France : Le contrôle des chômeurs dans le viseur du gouvernement

18 - Octobre - 2017

Le patron du Medef, Pierre Gattaz, qui juge capitale la question du contrôle de recherche d'emploi, a évoqué mardi un «contrôle journalier». Emmanuel Macron a lui aussi évoqué la question d'une verification accrue dimanche, sur TF1.

Un «contrôle hebdomadaire», voire «journalier». Á sa sortie d'un entretien avec le premier ministre, à Matignon, le numéro un du Medef, Pierre Gattaz, a réaffirmé son souhait mardi d'établir un suivi plus régulier des chômeurs dans leur recherche d'emploi. «C'est un contrôle qui est important», a-t-il dit. «Dans certains pays, c'est journalier, dans d'autres pays c'est hebdomadaire», a-t-il ajouté, prenant aussi l'exemple du Canada où lorsque «les personnes partent en vacances» elles ne reçoivent plus l'allocation. Soulignant qu'il fallait «aider ceux qui ont vraiment besoin de formation», le patron des patrons a affirmé qu'il y avait aussi «des gens qui profitent du système», sans pour autant être «hors-la-loi». Une proposition qui passe mal du côté des syndicats.

Et la probabilité que la demande de Pierre Gattaz trouve écho auprès de l'exécutif et du président de la République est importante. Début 2017, alors candidat à l'élection présidentielle sous la bannière En Marche, Emmanuel Macron avait confié, aux Echos, sa volonté de conditionner les prestations à l'effort de recherche, le tout avec un «contrôle drastique». L'économiste Jean Pisani-Ferry, architecte du programme économique de l'ancien locataire de Bercy s'était lui aussi montré favorable à un contrôle de la recherche d'emploi «plus ferme». Autant de signes qui peuvent laisser espérer Pierre Gattaz, d'autant plus que cette volonté a été réaffirmée dimanche soir, depuis l'Elysée, sur TF1. “Il faut qu‘on s‘assure qu‘ils recherchent bien de manière active un emploi, il faut vérifier les efforts qui sont faits, et vérifier que ce n‘est pas un multirécidiviste du refus”, a indiqué Emmanuel Macron. “Donc je ne veux plus qu‘il y ait d‘effet d‘aubaine”.
Reste à préciser la manière, les modalités mais aussi la temporalité d'une telle mesure. Et le gouvernement pourrait, par exemple, s'inspirer de ce qui se fait Outre-Manche. En Grande-Bretagne, les chômeurs doivent se présenter à leur «Job Center» - l'équivalent des agences Pôle Emploi en France - et attester d'une recherche active toutes les deux semaines. En cas de refus d'une offre, les chômeurs sont susceptibles de perdre leurs allocations. Les chômeurs allemands doivent, eux, se présenter à tous les rendez-vous fixés par les centres d'emplois sous peine de voir leurs allocations diminuer. En outre, si un emploi est refusé le montant des allocations peut diminuer jusqu'à 30%.
12.000 contrôles par mois
Si cette proposition de Pierre Gattaz attire tous les regards, le contrôle des chômeurs existe pourtant déjà en France depuis 2008. En cas de deux refus successifs d'une offre considérée comme «raisonnable» (une rémunération égale à 85% du dernier salaire et un lieu de travail à une heure ou à 30 kilomètres maximum de son domicile), l'allocation peut être sensiblement diminuée. Toutefois, la procédure est compliquée et donc difficilement applicable.
Pour pallier cette lourdeur administrative, en 2015, après une phase de test en région, 200 personnes ont été dédiée à des tâches de contrôle, par Pôle Emploi. Un chiffre qui peut paraître dérisoire face aux plus de 3.5 millions de chômeurs en unique catégorie A, à la fin août. A cette heure, l'établissement public n'a pas publié de chiffres précis sur les résultats de ces opérations de contrôle. Pôle Emploi indique toutefois effectuer près de 12.000 contrôles par mois. Pour quel résultat? Encore une fois, peu de chiffres sont communiqués. D'après Les Echos, «seules quelques dizaines» de radiations sont «liées à des refus d'offres raisonnables». La vérification accrue voulue par Emmanuel Macron pourrait ainsi passer par une augmentation des équipes dédiées au contrôle.

Lefigaro

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