Gouvernance de fin de règne de Macky Sall : ces couacs de dernière minute !

19 - Avril - 2024

A quelques jours de la fin de son mandat, l’ancien président de la République, Macky Sall, et ses collaborateurs ont fait naître de nouvelles controverses dans la gestion des affaires publiques. Comme si la bonne gouvernance ne pouvait cesser d’être un vœu pieux, même après douze années de villégiature dans le «Macky». Entre signature de décret élargissant considérablement la liste des bénéficiaires des passeports diplomatiques, recrutements massifs dans les ministères, contrat problématique de dessalement de l’eau de mer et octroi tendancieux de la concession de chantier naval au groupement DAKARNAVAL/OZATA/SHIPYARD, entre autres scandales ou couacs, la polémique s’est installée.

La controverse a enflé à la fin de règne de l’ancien président de la République, Macky Sall. Entre signatures de décret et de contrat de marchés en catimini, le régime sortant a fini par mettre le président nouvellement élu, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, et son gouvernement dans une situation peu confortable du moins pour certains des engagements pris par Macky Sall et ses hommes, à quelques encablures de la passation de pouvoirs avec le président nouvellement élu. En effet, tout dernièrement, il y a eu l’affaire des passeports diplomatiques, avec la signature du décret du 28 mars 2024, élargissant la liste des bénéficiaires à tous les anciens ministres et leurs conjoints, les ambassadeurs émérites, les ambassadeurs à la retraite, entre autres. Le décret n°2024-843 remplaçait ainsi l’article premier du décret n°90-934 du 27 août 1990.

Autre fait décrié, des recrutements «massifs» ont aussi été signalés au niveau de certains ministères, avec des ordres de service antidatés de six mois avant. Selon le député Guy Marius Sagna, «39 nouveaux recrutements ont été effectués, entre le mercredi 27 et le jeudi 28 mars 2024, bénéficiant de CDI (Contrats à durée indéterminée, ndlr) directs». Aussi, ajoutera-t-il que «205 personnes sont nouvellement incorporées dans les rangs des ASP (Agents de sécurité de proximité-ndlr) entre ces mêmes dates à la Direction générale de l’Agence d’assistance à la sécurité de proximité».

L’ancien ministre de l’Education nationale, Cheikh Oumar Anne, est aussi accusé d’avoir recruté des centaines d’enseignants avant son départ de la tête de ce ministère. «Des centaines d’enseignants ont été recrutés récemment par Cheikh Oumar Anne, ancien ministre de l’Education nationale. C’est du banditisme d’Etat. Vous n’êtes pas sans savoir que toutes les organisations syndicales se sont battues pour qu’on puisse normer le recrutement des enseignants. C’est le seul secteur où, pour y accéder, il faut nécessairement passer par un concours, dans le but d’avoir des enseignants de qualité», avait déclaré l’ancien Secrétaire général du Sels-Authentique, Abdou Faty, dans une radio de la place.

AUTRES SCANDALES ET MALADRESSES HERITES DU MACKY

A ces actes qui suscitent moult interrogations sur la volonté prétendue ou non de mettre des bâtons dans les roues du nouveau régime, s’ajoute le problématique contrat de dessalement de l’eau de mer signé avec les Saoudiens, à la veille de l’élection présidentielle. Récemment, des experts du secteur de l’eau ont sorti un communiqué pour dénoncer la signature du contrat et interpeller les nouvelles autorités. «A l’ombre des projecteurs politiques, un contrat de 450 milliards de FCFA a été signé, par entente directe, avec une entreprise privée étrangère, pour l’achat d’eau sur 35 ans, à partir d’une usine de dessalement d’eau de mer de 400.000 m3/j à construire sur la Grande-Côte des Niayes», lit-on dans une tribune qui nous est parvenue, de la part de ces acteurs certifiés du secteur de l’eau. La même source d’ajouter : «Si ce contrat, dont l’ampleur et les implications socio-économiques suscitent moult interrogations, était confirmé, la réalisation du projet Canal du Cayor serait de facto compromise, car les deux opérations ne peuvent manifestement pas être exécutées sur le même horizon temporel, pour des raisons économiques évidentes».

Alors que la polémique est encore loin de s’estomper sur ces dits contrats, décrets et autres décisions pris par l’ancien président de la République, Macky Sall, y compris le changement du président de la Cour suprême, à quelques jours seulement de son départ du Palais, (mesure annulée aussitôt par le président Diomaye Faye), c’est l’affaire de l’attribution des chantiers de réparations navales qui revient au-devant de l’actualité. La concession de DakarNave pour 25 ans à une société turque, en catimini, a été cassée par l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP), dans sa décision du 12 avril dernier dont Sud Quotidien a obtenu copie.

Le régulateur de la commande publique accède ainsi à la demande du groupement DAMEN/ATMAR/MARITALIA qui avait saisi d’un recours contentieux l’ARCOP, concernant l’octroi de la concession de chantier naval au groupement DAKARNAVAL/OZATA/SHIPYARD par l’ancien ministre des Pêches et de l’Economie maritime , Pape Sagna Mbaye, et la Direction de la Société des Infrastructures de Réparation Navale de Dakar (SIRN), en mars 2024. Ainsi, le processus de renouvellement de la concession de DakarNave, qui prend fin le 24 juin 2025, sonnait comme un scandale du fait de la violation «flagrante» des règles de passation de marché public. Suffisant pour que le Chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye donne des instructions, en Conseil des ministres qu’il a présidé le mercredi 17 avril 2024, pour que lumière soit faite sur cette affaire. Ces actes posés par Macky Sall et ses collaborateurs, à la fin de son mandat, viennent s’ajouter à la longue liste des scandales présumés qui accablent la gouvernance socio-économique du Sénégal, durant ces douze dernières. Une gouvernance où les « scandales » ont fait florès et parmi ceux-ci le non moins grave détournement de 6 milliards du Fonds Force Covid-19, en pleine crise sanitaire confinant tous les Sénégalais et paralysant Gorgorlu dans ses activités quotidiennes de survie au point de recevoir des aides alimentaires de la part des pouvoirs publics.

SQ

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