ÉDUCATION : LES ACTEURS DU SYSTEME POSENT LEUR DIAGNOSTIC
Même si la pandémie de Covid-19 a bouleversé le système éducatif cette année, la session 2020 du baccalauréat a battu le record en termes de réussite avec un taux qui dépasse 46%, selon l’Office du Bac. Interrogés sur cette progression du taux de réussite par rapport aux années précédentes, le secrétaire général du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire (Cusems), Abdoulaye Ndoye, le secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire (Saems), Saourou Sène, et le secrétaire chargé de la communication de l’Union nationale des associations de parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal (Unapes), Marouba Fall, pensent que c’est tout à fait normal qu’on ait un taux élevé de réussite. Ils expliquent cela par la maitrise des effectifs, l’allègement du programme et l’apprentissage virtuel.
ABDOULAYE NDOYE, SECRETAIRE GENERAL DU CUSEMS : «Pour nous, ce n’est pas surprenant qu’on ait ces résultats»
Les années passées, le taux de réussite du bac tournait autour de 30 et 35%. Nous autres, organisations syndicales, nous avons toujours dénoncé le fait que les résultats soient faibles. La règle, c’est la réussite. En France, les taux de réussite tournent autour de 80 à 85%. Il y a eu un moment où on a voulu mettre en rapport le faible taux de réussite au bac et les perturbations scolaires. Mais l’année 2017, il n’y a pas eu de mouvements de grève. Il y avait juste la fraude mais les cours se sont déroulés normalement. Malgré cela, les résultats n’étaient pas fameux. Cela veut dire donc que quand un problème se pose, il faut une analyse rigoureuse. C’est pourquoi nous autres, organisations syndicales, nous disons au gouvernement qu’il faut des études scientifiques parce que la qualité interroge l’environnement scolaire, la qualification des enseignements et la motivation des enseignants. Quand on dit l’environnement scolaire, c’est les effectifs, les infrastructures, la documentation. La qualité est un défi mondial dans l’agenda 2030 avec 17 objectifs de développement durable dont l’objectif 4 qui met l’accent sur la qualité, l’équité, la transparence. Cette année, c’est une année spéciale, marquée par la pandémie qui a bouleversé l’ordre mondial et cette pandémie a également touché les systèmes éducatifs. Mais pour le Cusems, sa position a toujours été claire. Nous avons dit en la matière, il faut écouter les sachants. C’est-àdire ceux qui gèrent le comité national de gestion des épidémies. Pour les résultats de cette année, avec la pandémie, on a eu 20 élèves par classe. Il y a eu une maitrise des effectifs et la maitrise des effectifs est un intrant de qualité. Deuxième aspect, il y a l’allègement des programmes. Troisième aspect, on a allégé la charge des enseignants. Il y a également l’encadrement à distance avec les réseaux sociaux. Beaucoup d’enseignants ont créé des groupes Whatsapp. Le ministère de l’Education a créé un canal même ce n’est pas bien ancré mais cela a un tout petit peu aidé les élèves. Il y a aussi le temps qui a permis aux élèves d’assimiler les cours. Pour nous, ce n’est pas surprenant qu’on ait ces résultats. C’est pourquoi, nous félicitons les élèves, les parents mais nous tirons le chapeau aux enseignants parce que ce n’était pas évident. Il y avait la pandémie mais aussi l’hivernage. Les sujets qui ont été donnés sont des sujets qui ont été réfléchis, pensés. Ceux qui ont évalué, ce sont des enseignants diplômés qui ont toujours évalué le bac comme le Bfem et le Cfee.
SAOUROU SENE, SECRETAIRE GENERAL DU SAEMS «Le tout cumulé devait donner les résultats que nous avons obtenus»
Tout le monde a noté la particularité de l’année scolaire et tout le monde avait craint qu’on arrive à une année blanche ou à des résultats catastrophiques. Mais il faut se rappeler qu’en ce qui ce concerne les classes d’examen du bac, bien avant la reprise du 25 juin, nous avions noté que beaucoup de professeurs avaient déjà créé des groupes Whatsapp et ils entretenaient leurs élèves à distance parce que du moment que tout le monde savait que l’Etat n’allait pas déclarer l’année blanche, les gens s’étaient déjà organisés. Le deuxième élément, c’est que ces élèves qui devaient faire le bac, ils sont d’un âge mûr et l’internet aidant aussi beaucoup d’entre eux, ils se sont mis à faire leurs recherches dans toutes leurs disciplines. Le troisième élément, c’est que les parents d’élèves aussi ont senti la nécessité d’avoir des répétiteurs pour un encadrement rapproché. En dehors de ces initiatives qui relèvent un peu de l’informel, lorsqu’on devait reprendre les cours le 25, il n’y a que les classes d’examen qui ont repris. Là où le professeur avait une classe de Seconde, de Première et de Terminale, cette fois-ci, il se consacre uniquement à sa classe de Terminale. Ensuite, en ce qui concerne les effectifs des élèves, d’habitude le professeur avait en face de lui 80 jusqu’à 90 voire 100 élèves et lorsqu’on a fait la reprise le 25 juin, c’est des effectifs de 20 élèves qu’ils ont dans leurs classes. Donc, c’était très gérable. Le tout cumulé devait donner les résultats que nous avons obtenus. Maintenant, je crois ce qu’il y a comme principal leçon, c’est d’abord de mettre en exergue le patriotisme des enseignants durant cette période-là. Les classes d’examen ont bénéficié d’un encadrement très rapproché. J’allais même dire d’un élan de mobilisation de tout le monde. Ensuite, là où il faut vraiment mettre l’accent, c’est de montrer que si les enseignants du Sénégal avaient à gérer des effectifs raisonnables dans leurs classes, ils produiraient des résultats meilleurs que ce nous avions l’habitude de voir.
MAROUBA FALL, SECRETAIRE CHARGE DE LA COMMUNICATION DE L’UNAPES «C’est tout à fait normal qu’on ait un taux de réussite élevé»
Les élèves n’ont pas fait le quantum horaire. Toutes les leçons n’ont pas été faites. Les classes n’étaient pas remplies comme d’habitude à cause du respect de la distanciation physique. Donc, on a allégé le programme. Au bac, on ne peut que poser des questions que sur ce que les élèves ont appris. C’est ce qui explique le taux de réussite élevé. Il n’y a pas autre chose. C’est tout à fait normal qu’on ait un taux de réussite élevé. Il n’y a pas de tricherie. Les élèves ont travaillé dans de bonnes conditions avec la distanciation physique, un élève par table par exemple. C’est vrai que les années précédentes, on n’atteignait pas 50%. Cette année, partout on a presque dépassé 50% et dans tous les examens.
sud quotidien
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