ÉLECTIONS MUNICIPALES : LA BATAILLE DE DAKAR AURA LIEU

05 - Août - 2020

Remporter la bataille de Dakar ! C’est ce challenge presque titanesque que la mouvance présidentielle doit relever au soir de la tenue des élections locales, prévues au plus tard le 21 mars 2021. De toute évidence, le Chef de l’Etat, Macky Sall ne peut plus supporter les défaites successives de son camp dans la capitale sénégalaise. Après les élections municipales de 2014 où tel un ouragan, Takhaxu Ndakarou  avait tout balayé sur son passage. Khalifa Sall va encore administrer une deuxième défaite à la coalition présidentielle lors des élections pour le Haut Conseil des Collectivités Locales (Hcct). Ce qui fait monter les enjeux avec des ténors prêts à tout pour contrôler la capitale sénégalaise.

 

Au moment où les états-majors affûtent leurs armes en direction des élections locales, prêts à livrer la bataille pour remporter Dakar, la date de leur tenue qui n’est toujours pas arrêtée, ressemble à une arlésienne. Le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a laissé au Général Mamadou Niang et ses camarades de la commission cellulaire du dialogue politique la latitude de retenir une date pour les élections locales, d’ici le 21 mars 2021.

Toutefois, la date exacte des élections locales n’est toujours pas connue, au vu des lenteurs notées lors du dialogue. A cela s’ajoute la survenue de la pandémie de la Covid-19 qui a remis aux calendes grecques toutes les prévisions, notamment l’audit du fichier électoral, tout comme l’évaluation du processus électoral. Pour autant, les différents responsables politiques affûtent leurs armes, en sourdine. Ou du moins, dans certaines localités comme Dakar, Ziguinchor, Parcelles, et ailleurs, certains responsables politiques cachent mal leurs intentions d’aller à la conquête des municipalités.

A Dakar, la bataille pour le contrôle de la capitale sénégalaise, aux élections locales prochaines, a démarré depuis belle lurette. Mais, il faudrait bien un leader pour vaincre le signe indien. Parce qu’en réalité, le président Macky Sall est le seul chef d’Etat qui n’a pas encore un maire, aux couleurs de son parti, à la tête de la ville de Dakar. De toute évidence, de manière officielle, c’est le Vice-président à l’Assemblée nationale, non moins ancien Président du parlement de la Cedeao, qui a fait cas de ses ambitions de déboulonner le maire de Dakar, poste occupé aujourd’hui Soham Wardini. Pour rappel, lors du lancement de son mouvement “Horizon 2020 ak Yokkute”, dimanche 5 août 2018, à Dakar, Moustapha Cissé Lo avait clairement déclaré: «lors des prochaines élections locales, je ne vais pas croiser les bras. Je vais briguer la mairie de Dakar».

ABDOULAYE DIOUF SARR DOIT CONVAINCRE AVEC LA COVID-19 

Si “El pistoléro“, exclu de l’Apr après son dérapage verbal contre des responsables de l’Apr, en attendant sa réintégration, avance à visage découvert vers la municipalité de la ville de Dakar, ses camarades de parti, en l’occurrence le ministre-maire de Yoff, Abdoulaye Diouf Sarr et le ministre-coordonnateur de l’Apr aux Parcelles, non moins chef de la diplomatie sénégalaise, Amadou Ba, déploient en sourdine des stratégies. L’illustration parfaite de ce combat silencieux reste sans conteste la guerre qui a fait rage au niveau de la Convergence des Jeunesses républicaines (Cojer) du département de Dakar.
Le ministre-maire de la commune de Yoff, Abdoulaye Diouf Sarr, qui a du mal à cacher ses ambitions pour le fauteuil de la ville de Dakar, aurait souhaité contrôler ladite structure en mettant à sa tête, poste resté vacant depuis longtemps, un de ses poulains. Ce serait d’ailleurs l’origine de la bataille rangée qui avait émaillé l’Assemblée générale élective de ladite instance, le mardi 7 août 2018, car Abdoulaye Diouf Sarr aurait voulu imposer Ndèye Touty Lô des Parcelles et Amadou Niang de la commune de Biscuiterie, au niveau de la coordination. Qui plus est, le ministre-maire de Yoff qui s’est vu attribuer la responsabilité de coordonner les Cadres de l’Apr, par le Président Sall, pense avoir pris des galons et semble même devancer ses concurrents au sein l’Apr. Il s’était alors fixé comme mission de massifier l’Apr pour en faire un parti leader dans le département de Dakar, notamment les 19 communes de la capitale. Ce qui lui aurait permis d’émerger comme le leader de Dakar. Quid cependant de sa gestion de la pandémie de la Covid-19 aujourd’hui décriée par nombre d’observateurs, surtout avec la forte propagation de la pandémie, sans compter les fortes sommes avancées çà et là dans la riposte? Tout cela ne risque-t-il pas de plomber les ambitions du ministre-maire ?

