France: Plusieurs grands patrons prennent position contre le projet de Le Pen
Plusieurs grands patrons français ont fait part, dans le journal Les Echos de mardi, de leurs points de vue à la fois "sévères et alarmistes" sur la menace que représente, selon eux, une possible élection de la candidate du Front National, Marine Le Pen à l'issue du second tour de la présidentielle, diamanche 7 mai. Ils emboîtent ainsi le pas au PDG de Paprec, premier grand dirigeant à mettre en garde contre le programme de Marine Le Pen, dans un entretien au Monde début avril.
Pour le PDG de Veolia, Antoine Frérot, par exemple, "mises à part les TPE et les PME, le Front national affiche une vision de grande défiance vis-à-vis des entreprises, alors que ce sont elles qui créent des richesses et des emplois". Quant à la sortie de l'euro, ce serait selon lui "une catastrophe pour les entreprises françaises et les habitants. Elle se traduirait par la hausse du prix des matières premières et des biens importés, ainsi que le renchérissement de beaucoup d'investissements industriels. En effet, pour vendre, il faut produire, et pour produire, il faut des machines-outils : or 90 % de celles utilisées en France proviennent de l'étranger".
"Comme dirigeant d'un grand groupe industriel et comme citoyen convaincu de la rupture historique que la construction européenne représente, je ne peux rester silencieux", clame pour sa part le président du comité exécutif du groupe Solvay, Jean-Pierre Clamadieu. Car selon lui, ce vote "menace lourdement l'avenir en s'attaquant directement à près de soixante ans d'histoire commune autour de la construction européenne".
Pour le PDG d'Atos, Thierry Breton, "l'élection de Marine Le Pen, que son programme soit appliqué ou pas, créerait immédiatement une incertitude dévastatrice. Avec pour conséquence mécanique une explosion des taux sur la dette française, dès le lendemain matin de l'élection, et un élargissement très significatif de l'écart de taux avec l'Allemagne".
"A un horizon de 24 mois, la charge de la dette doublerait, passant de 45 à 90 milliards d'euros au minimum. L'impôt sur le revenu des Français rapportant 80 milliards, il faudrait l'augmenter de 50% - sans même parler du reste du programme, dont le coût dépasse 100 milliards d'euros", s'alarme-t-il.
Ces prises de position s'ajoutent également à celle du patron d'Airbus Tom Enders qui, au lendemain du premier tour de la présidentielle, avait envoyé une lettre de soutien à Emmanuel Macron. Si ces sorties sont plutôt rares, elles ne paraissent pas surprenante au vu des sondages : seuls 17% des chefs d'entreprise, artisans et commerçants ont voté pour le FN le 23 avril.
Moussa Camara Avec AFP