GRACE PRESIDENTIELLE POUR KHALIFA SALL : UN PIEGE GROSSIER (PAR IBRAHIMA THIAM)

01 - Octobre - 2019

Je me suis exprimé à plusieurs reprises sur le jugement inique qui a été prononcé à l’encontre de Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar, et de son incarcération. Je me réjouis donc particulièrement de son élargissement aujourd’hui.
Cette grâce, prononcée par Macky Sall, dimanche, était attendue. Mais il ne faudrait surtout pas la voir comme une faveur accordeur, une libéralité du chef de l’Etat. Ce n’est qu’une décision de justice qui répond à une injustice.
Il ne faut pas y voir là davantage un acte de générosité mais bien plutôt la réparation d’un préjudice grave subi par Khalifa sall qui a été, rappelons-le, condamné indument à 5 ans de prison en mars 2017 et qui était détenu depuis lors à la prison de Rebeuss.
En réalité cette grâce révèle toute la supercherie d’un chef d’Etat qui a mis à l’ombre un opposant gênant et qui une fois l’élection passée n’a plus de motif de le retenir prisonnier dans ses geôles.
Le scandale demeure donc car il illustre les manœuvres utilisées par un pouvoir autoritaire pour museler l’opposition.
Cette décision aussitôt connue a été présentée comme « un geste d’apaisement » de nature à favoriser le dialogue politique, un geste qui fait suite à celui de vendredi dernier lorsque Macky Sall a échangé une poignée de mains avec Abdoulaye Wade lors de l’inauguration de la nouvelle grande mosquée mouride Massalikoul Djinane. Ce n’est là que de la poudre aux yeux !
Et cela ne doit pas faire illusion, nous leurrer, car le principal intéressé, Khalifa Sall n’a, en ce qui le concerne, demandé aucune grâce, pas plus qu’il n’a formulé une demande d’amnistie, ce qui serait reconnaître qu’il était coupable. Cela reviendrait aussi, comme il le dit lui-même, à « couvrir les forfaitures de Macky Sall ». Aujourd’hui, alors que tous ses mandats ont été révoqués, Khalifa Sall, rétabli dans ses droits civiques, est de nouveau libre de ses mouvements et ne manquera pas de faire entendre sa voix, une voix plus forte que jamais.
En prétendant aujourd’hui vouloir « décrisper et consolider la paix sociale » Macky Sall joue les pyromanes pompiers, celui qui après avoir soufflé sur les braises en embastillant ses opposants politiques à la veille d’une consultation électorale, joue au grand seigneur une fois passée l’élection présidentielle tronquée. Grandeur d’âme ? En aucun cas.
Personne n’est dupe d’une telle manœuvre et l’opposition se gardera bien de tomber dans le piège de cette fausse main tendue par un président qui ne manquera pas au fil des mois à venir de recourir à des stratagèmes de plus en plus grossiers pour asseoir son pouvoir.

Ibrahima Thiam
Président du mouvement « Un Autre Avenir »

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

06 - Mai - 2024

Clôture du 15ème Sommet de l’OCI avec l’adoption de la Déclaration de Banjul et la Résolution sur la Palestine

Les travaux du 15ème Sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) ont pris fin dimanche au Centre international Dawda Kairaba Jawara de Banjul avec...

06 - Mai - 2024

Mairie de Ziguinchor : Ousmane Sonko a rendu sa démission

Ousmane Sonko n’occupe plus le poste de maire de Ziguinchor. D’après plusieurs médias en ligne dont PressAfrik, le Premier ministre a officiellement...

06 - Mai - 2024

Le sommet de l’OCI a permis de repositionner le Sénégal dans la diplomatie multilatérale (ministre)

Le 15e sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) qui s’est tenu samedi et dimanche dans la capitale gambienne, Banjul, a permis de repositionner le...

06 - Mai - 2024

Retrouvailles socialistes : Taxawu de Khalifa Sall divisé sur la question

Les retrouvailles annoncées chez la famille socialiste après la présidentielle du 25 mars 2024, divisent les deux camps. Beaucoup de militants aussi bien du côté...

06 - Mai - 2024

Sénégal : Le Parti démocratique sénégalais s’exprime et prévoit déjà les législatives

Le PDS de l’ancien président Abdoulaye Wade a pris dimanche 5 mai la parole pour la première fois depuis l’élection du nouveau président Bassirou Diomaye...