France: Le prochain président pourra-t-il relancer l'économie ?

09 - Mars - 2017

Michel Sapin, le ministre de l'Economie et des Finances table sur une croissance de 1,5% cette année. L'activité peut-elle progresser plus rapidement ?

Optimiste, Michel Sapin l'était lorsqu'il avait en charge le ministère du Travail et du Dialogue social. Jusqu'au bout, il avait soutenu mordicus que la courbe du chômage allait s'inverser à la fin de l'année 2013. Optimiste, il l'est toujours depuis son transfert à Bercy en 2014. A quelques semaines de la fin du quinquennat, il reste confiant quant à la capacité de l'économie française à progresser à un rythme de 1,5% cette année, conformément à la prévision fixée dans la loi de finances 2017.

"Je peux confirmer très clairement qu'une prévision de croissance de 1,5% en 2017 est aujourd'hui parfaitement raisonnable. Les principaux moteurs économiques de la France sont en marche", a déclaré mardi le ministre à l'issue d'un entretien avec Mario Centeno, son homologue portugais, dans le cadre de la cinquième conférence économique franco-portugaise organisée à Lisbonne.
Les indicateurs dans le vert

Devant la presse, Michel Sapin a mis en avant "la reprise de l'investissement, une consommation des ménages élevée, au plus haut depuis 2007, et des exportations positives". "Lorsque la prévision de croissance avait été établie à l'automne dernier, il y a eu beaucoup d'interrogations, mais toutes les données depuis le dernier trimestre 2016 et les premières tendances de 2017 confirment notre chiffre de 1,5%. Les entreprises sont prêtes à investir et créent des emplois ce qui permet au chômage en France de diminuer", a précisé le ministre. Espérons qu'il ne se trompe pas.

Ce serait une jolie performance. Si le PIB tricolore devait afficher une telle progression, celle-ci serait supérieure de 0,4 point à celle enregistrée en 2016.

Rappelons, pour l'anecdote, que la loi de finances 2016 tablait initialement sur une croissance de 1,5%, estimation révisée à l'automne par Bercy, dans la foulée de statistiques macroéconomiques médiocres. La consommation des ménages, le principal moteur de la croissance française, a subi quelques hoquets que n'a pas compensé la reprise de l'investissement des entreprises qui ne ne représente que 23% de la consommation des ménages et 12% du PIB.
Les économistes sont peu confiants

Tous les économistes ne partagent pas cette confiance. Si l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) envisage une hausse de 1,5% à 1,6% du PIB cette année, l'OCDE, qui a révisé de 0,1 point sa prévision ce mercredi anticipe une croissance de 1,4%.

La Banque de France est encore plus prudente et vise une croissance de 1,3% cette année. BNP Paribas est sur la même longueur d'onde.

Certains sont encore plus pessimistes. C'est le cas de Marc Touati, chez ACDEFI, qui estime à seulement 1% la progression annuelle du PIB et d'Alexandre Mirlicourtois chez Xerfi à peine moins prudent et qui table sur une croissance annuelle de 1,1% seulement.

A la différence de la plupart des candidats à l'élection présidentielle en 2012, qui semble-t-il, n'avait pas réellement pris la mesure de l'état de l'économie française après la crise de 2008-2009, les protagonistes actuels font preuve de modération. Ainsi, François Fillon envisage une croissance de 1,3% cette année puis de 1,5% en 2018. Emmanuel Macron est un tout petit peu plus optimiste, et table sur une hausse de 1,4% et de 1,8% du PIB en 2017 et 2018. Seul Jean-Luc Mélenchon témoigne d'un certain allant. Le candidat de la "France insoumise" vise une hausse de 1,8% du PIB en 2017 et en 2018. On attend le cadrage macroéconomique de Benoît Hamon. L'intégration du coût du revenu universel qu'il entend mettre en place compliquerait l'exercice.
Une estimation délicate

Un programme est-il de nature à stimuler davantage la croissance et l'emploi que les autres ? Gilles Moëc, le chef économiste Europe de Bank of America Merrill Lynch clôt le débat. "A ce jour, aucun des candidats à l'élection présidentielle n'est descendu assez dans les détails pour que l'on puisse faire une estimation sérieuse de leurs effets macroéconomiques. La granularité des mesures avancées est encore trop faible", estime-t-il. "La seule chose que l'on peut estimer, ce sont les effets des mesures adoptées par nos voisins ces dernières années. Si la France parvient à augmenter le taux de participation au marché du travail dans les mêmes propositions qu'en Allemagne après 2003, si la France arrive à faire baisser son taux de chômage à son niveau naturel à la même vitesse que l'Allemagne ces dernières années, alors, on peut raisonnablement penser que le taux de croissance potentiel de l'économie française, actuellement de 1,2%, pourrait grimper, à 2%", avance Gilles Moëc.

latribune

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

25 - Juin - 2024

Exploitation du pétrole du champ Sangomar : La vente de la première cargaison prévue début juillet

On connaît la date du début de la vente du pétrole du champ Sangomar. Selon les prévisions inscrites dans le Document de programmation budgétaire et...

24 - Juin - 2024

Baisse des prix du pain : Les meuniers annoncent l’arrêt de la production de farine

En réaction à la décision du Conseil national de la consommation du 21 juin 2024 de réduire le prix de la farine boulangère de 19 200 à 15 200 F CFA,...

24 - Juin - 2024

Transport aérien interurbain : Le ministre des Transports annonce la mise sur pied d’Air Sénégal Express

Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, El Malick NDiaye annonce la mise sur pied de la compagnie Air Sénégal Express. Cette nouvelle compagnie...

21 - Juin - 2024

GAZ et Pétrole : L’État du Sénégal dévoile les projets et comment il compte dépenser les recettes de 2025 à 2027

Le Document de Programmation Budgétaire et Économique Pluriannuelle (DPBEP) 2025-2027 offre une vue détaillée de l’évolution économique, des...

20 - Juin - 2024

Économie : Le Sénégal pourrait avoir accès à 230 milliards de FCFA vers la mi-juillet (FMI)

Le chef de la Mission du FMI au Sénégal, Edouard Gemayel, a annoncé, mercredi, que le Sénégal pourrait recevoir vers la mi-juillet près de 230 milliards...