GABON : LE FILS D'ALI BONGO ET DES PROCHES DU PRESIDENT DECHU, ECROUES POUR «HAUTE TRAHISON» ET «CORRUPTION ACTIVE»

20 - Septembre - 2023

Trois semaines après le coup d'État qui a renversé le président gabonais Ali Bongo Ondimba, un de ses fils, et des proches du cabinet du chef de l'État déchu ont été mis en examen et incarcérés pour «haute trahison» et «corruption active».

Le procureur de Libreville André-Patrick Roponat a annoncé mercredi à l'AFP que Noureddin Bongo Valentin, le fils aîné d'Ali Bongo, Jessye Ella Ekogha, l'ancien porte-parole de la présidence, ainsi que quatre autres personnes ont «été mises en examen mardi et placées en détention provisoire». «Tous les chefs d'inculpation lors de leurs arrestations ont été retenus pour leurs mises en examen», a précisé Roponat, soit «haute trahison contre les institutions de l'État, détournements massifs des deniers publics, malversations financières internationales en bande organisée, faux et usage de faux, falsification de la signature du président de la République, corruption active, trafic de stupéfiants».

Des liasses de billets de banque
Le 30 août, moins d'une heure après l'annonce en pleine nuit de la réélection d'Ali Bongo, au pouvoir depuis 2009 et accusé de fraudes massives, les militaires, menés par le général Brice Oligui Nguema, l'ont renversé, accusant notamment son régime de «détournements massifs» de fonds publics. Le jour même du coup d'État, les militaires avaient arrêté l'un des fils du chef de l'État déchu, ainsi que cinq autres jeunes hauts responsables du cabinet de l'ex-président et de son épouse Sylvia Bongo Valentin. Les perquisitions à leurs domiciles, retransmises abondamment par la télévision d'État, les montraient aux pieds de malles, valises et sacs débordants de liasses de billets de banque.

Sylvia Bongo Valentin est en résidence surveillée à Libreville «pour sa protection» selon la présidence. «Nous n'avons aucune nouvelle de Mme. Valentin qui est maintenue au secret en dehors de tout cadre légal. Cette situation est injustifiable et incompatible avec un État de droit. Nous avons déposé plainte contre les responsables de ce qui apparaît comme une prise d'otage», a déclaré mercredi à l'AFP l'un de ses avocats à Paris, Me François Zimeray.

Ali Bongo, d'abord placé en résidence surveillée à Libreville, la capitale du Gabon, pendant quelques jours qui ont suivi le putsch, est «libre de ses mouvements» et peut «se rendre à l'étranger», avait annoncé le général Oligui le 6 septembre.

Menaces
Le 13 septembre, le général Brice Oligui Nguema, désigné président de transition, a annoncé une commission d'enquête sur les marchés publics pour traquer les «fraudes».

Après le putsch, l'ancien aide de camp d'Omar Bongo, qui avait dirigé le pays d'une main de fer pendant plus de 40 ans, avait immédiatement sommé les patrons pratiquant la «surfacturation» contre des rétrocommissions versées aux hauts responsables du pouvoir déchu de «stopper ces manœuvres» dans les passations de marchés publics, lors d'un discours menaçant devant 200 à 300 chefs d'entreprises gabonaises «convoqués» à la présidence.

Quelques jours plus tard, il tançait publiquement des centaines de hauts fonctionnaires et cadres du secteur public: «Venez de vous-même restituer les fonds détournés sous 48 heures sinon nous viendrons vous chercher et vous verrez la différence», avait-il déclaré.

«Biens mal acquis»
À la suite d'une plainte d'ONG en 2007, des juges anticorruption parisiens se sont penchés sur des soupçons dedétournements de fonds publics ayant permis notamment à la famille Bongo d'acquérir un patrimoine considérable en France.

Plusieurs membres de la famille Bongo, d'Omar le défunt père à Ali le fils, en passant par d'autres proches, notamment sa fille Pascaline, sont suspectés d'avoir bénéficié d'un important patrimoine immobilier «frauduleusement» acquis et évalué par la justice «à 85 millions d'euros». Neuf enfants d'Omar Bongo sont mis en examen en France, notamment pour recel de détournement de fonds publics dans le cadre de l'enquête sur les «biens mal acquis».

Le Gabon, dirigé par la famille Bongo depuis 1967, où Ali Bongo avait succédé à son père Omar à sa mort en 2009, est souvent dénoncé pour l'ampleur de la corruption qui s'y pratique. Le pays est classé 136e sur 180 pour la perception de la corruption par Transparency International (2022).

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

19 - Septembre - 2019

REUNION DE LA DSE SOKHNA AWA DIOP MBACKE CRACHE SON VENIN SUR CHEIKH AGNE

Dans sa volonté de mettre en application les recommandations de Macky Sall, notamment la remobilisation du parti, le coordinateur de la DSE APR France, Ahmeth Sarr, a réuni quelques...

18 - Septembre - 2019

Dossier Ressources naturelles : L’apprenant Matar Cissé refuse de rendre public le document final d’investissements du projet gazier de St Louis, suite à ma question écrite au Gouvernement(MLD)

Macky Sall ne croyait pas si bien dire en notant que son collaborateur Matar Cissé chargé de l’énergie apprenait vite, sans doute en mode fast track. Ce qu’il a...

18 - Septembre - 2019

AG DES NATIONS UNIES : MACKY A NEW YORK A PARTIR DU 22 SEPTEMBRE

Le chef de l’Etat préside ce matin le Conseil des ministres où on s’attend à beaucoup de grandes décisions. Ce sera sans doute le dernier Conseil avant son...

18 - Septembre - 2019

DIALOGUE POLITIQUE : ABSENCE DE CONSENSUS ENTRE ACTEURS

La 25ème session de la commission cellulaire du dialogue politique tenue hier, mardi 17 septembre, n’a pas permis aux différents pôles présents à ces...

18 - Septembre - 2019

Communiqué du Conseil des ministres du 18 septembre 2019

Le Président de la République a réuni le Conseil des Ministres, le mercredi 18 septembre 2019, à 10 heures, au Palais de République. Le Chef de l’Etat,...