FRANCE : POURQUOI LA PLATEFORME DE PARIS PEINE A DEPLACER DES FOULES

17 - Juillet - 2018

La Plateforme de Paris, structure qui regroupe des partis de l’opposition et des organisations de la société civile, a organisé un rassemblement, vendredi 13 juillet, aux abords du consulat général du Sénégal à Paris. L’objectif annoncé était mobilisateur : « Pour abréger la souffrance (sic) des Sénégalais et dire non à une élection présidentielle sur mesure ».
Pourtant, Benjelloun et ses camarades n’ont pas réussi à convaincre les Sénégalais de France de la pertinence de leur initiative. En clair, il n’y avait pas foule. Et c’est à juste raison que le rassemblement, dit-on, a laissé de marbre les autorités consulaires.
A la décharge de la Plateforme de Paris, on peut admettre qu’il n’est pas facile de déplacer les foules, à Paris ; que certains citoyens favorables à l’opposition préfèrent certainement attendre le jour du scrutin pour sanctionner le pouvoir, enfin que le combat de rue ne les enchante vraisemblablement pas.
Cela dit, l’incapacité de l’opposition de mobiliser peut avoir d’autres explications objectives. D’abord, la Plateforme de Paris, au vu de sa démarche depuis son lancement, semble avoir privilégié la surveillance et le contrôle du processus électoral et les spectaculaires opérations coup de poing au détriment du travail de terrain. Conséquence : de nombreux Sénégalais de France, vent debout contre la politique de Macky Sall, sont abandonnés à leur sort.
La seconde explication a trait à l’impossible unité au sein de la Plateforme, du moins pour le moment.  Samedi 7 juillet dernier, lors d’une conférence de presse, que Benjelloun et ses camarades avaient organisée, j'ai personnellement observé des faits qui confirment ce qui vient d'être dit. En effet dès l’entame, chaque conférencier voulait être Khalif à la place du Khalif. Grand fut aussi mon étonnement de voir le représentant du PUR, Cheikh Tidiane Youm, manifester ostensiblement des gestes d’agacement lors de l’intervention de Benjelloun. Pire, ce dernier, membre de la société civile, s’était, lui aussi, permis de cracher des vérités choquantes et inopportunes aux responsables des partis politiques. Inutile d’ajouter aussi que lors du face-à-face avec les journalistes, les conférenciers ont plusieurs fois réussi la prouesse de se contredire mutuellement, comme s’ils ne s’étaient pas concertés.
Ce qui vient d’être ainsi exposé, montre que les animateurs de la Plateforme de Paris pourraient avoir moult difficultés pour s’accorder sur des stratégies gagnantes, par exemple, comment mobiliser les Sénégalais qui sont déçus par la gestion de Macky Sall.
Travailler dans un collectif exige de chacun de ses membres, tolérance, dépassement de soi, solidarité…Gagner une élection, c’est aussi convaincre la majorité des électeurs d’adhérer à son projet politique. Et pour le moment, ces deux exigences ne sont visiblement pas comprises par les animateurs de la Plateforme de Paris.


Cheikh Sidou SYLLA

 

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