FORUM DE DAKAR : MACKY SALL CRITIQUE SÉVÈREMENT LES METHODES ONUSIENNES DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME

Macky Sall propose une stratégie de guerre face aux terroristes. Hier, face au Premier ministre français et son homologue mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, le chef de l’Etat s’est défoulé sur l’Organisation des Nations- unies dont il juge les méthodes de lutte contre le terrorisme inefficaces. C’est dans une salle pleine du Centre international de conférences Abdou Diouf à craquer, devant un parterre d’experts des questions sécuritaires venus des quatre coins du continent et d’autres régions du monde — mais aussi, hélas, de militants de son parti —que le président Sall a écarté le dis- cours préparé pour lui afin d’attaquer (ou)vertement le système de maintien de la paix de l’Onu contre les djihadistes au Sahel. « combattre le terrorisme au Sahel est à la fois un devoir de solidarité et un impératif de sécurité collective. En Afrique ou hors du continent, nous sommes tous menacés et nous avons tous intérêt au maintien de la paix. Mais pour main- tenir la paix, encore faudrait-il d’abord la rétablir pour ce qui concerne le Sahel », a d’abord déclaré le président Macky Sall en in- diquant que ce sont ces défis qui se posent au multilatéralisme de nos jours. « Le thème de cette sixième édition du forum suggère d’interroger nos pratiques et d’explorer les améliorations aussi afin de rendre plus efficaces les missions de paix et de sécurité en Afrique. Po- sons alors les questions de fond. Pourquoi, en dépit de la présence plus massive de forces internationales, la situation continue de se dégrader au Sahel ? J’espère que le forum nous apportera des réponses à ces questions. Notamment celle portant sur comment articuler et coordonner les différentes initiatives déployées sur le terrain de façon à rendre leurs actions plus cohérentes et plus efficaces ».
Selon le président de la République, il faudra que les pays du Sahel et leurs partenaires prennent le problème à bras le corps face à l’inefficacité de l’Onu dans la zone. « Plus de 14 000 hommes de la Minusma et plus de 5000 du G5 Sahel, plus de 19 000 hommes, sans compter Barkhane et tout le reste en plus de l’armée malienne. Ce n’est pas moins de 30 mille hommes qui sont sur le terrain et qui sont pris en otages par une bande d’individus. Il y a un problème ! Pourquoi ne sommes-nous pas capables de régler ce problème ? Où se situe le problème, c’est ça que nous devrions trouver, articuler les actions, mettre en cohérence. S’il le faut, on met le tout sous un commandement unique. Pour cela, l’Onu doit évoluer dans les concepts. Cela dit, comme je l’ai déjà déclaré, je ne veux pas faire le procès de l’Onu, car l’Onu c’est nous- mêmes. Il faut qu’elle accepte de se réformer et réformer ses procédures », estime-t-il.
« Cette situation est le fait des membres du Conseil de sécurité » indique le président Macky Sall
Avant de poursuivre : « Tout cela n’est pas le fait du Secrétariat général mais des chefs d’Etat en particulier des membres permanents du Conseil de sécurité. Il faut un mandat robuste au Mali. La Russie et la Chine également sur le Sahel acceptent de donner le mandat robuste pour qu’on en finisse avec ce qui se passe dans le Sahel. Ces missions servent à payer des indemnités aux soldats dans nos pays, c’est bien et confortable. Mais on perd de l’argent durablement en aggravant la situation sur le terrain. Donc, il urge qu’il y ait une réforme sur le système d’opérations de maintien de la paix dans les zones où le terrorisme sévit ». Macky Sall convient toutefois que, dans d’autres zones, le modèle actuel convient parfaitement. Mais pas au Sahel. Selon lui, c’est en réponse à cette préoccupation que le Sénégal n’a eu de cesse, au cours de son mandat au conseil de sécurité de l’ONU sur la période 2016-2017, de plaider pour des mandats robustes et des règles d’engagement adéquat pour venir à bout des groupes terroristes au Sahel. Selon Macky Sall, cela est possible bien que la réponse contre le terrorisme ne soit pas que militaire. Elle est aussi dans les stratégies préventives et durables, autrement dit elle est économique, éducationnelle et doctrinale. « Mais dans l’urgence, face à des forces terroristes armées et déterminées, il n’y a d’autres choix que d’opposer à des forces militaires supérieures, mieux armées et plus déterminées. Autrement, les groupes terroristes vaincus ailleurs en Irak vont trouver dans les vulnérabilités en Afrique des sanctuaires où ils vont prospérer et se réorganiser pour poursuivre leur expansion », prévient-il.

 Avec Le Témoin