Entreprendre en Afrique, un parcours compliqué pour les diasporas africaines
24 - Novembre - 2016
Ils seraient environ 40 millions dans le monde, selon la Banque Mondiale, les membres des « diasporas africaines », installés en dehors du continent. Beaucoup envoient des fonds à leurs proches. D'autres décident aussi d'entreprendre dans leur pays d'origine. Mais les obstacles et les difficultés sont nombreux, notamment pour recruter sur place.
Au fil de ses voyages au Sénégal, Biné Tamboura croise de nombreux petits entrepreneurs. Des agriculteurs qui n’arrivent pas à faire financer leurs projets.
Ils sont trop risqués pour les banques et les fonds d’investissement. Alors, Biné Tamboura a une idée : créer une plateforme de crowdfunding, de financement participatif via Internet. Il se donne jusque l’été prochain pour recruter sur place les salariés du site web...
« Je souhaite que ma plate-forme soit installée au Sénégal. J’aurai donc besoin de développeurs là-bas », explique Biné Tamboura. « Mais il existe un problème de formation aux nouvelles technologies. De nombreux projets de formation sont en cours, mais ils n’ont pas encore abouti. »
Des blocages administratifs
Fofana Oumar a aussi connu des difficultés pour recruter. Depuis deux ans, il emploie six habitants dans son village d’origine, à Missirah, au centre du Sénégal. Ses employés nettoient les rues, ramassent les ordures et les déposent dans une déchetterie. A priori, pas besoin de compétences spécifiques. Les blocages sont plutôt d’ordre administratif.
« Je devais trouver et recruter des personnes disposant d’une pièce d’identité, d’un compte bancaire, d’un numéro de sécurité sociale », détaille Fofana Oumar. « Bref, d’un véritable statut. J’ai donc dû enregistrer administrativement tout le monde avant de pouvoir débuter le projet. » Il ajoute : « J’ai vu beaucoup de gens reculer face à ces difficultés-là. Nous, nous avons continué. Car nos familles se trouvent là-bas. Nous étions pionniers. Nous devions mener à bien ce projet. »
Trouver des financements
Le projet de Fofana Oumar a été accueilli à bras ouverts par les autorités locales. C’est souvent l’inverse pour les chercheurs, les ingénieurs issus de la diaspora, selon Roland Portella, président de la Coordination pour l’Afrique de demain. L’homme aide des expatriés à lancer une activité dans leur pays d’origine.
« Les États africains ont toujours ce complexe qui fait qu’un scientifique européen ou asiatique aura plus de considération qu’un scientifique africain », analyse-t-il. « Pourtant, ces derniers veulent apporter leurs savoirs, développer leurs brevets sur place. Dans les secteurs de l’énergie ou encore des innovations technologiques, les diasporas ont la clé, ont des solutions concrètes », souligne-t-il.
Encore faut-il que ces créateurs trouvent des financements. Une solution, à terme : recevoir une partie des fonds envoyés par les diasporas africaines. L’an dernier, selon la Banque mondiale, elles ont exporté plus de 35 milliards d’euros vers le continent. Rfi
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