ECONOMIE : LA FRANCE NE SUPPORTERAIT PAS « L’INTRUSION » DE LA TURQUIE AU SENEGAL
La France verrait d’un mauvais œil la concurrence que lui impose la Turquie au Sénégal, voire dans son pré carré en Afrique. Du moins, c’est ce que laisse entendre Akın Özçer, diplomate turc retraité, dans une tribune intitulée : « La France face à la Turquie, de la Syrie au Sénégal ».
« Le fait que la France associe [injustement] la Turquie à des organisations ‘extrémistes’ indique peut-être, et il est impossible de le savoir, que l'Élysée cherche à nuire à la politique africaine d'Ankara, dont elle surveille de près son ‘Ouverture à l'Afrique’ et en particulier à ses anciennes colonies de population musulmane, avec 41 ambassades [de la Turquie] en Afrique et les activités intenses de l'Agence turque de coopération et de coordination (TIKA) ainsi que [les nombreux vols vers l'Afrique] de Turkish Airlines », lit-on dans le texte.
Akın Özçer, qui a longuement critiqué la politique étrangère de la France a ajouté : « Dans ce sens, le fait que Le Monde ait accordé une large place à la visite d'Erdogan au Sénégal est intéressant. Dans l'article d'analyse signé par Marie Lechapelays, il est souligné qu'Ankara poursuit depuis longtemps une politique active d'ouverture à l'Afrique et que la porte de cette ouverture est le Sénégal. Notant la prise en charge par la Turquie de projets d'infrastructure au Sénégal, tels que la construction du centre de conférence Abdou-Diouf, très important pour le président sénégalais Macky Sall, du Dakar Arena, et de l'Hôtel Radisson à Diamniadio, ainsi que la gestion de l'Aéroport Blaise Diagne, il est souligné, comme le dit le Professeur Oumar Ba, que les valeurs culturelles communes rapprochent les deux pays. Selon Ba, le rapprochement de la Turquie à l'Afrique est aussi, à un certain degré, un résultat de son éloignement de la perspective de [son éventuelle adhésion à] l'Union Européenne. »
Pour l’ancien diplomate turc, « il est clairement constaté que la France poursuit une politique hostile relativement importante vis-à-vis de la Turquie qu'elle voit comme un concurrent sérieux en Afrique. Il n'est pas du tout rationnel d'essayer, comme les Etats-Unis et certains pays européens, de maquiller cette politique sous la forme d'une opposition au gouvernement au pouvoir en Turquie. Parce que la vérité est évidente », conclut-il.
Le Sénégal peut logiquement tirer profit de cette concurrence à condition que Macky Sall et son gouvernement ne cèdent pas à la pression de l’ancienne puissance coloniale.
Lamine SOW