DIOMAYE ET L’ART DE LA COMPLAINTE PRESIDENTIELLE (PAR IBRAHIMA THIAM)

21 - Janvier - 2025

Neuf mois seulement après avoir pris les rênes du pays, voilà que notre cher Président Bassirou Diomaye Faye se transforme en chroniqueur officiel des malheurs de l’État. L’héritage du précédent régime ? Un fardeau. Les entreprises publiques ? Des boulets. L’administration ? Figée dans des schémas préhistoriques. En résumé, tout va mal, et ce n’est évidemment pas sa faute. Mais attendez, ce n’est pas ce même Diomaye qui promettait, la main sur le cœur, de tout régler une fois élu ? Il semble que la mémoire courte ne soit pas qu’une spécialité des citoyens, mais aussi des dirigeants.

Quand il parle d’un État « contraint » et de finances « exsangues », on pourrait presque le plaindre. Le pauvre, il a hérité d’un pays en ruines, et pourtant, il avait toutes les solutions avant d’entrer au Palais. D’ailleurs, qui a envoyé ce CV impressionnant aux électeurs pour décrocher le job ? C’est bien lui. Mais maintenant que l’heure est venue de passer des paroles aux actes, notre président semble soudain surpris de découvrir l’ampleur des défis. C’est comme si quelqu’un s’était inscrit à un marathon en pensant qu’il n’aurait qu’à marcher jusqu’au coin de la rue.

Quant à ses déclarations sur les entreprises publiques, « fardeaux pour la Nation », elles méritent une mention spéciale. Ce n’est pas faux, bien sûr, mais si elles traînent autant, c’est peut-être parce qu’elles sont lestées de nominations hasardeuses et de pratiques douteuses – des pratiques que, curieusement, son gouvernement ne semble pas pressé de réformer. Alors, au lieu de se demander pourquoi elles ne courent pas comme Usain Bolt, peut-être faudrait-il commencer par leur retirer les boulets aux pieds.

Et puis, il y a cette obsession pour la transformation numérique et l’intelligence artificielle. Une belle ambition, mais difficile à prendre au sérieux quand l’administration peine encore à répondre à un simple email. Avant de parler de robots, ne serait-il pas judicieux de s’assurer que les humains qui gèrent l’État aient, au minimum, des stylos qui fonctionnent ?

Pendant ce temps, les Sénégalais regardent ce spectacle avec un mélange de consternation et d’amusement. Car pendant que Diomaye est occupé à écrire le best-seller “Les malheurs de l’héritage”, eux, ils doivent jongler avec des problèmes bien réels : factures qui explosent, emplois qui disparaissent, et un quotidien de plus en plus difficile. Mais bon, tout ça, c’est sûrement aussi la faute du régime précédent, non ?

Alors, Monsieur le Président, si vous pouviez poser votre plume et commencer à travailler, ce serait bien. Parce qu’à ce rythme, dans neuf mois, on risque d’assister au lancement d’un nouveau concept : le président qui passe cinq ans à expliquer pourquoi il ne pouvait rien faire. Et là, franchement, même l’humour aura ses limites.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

07 - Septembre - 2024

LES ENSEIGNEMENTS TIRES DU SEMINAIRE ORGANISE PAR " LE BUREAU POLITIQUE ELARGI" DU PARTI SOCIALISTE

Le discours introductif du Secrétaire Général, la camarade Aminata Mbengue Ndiaye et la note de cadrage du Secrétaire National en charge des élections, le...

07 - Septembre - 2024

France: "Rien ne peut se faire sans le RN", juge Jordan Bardella.

Barner "est un Premier ministre sous surveillance", a déclaré le président du Rassemblement national (RN). Le RN a choisi de lui accorder le "bénéfice du doute"....

07 - Septembre - 2024

"A QUOI BON VOTER ?" : APRES LA NOMINATION DE MICHEL BARNIER A MATIGNON, LES ELECTEURS DU NFP EXPRIMENT LEUR "DECEPTION" ET LEUR "COLERE"

Je trouve qu'on nous a volé une victoire", peste Christophe, un Normand de 66 ans, militant socialiste. Comme lui, de nombreux internautes ont répondu à l'appel à...

06 - Septembre - 2024

« Le Président Bassirou Diomaye Faye va s’adresser aux Sénégalais dès son retour de Chine » (Source RTS)

Selon la RTS, reprise par Enquête, le Président Bassirou Diomaye Faye va s’adresser au peuple sénégalais dès son retour de Chine. Où le successeur de...

06 - Septembre - 2024

Tenue en mode fast track de la déclaration de politique générale, le 11 septembre : la majorité fait le forcing

L’Assemblée nationale a ouvert hier, jeudi 5 septembre sa troisième session extraordinaire convoquée par le président de la République en vue...