Flux financiers illicites : Le Sénégal perd plus de 95 milliards de FCFA dans les industries extractives

26 - Novembre - 2024

Les flux financiers illicites représentent une véritable hémorragie économique pour les pays africains, et le Sénégal n'échappe pas à ce fléau. Lors d’une table ronde organisée par l’USAID, la Natural Resource Governance Institute (NRGI) et l’ONG 3D, l’expert britannique William Davis a tiré la sonnette d’alarme. Selon lui, « le Sénégal perd chaque année 95,5 milliards de FCFA en raison de ces pratiques frauduleuses. »

Ces pertes, qui échappent au contrôle de l’État, concernent principalement les industries extractives. « ,À l’échelle continentale, environ 33 % des pays africains perdent une partie significative des revenus tirés de leurs ressources naturelles, plongeant leurs économies dans une vulnérabilité croissante », a expliqué M. Davis.

Malgré son adhésion à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), le Sénégal peine à maîtriser les flux économiques générés par ses hydrocarbures. Pire encore, le pays figure, depuis 2021, sur la liste grise de l’Indice de perception de la corruption (IPC), un classement qui reflète les défis persistants en matière de transparence et de gouvernance.

Les institutions de contrôle au Sénégal existent, mais leur efficacité reste entravée par un manque de volonté politique. « Nous avons des problèmes avec les banques et la justice, mais aussi un déficit de redevabilité. Les populations en souffrent, et de nombreux contrats ne sont pas publiés », avait déploré Birahim Seck, membre de la société civile lors du contre-sommet organisé en marge des 20 ans de l’ITIE au Sénégal, en 2023.

Pour Elimane Kane, un autre paneliste, l’ITIE ne constitue pas une solution miracle. « Elle contribue à améliorer la transparence, mais ses actions restent limitées. Le véritable problème réside dans l’absence de planification pour l’exploitation de nos ressources minières », a-t-il expliqué.
Un autre expert a pointé du doigt le manque d’initiatives éducatives pour lutter contre ce phénomène. « Le module sur les flux financiers illicites n’est même pas enseigné dans les écoles d’administration, ce qui freine la formation de cadres capables de contrer ces pratiques », a-t-il regretté.

Selon le journal Libération, le constat est clair : malgré des efforts annoncés, les États africains, y compris le Sénégal, continuent de perdre des sommes astronomiques. Cette hémorragie économique risque de s’aggraver, au détriment des populations qui demeurent les premières victimes de cette mauvaise gestion des ressources naturelles.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

10 - Janvier - 2025

31eme anniversaire de la création de l'UEMOA : Le message de Abdoulaye Diop, Président de la Commission

A l'occasion de la célébration du 31eme anniversaire de la création de l'Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), le Président de la...

10 - Janvier - 2025

Air Sénégal dans la tourmente : La dette de la compagnie estimée à plus de 100 milliards de francs CFA

La dette de la compagnie nationale Air Sénégal est estimée à plus de 100 milliards de francs CFA. C’est du moins ce que fait savoir le Directeur...

09 - Janvier - 2025

Grands investissements de l’Etat : Sonko centralise toutes les dépenses

En conseil des ministres hier, mercredi 8 janvier, le Premier ministre, Ousmane Sonko, a décidé que désormais, toutes les dépenses d’investissement de...

09 - Janvier - 2025

Recettes fiscales : une hausse de plus de 287 milliards FCFA en 2024

La gestion budgétaire portant sur les onze premiers mois de l’année 2024 a été marquée par une progression modérée de la mobilisation des...

09 - Janvier - 2025

Sénégal : Adoption de deux projets de lois qui vont changer les gouvernances financières dans les banques

Le gouvernement a adopté ce mercredi en Conseil des ministres, d’abord, le projet de loi portant réglementation de la microfinance en application des directives de...