AMADOU BA BIEN POSITIONNE ET QUELQUE PEU ISOLE

 L’actuel ministre de la Santé n’est pas le seul à exprimer un besoin de survie politique pour ne pas se faire écraser en perspective des prochaines joutes électorales prévues au plus tard le 21 mars 2021. En pole position pour diriger la mouvance présidentielle aux prochaines locales, il y a Amadou Ba. En effet, il est avantagé par ses récentes performances lors des dernières élections législatives de 2017 où il a réussi un coup de maître, en renversant la tendance dans la capitale sénégalaise. Tête de liste de la coalition Benno Bokk Yakaar à Dakar, il a réussi là où Aminata Touré et Abdoulaye Diouf Sarr avaient échoué en 2014, lors des locales, et en 2016 à l’issue des élections du Haut conseil des collectivités territoriales. Le responsable ‘’apériste’’ des Parcelles Assainies a, en effet, fait tomber le mythe Khalifa Ababacar Sall resté invaincu dans la capitale dakaroise depuis les élections locales de 2009, lorsqu’il a été porté à la tête de la ville de Dakar par la coalition Benno Siggil Senegaal. Mais, il semble être freiné dans ses ardeurs par le chef de l’Etat qui lui a fait quitter la puissante station de ministre de l’Economie, des Finances et du Plan pour celle de ministre des Affaires étrangères. Un changement de poste qui avait suscité moult interrogations, les unes plus loufoques que les autres. D’aucuns avaient même soutenu que le «refus» de M. Ba avait retardé la formation du gouvernement de Macky Sall de 48 heures, après la présidentielle de 2019. D’autres avançaient l’idée selon laquelle la scission du ministère qu’il avait occupé avant la présidentielle serait à l’origine de ce refus, obligeant ainsi le président à lui octroyer un ministère de souveraineté, à savoir les Affaires étrangères.

AMINATA TOURE PEUT REPRENDRE DU POIL DE LA BETE

 Tout comme Abdoulaye Diouf Sarr, fortement impacté par la Covid-19, Aminata Touré avait subi, elle aussi, les affres de sa débâcle politique de 2014, lors des élections locales de la même année. Alors tout puissant Premier ministre après s’être brillamment illustrée au ministère de la Justice, notamment avec la traque des biens supposés mal acquis, elle s’était mesurée au maire de Dakar dans sa quête de popularité et de légitimité dans la capitale sénégalaise et dans le dispositif Bby. Mimi s’était alors présentée contre Khalifa Sall à la mairie de Grand-Yoff, dans son fief. Mais elle sera vaincue lors de ces joutes électorales, perdant de facto son poste de PM. Ce qui avait entrainé le transfert de son vote de Grand-Yoff à Gossass (Kaolack), dans sa localité d’origine. Ses multiples tentatives de rebondir à travers différentes initiatives, pour sortir la tête de l’eau, peuvent cette fois-ci prospérer avec le poste de présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese) qu’elle occupe présentement, après avoir arboré le manteau d’Envoyée Spéciale du Président de la République.

ALIOUNE NDOYE, LE TROUBLE-FÊTE 

Cependant, au-delà de la guerre de positionnement qui fait rage dans le parti présidentiel, il faudrait aussi résoudre l’équation Benno Bokk Yakaar (Bby), ou plutôt cette grande coalition appelée “Majorité présidentielle“. Le chef l’Etat, prendra-t-il le risque de vouloir barrer la route à l’actuel ministre de la pêche, non moins maire de Dakar Plateau  ? Le PS ne cracherait pas sur un maire socialiste, de surcroit issu de la communauté «leboue» fortement représentée à Dakar. Alioune Ndoye a pris des galons, faisant de lui un potentiel challenger contre tous les aspirants au poste de maire de la ville de Dakar. La liste concernant les aspirants au fauteuil de l’ancien maire de la ville de Dakar, Khalifa Sall, est loin d’être exhaustive. On pourrait même citer, l’ancien directeur général de l’Agence de gestion du patrimoine bâti de l’État (AGPBE), propulsé depuis octobre 2015 à la tête du département de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène Publique. Toutefois, le dilemme cornélien dans lequel se trouve le chef de l’Etat, Macky Sall, obligé d’arbitrer entre un maire issu de son parti, ce qui pourrait être analysé par les uns et les autres comme son dauphin, ou un autre sorti des flancs des partis alliés de la mouvance présidentielle pour éviter de saper l’unité de la grande coalition, expliquerait cette idée de nomination du maire de la ville de Dakar agitée par certains. Le moins que l’on puisse dire, c’est que lors des prochaines joutes locales dont la date dépendra surement de l’évolution de la Covid-19 et de de la maîtrise sanitaire, la bataille de Dakar aura bel et bien lieu dans le camp de la majorité présidentielle.

Sud Quotidien

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