FRANCE : AU NOM DE LA LUTTE ANTITERRORISTE, LA DROITE DURCIT LE TON SUR L'IMMIGRATION

26 - Avril - 2021

En France, à moins d'un an de la présidentielle, la droite, qui cherche à casser le duel Macron/Le Pen annoncé pour 2022, durcit le ton sur l'immigration, les potentiels candidats  rivalisant de fermeté au nom de la lutte contre le terrorisme.

«Il faut cesser de nier le lien entre terrorisme et immigration, il y a un lien, notamment avec l'immigration la plus récente», a déclaré dimanche la présidente ex-LR de la région Ile-de-France Valérie Pécresse, deux jours après l'attaque au couteau d'une fonctionnaire de police à Rambouillet. Le meurtrier présumé, abattu par la police, était un Tunisien arrivé irrégulièrement en France en 2009 et régularisé en 2019 - ce que la droite a largement dénoncé ce weekend. «Si cet individu avait été expulsé comme il se devait, la policière serait encore vivante. Le laxisme migratoire est une bombe placée au coeur de notre pays», a affirmé le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau au Point. «Nous devons reprendre en main notre politique migratoire», a lancé dimanche le président (ex-LR) des Hauts-de-France Xavier Bertrand, candidat à la présidentielle, en évoquant par ailleurs des «peines de 50 ans» pour les personnes condamnées pour terrorisme.

Pour le politologue Pascal Perrineau, la droite accompagne un «retour en force de la préoccupation sur la sécurité» dans l'opinion. «Quand vous testez ce que devrait faire le pouvoir politique, ce sont des mesures dures, et parfois très dures qui ressortent. Cela atteint de très hauts niveaux à droite et à l'extrême droite mais importants aussi à gauche», ajoute-t-il. Cette tendance s'exacerbe à droite où «il y a une bataille pour la reconquête de l'électorat» parti chez LREM, souligne-t-il. «Sur le sanitaire, l'économique ou le social,Les différences ne sont pas énormes. En revanche sur la sécurité vous pouvez avoir des clivages réels.»

«Civilisation»
D'autant que le bilan sécuritaire d'Emmanuel Macron reste un de ses points faibles, jugé négatif par 65% des Français dans un récent sondage Elabe. Accusé de «laxisme» par Marine Le Pen, le gouvernement a nommé un préfet à l'immigration et dévoile mercredi un projet de loi antiterroriste. Le chef de l'Etat avait lui-même, en novembre, plaidé pour «intensifier» la lutte contre l'immigration clandestine et les réseaux de trafiquants «qui, de plus en plus souvent, sont liés aux réseaux terroristes». A droite, où il faut pour ne pas disparaître trouver le bon candidat pour accéder au second tour de la présidentielle en 2022, l'enjeu interne est aussi d'«être celui qui existera lorsqu'il y aura le départage», selon M. Perrineau. Chacun y va donc de sa proposition, rivalisant de fermeté.

Xavier Bertrand, qui avait évoqué des «peines automatiques» pour les agresseurs de policiers après le procès de Viry-Chatillon, a plaidé dimanche pour «durcir les conditions de regroupement familial» et estimé qu'un sans-papier «ne doit pas rester en France». Valérie Pécresse a appelé à réinstaurer le délit de séjour irrégulier, abrogé en 2012. Autre candidat potentiel, le président LR de la région Rhône-Alpes Laurent Wauquiez a mis en garde mi-avril contre «un processus de libanisation», estimant que «l'immigration doit être arrêtée tant qu'on n'a pas réussi à l'intégrer». Ailleurs dans le parti, le député Eric Ciotti a proposé lundi que «ceux qui sont entrés illégalement en France n'aient aucun droit». Et beaucoup partagent désormais, à droite, sa remise en cause de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).

Au risque de brouiller les lignes: la sécurité «est un sujet qui rassemble de manière spectaculaire l'électorat de droite et celui du Rassemblement national», estime Frédéric Dabi, directeur adjoint de l'Ifop, parlant de compétition entre Marine Le Pen et éventuellement Xavier Bertrand s'il est désigné par LR, Xavier Bertrand l'a affirmé dimanche: «ce qui est en train de se passer aujourd'hui, c'est une remise en cause de ce qu'est la France». Pour Bruno Retailleau, «ce qui se joue dans les années qui viennent, c'est la survie de la France en tant que nation et celle de l'Europe en tant que civilisation».

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

27 - Novembre - 2020

PREMIÈRE RENCONTRE OFFICIELLE: CE QUE MACKY SALL ET IDRISSA SECK SE SONT DIT

Macky Sall a officiellement reçu Idrissa Seck ce jeudi. Une rencontre qui a eu lieu au Centre international de conférence Abdou Diouf, en marge de la cérémonie...

27 - Novembre - 2020

Cheikh Bara Doli recadré par Abdoulaye Daouda Diallo suite à ses accusations contre Mame Boye Diao

Les propos du député Cheikh Abdou Mbacké Bara Doli à l’endroit du directeur des domaines, ce jeudi, ont été jugés excessifs. Le ministre des...

27 - Novembre - 2020

Les 3 Commandements de Wade en perspective de 2024: Mobilisation, Organisation et Retour triomphal du candidat Karim Wade

​En perspective de la présidentielle 2024, le secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade, a défini les trois commandements du Parti démocratique...

27 - Novembre - 2020

Nomination de Awa Gueye Kébé : "Idy fait la leçon à Macky", selon Moustapha Diakhaté

Moustapha Diakhaté aurait-il la nostalgie de retrouver ses anciens camarades de l'Alliance pour la République (Apr)? En effet, exclu des rangs de ce parti pour «des agissements...

27 - Novembre - 2020

L'histoire se répète comme autrefois et comme toujours, surtout l'histoire politique.

Le 09 novembre 2008, un certain Macky SALL président de l'assemblée nationale de la république du Sénégal, avec courage et détermination, sans attendre...