DIEU, LE PRÉSIDENT SALL ET SES FAUX (PAR MAMADOU OUMAR NDIAYE)

28 - Février - 2020

« Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge ! » Cette citation prêtée à Antigone, roi de Macédoine qui vécut longtemps avant Jésus Christ, le président de la République devrait la relire effectivement et s’en pénétrer ! Car, ces temps-ci, assurément, alors que l’opposition semble KO — ou, du moins, s’est singulièrement ramollie —, c’est plutôt de son propre camp, venant de la part de supposés amis qui prétendent ne lui vouloir que du bien, que parviennent les coups les plus dangereux pour lui.

Des torches incendiaires qui peuvent mettre le feu au pays tout entier en moins de temps qu’il ne faut pour cligner des yeux. Hélas, dans l’Histoire, les rois et les présidents les plus puissants ont été perdus par des courtisans de la trempe de ceux qui, ces jours-ci, veulent pousser le président de la République à faire le mandat de trop, celui que n’autorise pas la Constitution.

Des gens apparemment bien intentionnés — du moins, c’est ainsi qu’ils se présentent —, disant qu’ils seraient les derniers Mohicans à ses côtés, ceux qui seraient prêts à donner leur vie pour lui mais qui, en réalité, lui savonnent la planche. Et créent par leurs déclarations irresponsables toutes les conditions requises pour que le peuple le trouve dans son palais afin de le déloger ! Autant dire qu’ils agitent un chiffon rouge devant le taureau enragé qu’est ce même peuple en parlant de troisième mandat ou même de bail à durée indéfinie qu’il pourrait signer avec les Sénégalais.

Dire que le président Macky Sall n’en a pas fini avec ces derniers ou que son premier mandat n’entre pas en ligne de compte dans la limitation fixée par la Constitution, c’est non seulement irresponsable mais encore particulièrement grave de dangers pour notre pays qui s’épargnerait bien un soulèvement populaire. Ce au moment où des pyromanes sont en passe de brûler un pays voisin, la Guinée, justement sur le même sujet sensible de troisième mandat non autorisé par la Constitution.

En réalité, tous ces mauvais amis du président semblent avoir oublié que l’un des régimes les plus solides de la sous-région, celui de Blaise Compaoré au Burkina Faso, s’est effondré comme un château de cartes en 48 heures à peine lorsque l’Assemblée nationale de ce pays avait voulu modifier la loi fondamentale pour permettre à l’alors homme fort du pays des hommes intègres de rempiler à l’infini. Chez nous-mêmes, on a vu ce qu’il en a coûté à l’ancien président lorsqu’il avait voulu toucher à la Constitution pour baliser la voie de sa succession à son fils adoré.

Pour dire que le président de la République, brillamment réélu il y a tout juste un an, a besoin d’autre chose que de ce débat assurément prématuré et inopportun. Un débat, surtout, dangereux. Il a besoin de réaliser ses projets, de terminer ses chantiers, de continuer à traduire sa vision en actes, de mettre en œuvre la phase 2 du PSE, de préparer l’entrée du Sénégal dans le cercle restreint et vertueux des producteurs de pétrole et de gaz, etc.

Autant de choses qui ne pourront se faire que si le pays est stable. Or, c’est justement cette légendaire stabilité que les « inconditionnels » du président veulent troubler en brûlant ce cher pays que les présidents Senghor, Abdou Diouf et même Abdoulaye Wade ont su maintenir à l’abri des soubresauts et convulsions qui ont agité presque tous les autres Etats africains à la remarquable exception, justement, de ce cher Sénégal. Passe encore qu’on parle d’encagoulés qui installeraient des cellules dormantes dans le parti présidentiel et rêveraient tout haut de succéder au président. Comme si toute ambition devrait être à bannir ! Mais cela, ce sont les oignons de l’APR.

En tout cas, au moment où le même président a sifflé la fin de la récréation et a sorti le bâton contre tous ceux qui se prononceraient sur ce sujet tabou du troisième mandat, l’opinion a évidemment du mal à comprendre le deux-poids deux mesures dont il fait montre en sanctionnant ceux qui disent que son « règne » s’arrête constitutionnellement en 2024 tout en faisant preuve d’une incompréhensible mansuétude à l’endroit des responsables de son camp qui militent désormais ouvertement pour la suppression du verrou constitutionnel relatif au nombre de mandats !

A la décharge du président, il n’a — jusqu’à présent en tout cas — pas encore franchi le Rubicon d’un dépassement de la ligne rouge en disant qu’il veut briguer un mandat supplémentaire. A tout le moins, il entretient un flou artistique sur ses intentions et tant qu’il en sera ainsi, franchement, il n’y a pas lieu de se formaliser outre mesure. Laissons-le dérouler son mandat et puis, quand le problème se posera, c’est-à-dire quand il dira éventuellement qu’il veut rester au pouvoir au-delà de 2024, alors, à ce moment-là, il sera toujours temps d’aviser. Et d’apporter éventuellement la riposte qui sied.

Dans tous les cas, le président Macky Sall, qui a su triompher admirablement de tous ses ennemis — disons, adversaires — depuis 2012, du redoutable Abdoulaye Wade à l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, sans oublier Karim, le fils de son prédécesseur — et Guy Marius Sagna actuellement ! —, le président Sall, donc, a montré qu’il savait se charger de ces ennemis dont parlait Antigone. Mais cela, gageons que c’était le plus facile pour lui. Car, le plus difficile actuellement, et la mère des batailles assurément pour lui, ce sera de faire face aux complots sournois de ses prétendus amis, ces gens qui se présentent en inconditionnels mais qui, en réalité, ne lui veulent absolument pas du bien. Des gens qui seront les premiers à le quitter lorsque son régime vacillera. Et ces amis-là, pour se protéger de leurs coups félons et parer leurs actes de traitrise sous couvert d’un dévouement sans faille et d’une langue mielleuse, il aura effectivement besoin que Dieu le garde contre eux !

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