GUERRE EN UKRAINE: LE JOURNAL LE MONDE TENTE D’EXPLIQUER « L’ABSTENTION CALCULÉE » DU SÉNÉGAL….

04 - Mars - 2022

Manifestement, l'abstention de certains pays africains, du Sénégal notamment, lors du vote aux Nations Unies, d'une résolution sur la guerre en Ukraine, dérange Paris. Du moins si l'on en croit un article publié par le journal Le Monde.
Les différentes déclarations du président sénégalais, Macky Sall, au sujet de la guerre en Ukraine couvrent, à elles seules, une bonne partie de la gamme des positionnements des pays africains vis-à-vis de la Russie de Vladimir Poutine, dont la puissance brutale attire certains mais effraie d’autres encore davantage. Il y eut, d’une part, l’expression d’un chef d’Etat soucieux de ménager une opinion publique au sein de laquelle monte sensiblement le discours antifrançais en particulier et antioccidental d’une manière générale. Et, sur un autre ton, Macky Sall assure, en 2022, la présidence tournante de l’Union africaine, forte de 55 membres, qui appelle au « respect impératif de la souveraineté nationale de l’Ukraine ».

Ces variations se sont exprimées, mercredi 2 mars, dans l’enceinte des Nations unies, à New York. L’assemblée générale y a adopté à une écrasante majorité une résolution à l’intitulé sans équivoque : « Agression contre l’Ukraine ». Sur les 193 pays membres de l’ONU, 141 ont approuvé le texte. Cinq s’y sont opposés. Trente-cinq se sont abstenus, parmi lesquels 17 pays africains, dont le Sénégal. Le texte dénonçait pourtant dans des termes très comparables à ceux de l’Union africaine l’offensive russe. La Cedeao, l’organisation sous-régionale ouest-africaine, et le président de la commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, avaient, eux aussi, « condamné l’invasion militaire » et « exhorté » les deux parties à « un cessez-le-feu ».

A Paris, un diplomate concède, sous le couvert de l’anonymat, que l’abstention sénégalaise jointe à celle d’autres pays d’Afrique francophone est « problématique ». Elle s’expliquerait par la « peur » que la Russie instille. « Non pas la peur d’une offensive militaire de type Wagner [la société privée de sécurité liée au Kremlin très active au Soudan, au Mali et en Centrafrique], mais d’être l’objet d’une offensive de désinformation manipulant l’opinion qui a atteint un tel point qu’elle provoque une forme de tétanisation chez certains de nos partenaires. »

Le Sénégal et les autres pays sahéliens sortent d’une séquence diplomatique intense aux côtés de la France et de l’Union européenne. « Le narratif sur le mode “vous vous alignez comme des moutons derrière la France” leur fait mal, reconnaît-on à Paris. Il y a donc une réticence chez certains de nos partenaires à assumer publiquement une ligne qui est pourtant la leur », ajoute cette source.
Selon un observateur, « les Sénégalais craignent ainsi une jonction entre les manœuvres de désinformation et la fibre populiste sur laquelle jouent un certain nombre de leurs opposants politiques ». Il y a un an, Dakar et plusieurs autres grandes villes du Sénégal étaient ainsi le théâtre d’émeutes meurtrières provoquées par l’arrestation d’Ousmane Sonko, soupçonné de viol. Ce bouillant opposant panafricaniste accuse les puissances occidentales de vouloir recoloniser économiquement l’Afrique. D’autres pays – tels que le Mali, la Centrafrique, le Soudan ou Madagascar – sont déjà l’objet de ce que Paris qualifie d’« offensive diplomatique, militaire et de désinformation russe ». Ils se sont abstenus. La Guinée et le Burkina Faso n’ont même pas pris part au vote.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

27 - Février - 2024

Propos de Macky : La réplique des membres du FC25

  En lançant le dialogue hier à Diamniadio, le président Macky Sall s’est aussi exprimé sur la problématique de la date de tenue de la future...

27 - Février - 2024

Présidentielle : Voici les 2 dates probables pour la tenue du scrutin

Le dialogue national pour fixer la date de la Présidentielle s'est ouvert hier au CIDAD de Diamniadio, boycotté par 17 des 19 candidats. Cette date du scrutin sera donc fixée...

27 - Février - 2024

« ÊTRE BINATIONAL NE PREDISPOSE AUCUNEMENT A LA HAUTE TRAHISON » : BIRAHIM CAMARA S’ATTAQUE A L’ARTICLE 28 DE LA CONSTITUTION

Nos premières leçons de droit nous ont appris que l'Etat repose sur trois piliers : Un territoire Une population Des institutions. Le premier est intangible et le second est...

27 - Février - 2024

DES PARTICIPANTS AU DIALOGUE NATIONAL PROPOSENT LA DATE DU 2 JUIN POUR LA PRESIDENTIELLE

Les participants au dialogue national ont proposé à ce que le chef de l’Etat prenne un décret convoquant le corps électoral le 2 juin prochain pour la tenue de...

26 - Février - 2024

« Le Sénégal au cœur », une chimère ! (Par Vieux SAVANE)

Aujourd’hui, démarre le dialogue voulu par le chef de l’Etat. Mais quelle pertinence à cela vu qu’il se fera sans les 16 candidats sur les 19 retenus par le Conseil...