Guinée-Bissau: Les dessous de la tension entre le président Embalo et son opposition

08 - Décembre - 2023

Le Président Bissau-Guinéen, Umaro Sissoco Embaló a dissout l'Assemblée nationale populaire, la semaine dernière, par décret présidentiel. Il a également décidé de gérer lui-même les ministères de l'Intérieur et de la Défense. Il concentre ainsi désormais tous les pouvoirs entre ses mains. Une décision qui serait consécutive aux récents troubles qui ont eu lieu suite à l'attaque d'un commissariat de la police dans la capitale.
Pour rappel, des informations rapportées par la presse internationale avaient indiqué que des éléments de la garde nationale avaient tenté nuitamment de soustraire d’un interrogatoire deux ministres en l'occurrence Suleimane Seidi, ministre de l'Économie et des Finances et Antonio Monteiro, le Secrétaire d’État au Trésor, placés en détention par le procureur général, le 30 novembre dernier. Ces deux responsables sont reprochés d'avoir effectué un retrait d’une somme de dix millions de dollars des caisses de l’État sans aucune justification. Souleiman Seidi avait été interpellé le lundi 27 novembre par des députés sur ce retrait, lors d’une séance à l’Assemblée nationale, mais il avait réfuté toute inconformité, indiquant que celui-ci était légal et est destiné à soutenir le secteur privé national. .
D'après de bonnes sources, le président bissau-guinéen a dissout le Parlement, après avoir eu une longue entrevue avec les hauts gradés de l'amée pour évaluer la situation sécuritaire suite aux fusillades qui ont secoué la capitale quelques jours auparavant. On apprend qu'à l'occasion, Embalo, vêtu d’un uniforme militaire, a durci le ton, promettant l'enfer à ceux qui jettent de l'anathème sur la Commission de la réconciliation nationale.
Mais, selon une source contactée à Bissau, les perspectives de l'élection présidentielle de l'année prochaine sont à l'origine de tout ce branle-bas. En fait, les sondages sont loin d'être favorables au président Embalo qui avait déjà été battu à plate couture dans les urnes, lors des élections législatives qui ont eu lieu le 4 juin dernier, par la coalition politique PAI – Terra Ranka, dirigée par son principal opposant, Domingos Simones Pereira. Gagné par la hantise de subir un nouveau revers et donc de perdre le pouvoir, car continuant d'être affaibli politiquement, le président Embalo voudrait éliminer son principal adversaire Domingos Preira comme on est en train d ele faire contre Sonko au Sénégal. Cette attaque du commissariat qui a opposé deux composantes de l’armée à Bissau (une frange de la garde nationale favorable à Domingos Preira) et une frange de la garde présidentielle (qui est lui favorable) serait téléguidée par le locataire du palais présidentiel pour dissoudre le Parlement et ainsi poser le premier acte de cette entreprise.
''Ce qui se passe à nos yeux actuellement, n'est rien d'autre qu'un plan machiavélique savamment ourdi pour éliminer Domingos Preira de la course pour la présidentielle de l'année prochaine. Cette décision a été prise depuis plusieurs mois. Et le processus a donc bien commencé. D'autres actes tendant à jeter en pâture Domingos et sa formation vont suivre'', affirme un interlocuteur qui jure la main sur le cœur que le sort du leader du PAIGC est quasiment scellé. Cette information a été confirmée par le site ''lejournaldelinformation.com'' qui a écrit que : ''D’après une source policière jointe par lejournaldelinformation.com, « le plan de la dissolution du Parlement a été bien préparé depuis plusieurs mois avant de l’exécuter. Selon elle, même le décret présidentiel numéro 70 /2023 de la dissolution de l’Assemblée Populaire de Guinée Bissau a été rédigé plusieurs jours avant le voyage de Embaló à Dubaï pour la Conférence internationale sur le climat''.
