« EMBASTILLER » ADAMA GAYE EST UN MAUVAIS COUP PORTE A LA DEMOCRATIE SENEGALAISE

14 - Août - 2019

J’ai déjà eu l’occasion il y a quelques temps d’évoquer la situation de Adama Gaye notre ami journaliste sénégalais victime depuis quelques temps des manœuvres d’intimidation du pouvoir. J’y reviens car je trouve scandaleuses les poursuites dont il fait l’objet pour « offense au chef de l’Etat ». Ce délit en effet n’est pour ainsi dire jamais pris en compte par aucune des grandes démocraties du monde soucieuses de la pluralité des opinions et du respect des libertés individuelles.

Cette judiciarisation de notre vie politique constitue à mes yeux un précédent dangereux qu’on ne peut passer sous silence. Si un journaliste, au Sénégal, n’a plus la possibilité de dénoncer la mauvaise gestion des autorités dans les secteurs du pétrole et du gaz, (alors même qu’Aliou Sall, le frère du président, soupçonné de corruption dans l’attribution des marchés publics, a dû récemment démissionner de son poste de président de la Caisse des Dépôts et Consignations), alors, je pose la question : Dans quel Etat vivons-nous ? Le Sénégal peut-il encore prétendre être un Etat de droit dans ces conditions ?

Alors que notre pays s’apprête à entrer dans le top 10 africain des producteurs de gaz et que cette manne inespérée risque de bouleverser l’actuel classement de l’indice du développement humain où nous figurons à la 162ème place il est important que toute la transparence sur l’exploitation des gisements puisse être faite.

Nous sommes en effet un pays jeune de seulement 16 millions d’habitants et ces réserves pourraient dans un proche avenir nous permettre de faire face aux immenses défis qui sont les nôtres en matière d’éducation et de santé. Aucun franc CFA ne doit donc être détourné de ce à quoi il est destiné d’où un nécessaire contrôle des gains financiers de l’Etat évalués à quelques 30 milliards d’euros sur trente ans. L’émergence est là à condition également que le pays ne s’installe pas dans une économie de rente et qu’on puisse vérifier que les contrats de services passés avec les compagnies ne permettent à certains, notamment en raison de liens de parenté, (suivez mon regard) de s’enrichir indûment.

Le monde pétrolier est en effet très corruptogène, et c’est pourquoi le rôle des journalistes, comme Adama Gaye est essentiel dans notre République en tant que contre-pouvoir. Le Sénégal est depuis sept ans, secoué par de multiples crises politiques et sociales (emprisonnement de Khalifa Sall, exil de Karim Wade, détention arbitraire de Guy Marius Sagna, soupçons de corruptions et détournements, traque des activistes sur les réseaux sociaux, etc ... ) Depuis l’avènement de Macky au pouvoir le débat est devenu partisan et l’objectivité rarement observée. Ailleurs quand la société est dans la tourmente c’est la parole de l’élite libérée, notamment celle des journalistes qui permet d’éclairer les citoyens perdus. Or l’élite sénégalaise se tait, enfermée et empêtrée dans les calculs d’intérêt ou par peur d’être ridiculisée et traînée comme de vulgaires voleurs de poules à la DIC. Au grand dam de ceux d’entre nous qui se posent beaucoup de questions le ministre de la justice Malick Sall et le procureur Bassirou Guèye agitent la répression au nom de « BAYE – SALL » .

Vouloir museler Adama Gaye comme on le fait aujourd’hui est un très mauvais signe qu’envoie le pouvoir Sénégalais à toute la communauté internationale. La confiance ça se mérite, elle ne se décrète pas !

Ibrahima Thiam
Président du mouvement “Un Autre Avenir”

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

24 - Novembre - 2021

OUSMANE SONKO, LES TEMPS FORTS DE SA CONFERENCE DE PRESSE

Le président de Pastef, Ousmane Sonko, était face à la presse, mercredi 24 novembre. Cette sortie médiatique intervient quelques jours seulement après son refus...

24 - Novembre - 2021

« LE PRESIDENT LE PLUS VIOLENT… » : UN REQUISITOIRE DE 20 MN DU PRESIDENT DE PASTEF QUI « ENFONCE » MACKY SALL

Ses détracteurs qui le considèrent comme un va-t-en-guerre, un inconditionnel de la violence vont peut-être revoir leur copie. En conférence de presse, mercredi 24...

24 - Novembre - 2021

OPINION : UNE CHARTE DE NON-VIOLENCE : POUR QUOI FAIRE ? (PAR BASSIROU DIOMAYE FAYE)

1- Y a t- il violence ou germes de violence? Fait indéniable, la violence est là. Ce ne sont pas des germes de violence. C’est une grande forêt d’actes et propos...

24 - Novembre - 2021

GOUVERNEMENT : LE POSTE DE PREMIER MINISTRE RÉTABLI

Un projet de loi portant révision de la Constitution a été adopté ce mercredi, en Conseil des ministres. A cet effet, le poste de Premier ministre, supprimé par...

24 - Novembre - 2021

Macky Sall à Kinshasa contre les violences faites aux femmes et les filles en Afrique alors que les féministes du Sénégal crient à l'apologie du viol

Le Chef de l’État Macky Sall a quitté Dakar ce mercredi à destination de Kinshasa, République Démocratique du Congo. A l'invitation de son homologue...