette dernière, objet de suspicion, est rejetée à juste titre par les acteurs politiques de l’opposition. Il y’a en effet un préalable à respecter avant de convoquer un débat national ou politique. Le dialogue fait appel à la raison et à l’écoute. Le but ultime dans ce type de communication est de trouver une complémentarité des points de vue, de rechercher ensemble et de manière désintéressée, le consensus. C'est un des vecteurs essentiel et nécessaire pour obtenir l’adhésion et sans doute, apporter une contribution constructive et positive de tous les acteurs de la vie politique.

Une des premières étapes - qui semble évidente ! – est de positionner le débat public bien en amont de la décision, de façon à ce que plusieurs options soient encore ouvertes, et qu’il soit encore possible d’en examiner ou co-construire de nouvelles. Cela implique d’une part, que le pouvoir accepte d’organiser un débat de fond sur le contentieux électoral, et d’autre part, qu’il ait la volonté politique de tenir réellement compte des résultats qui en émergent pour élaborer leur décision.

Il n’est point besoin de démonter l’importance du processus électoral dans la consolidation des systèmes démocratiques. L’Etat a la responsabilité d’établir les préalables indispensables à des élections libres, régulières et transparentes et d’instaurer un dialogue permanent entre les acteurs autour du processus électoral. Mais il doit tout autant être conscient que sans la sincérité et la franchise dans le dialogue, il est illusoire d’espérer arriver aux consensus nécessaires au renforcement de notre système électoral.

Nous constatons malheureusement l'autoritarisme dont fait preuve Macky Sall dans l'exercice de ses fonctions ne favorise aucun dialogue constructif. Nous rappelons que pour l’adoption d’une nouvelle constitution, le gouvernement a rejeté le principe de la consultation mutuelle permanente et a procédé à la modification unilatérale du système électoral. La rupture du consensus politique a ainsi conduit à la confection d’un nouveau fichier. Cette manœuvre politicienne a d’ailleurs empêché une partie de l’électorat à exercer leurs droits civiques lors des dernières élections. C’est l'ultime duperie d'un pouvoir en perte de repères et en mal d'inspiration. Son souci de premier rang réside dans le perfectionnement de la technologie ou de la tricherie lui permettant de conserver le pouvoir. Il faut surtout se rendre à l’évidence que ce régime est à bout de souffle. Plus que sa méthode, c’est l’homme politique qui est en cause. Le Président Macky Sall doit être conscient de sa responsabilité personnelle et celle de son clan sur le chaos dans lequel il est en train de plonger le Sénégal. Les dirigeants « aperistes » ainsi que de la majorité présidentielle relèguent au second plan les préoccupations et les attentes du peuple. Et ils se disputent à couteaux tirés pour des prébendes et des coordinations politiques illusoires. La presse est devenue le lieu du spectacle affligeant de ses empoignades. Alors des hommes incapables de s’entendre dans leur propre formation politique peuvent-ils conduire un débat national ou politique ?

L'urgence est donc d’appeler un dialogue sincère et inclusif afin de permettre l’audit du fichier électoral, la nomination d’une personnalité indépendante chargée d’organiser les prochaines échéances électorales, la délivrance des cartes électorales en souffrance, le financement des partis, statut de l’opposition, etc...

Le mouvement d’UN AUTRE AVENIR reste très attaché aux principes de la démocratie participative pour donner un nouveau souffle pour le Sénégal. C’est pourquoi nous invitons le Président Macky Sall d’arrêter sa chevauchée solitaire à cœur et à corps perdus dans un mouvement paroxystique. La conjoncture actuelle exige une vision plus large et plus claire dans le domaine de la gouvernance de notre pays.

Ibrahima Thiam
Président d’UN AUTRE AVENIR

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

24 - Mai - 2022

LISTE BBY : LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL REJETTE LE RECOURS DE YAW ET GUEUM SA BOPP

Une bonne nouvelle pour la coalition présidentielle qui était sous la mena ce de l’invalidation de sa liste à cause d’un dépassement du nombre de...

24 - Mai - 2022

Le Président Macky Sall quitte Dakar ce mardi 24 mai 2022 pour une visite officielle de deux jours à Luanda en Angola

Le Chef de l’État se rendra ensuite à Malabo en Guinée Equatoriale pour deux Sommets Extraordinaires de l’Union Africaine les 27 et 28 mai 2022 sur : 1- Les...

24 - Mai - 2022

Décision du Conseil constitutionnel: Déthié Fall jubile mais ne lâche pas BBY

Le mandataire de la coalition Yewwi Askan Wi s'est réjoui ce mardi de la décision du Conseil constitutionnel de considérer la décision de la Direction...

24 - Mai - 2022

REJET DU RECOURS DE YEWWI ET GUEM SA BOP : LE REACTION DE BENOIT SAMBOU

Le mandataire de la coalition Benno Bokk Yakaar, Benoit Samb, s’est exprimé aujourd’hui suite à la publication de la décision du Conseil Constitutionnel. Yewwi et...

24 - Mai - 2022

Décisions du Conseil constitutionnel: AAR Sénégal dénonce un « baara yeggo *» installant un malaise dans la démocratie sénégalaise

La coalition AAR SÉNÉGAL a réagi aux décisions rendues ce mardi par le Conseil constitutionnel suite aux recours déposés par différentes coalitions...