Et de poursuivre : ''Sachant qu’il a ne pourra pas gagner les élections présidentielles qui auront lieu l’année prochaine, le président en perte popularité cherche à dérouler son plan machiavélique. Il fallait pour le camp présidentiel de provoquer « la fusillade du week-end en instrumentant la justice pour ensuite dissoudre l’Assemblée Populaire dont Domingos Simao Pereira est le Président''.
''L’un des objectifs du Président Sissoco Embalò est de profiter d’une erreur politique et administrative du gouvernement pour dissoudre le Parlement et ensuite chercher à arrêter et emprisonner son principal opposant Domingos Simao Pereira pour empêcher sa candidature à la prochaine élection présidentielle''.
La suite des événement semble donner raison à notre interlocuteur. En fait, le siège du PAIG qui est à côté palais présidentiel a été pris d'assaut le mardi dernier par les forces de l'ordre. Ces dernières ont effectué des perquisitions dans plusieurs maisons de ce quartier résidentiel qui abrite le domicile privé de Domingos Preira et ceux de plusieurs caciques du PAIGC. Les motifs de cette descente musclée ? On y aurait signalé la présence de caches d'armes.
Un autre motif serait à l'origine de la fusillade (commanditée?) au commissariat de la police. Il s'agit de la volonté des députés de l'ex-majorité à l'Assemblée nationale dissoute de voir les troupes de la CEDEAO, stationnées à Bissau de quitter le pays. D'après une de nos sources, il était prévu d'adopter une loi dans ce sens, à l'occasion de la prochaine session qui devait se tenir. Chose que Embalo ne veux entendre d'une seule oreille car comptant sur ces troupes pour se mettre à l'abri d'un coup d'État militaire qui peut survenir à tout moment contre lui compte tenu du climat de tension qui n'arrête pas de prendre de l'ampleur dans le pays. La même source révèle que la majorité issue des élections législatives de juin dernier allait également proposer des changements à la tête de l'armée, elle allait notamment demander le changement du chef d'état major de l'armée et d'autres beaucoup de chefs. Là aussi, le président voyait un autre danger pour son régime. Aussi, aurait-il anticipé pour déjouer tous ces plans en prenant la décision de dissoudre le Parlement.
Ces informations sont également confirmées par nos confrères de lejournaldelinformation.com selon qui : ''La deuxième raison qui a surtout poussé au président de la République à dissoudre le Parlement Populaire est le fait que celui-ci qui s’apprêtait à voter une loi pour demander la fin et le départ immédiat des forces de la CEDEAO qui assurent sa sécurité''.
L'on dit qu'il y avait aussi une commission parlementaire qui serait sur le point de se pencher sur le dossier dit du « faux coup d’état » de février 2022 que le président Embalo aurait fomenté contre sa propre personne et qui avait occasionné des pertes en vies humaines et l’arrestation de plusieurs hauts officiers et des civils parmi lesquels figure le controversé contre-amiral Bubo Na Tchuto, qui serait un véritable danger pour le président bissau-guinéen si jamais il venait à être innocenté et donc libéré par la justice.
Une autre source révèle aussi qu'une forte tension existait entre le Parlement dissout et le président parce que les députés avaient décidé de réduire le maximum possible les privilèges de ce dernier. Les parlementaires avaient décidé notamment de mettre fin aux voyages privés et coûteux à l'étranger de M. Embalo.
Pour un de nos interlocuteurs, les armes présentées à la presse le mercredi par Biague Na Ntam, le chef d'état-major, le général Biague Na Ntam, composées de fusils, de lances roquettes et du matériel de communication, au siège de l'armée qui constitueraient une saisie n'est qu'un autre acte tendant à discréditer le PAIGC. D'ailleurs, les déclarations du président de la république qui affirme, au sujet de cette affaire, que cette saisie prouve qu'il y a une tentative de coup d'état fomenté par l'opposition atteste cette assertion, renseigne un observateur.

 

Mamadou Alpha Diallo (infos15.com)

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