GUINÉE/ LE COLONEL MAMADY DOUMBOUYA : "Notre action n’a rien d’un coup d’État..."

05 - Septembre - 2021

Chers compatriotes, le geste que nous posons aujourd’hui n’est pas un coup d’État mais une action inaugurale permettant de créer les conditions d’un État. Plus précisément un État droit. Car l’histoire politique de notre pays, marqué par des violences, des injustices et inégalités, prouve qu’en Guinée la volonté du plus fort a toujours supplanté le droit, et donc que depuis l’accession à l’indépendance l’esprit autoritaire a triomphé sur l’esprit du juste et du raisonnable. Et c’est d’ailleurs parce que nous jugeons cette situation profondément anormale et injustifiable que nous avons décidé d’agir, de poser un geste autour duquel nous voulons mobiliser toutes les bonnes consciences afin de sortir notre pays de la malédiction politique.
Chers compatriotes,
Notre action n’a rien d’un coup d’État. Il traduit seulement l’aspiration légitime des personnes à vouloir vivre dans un environnement où les besoins humains de base peuvent être satisfaits ; où il est possible à chacun, sans crainte, de jouir de la vie, d’étudier, de se soigner, de travailler humblement sans être soumis aux contraintes de réseaux informels ; où enfin le pouvoir est responsable de sa population. Nous ainsi réconcilier la politique et l’humain. Notre geste donc n’est rien d’autre que l’expression de notre désir de dignité que certainement vous partagez avec nous. Or, c’est parce que le respect de notre dignité est bafoué depuis 1958 par une minorité qui confisque le pouvoir et ses avantages économiques que nous avons pris l’initiative, convoqués par le sens du devoir, de créer les conditions d’un nouveau départ politique et social. L’action que nous accomplissons aujourd’hui se veut par ce fait même un premier pas. Un moment inaugural.
Chers compatriotes
Nous n’avons aucune mission prophétique. Ce n’est pas le peuple de Guinée que nous voulons sauver, mais la Guinée avant tout. Car un peuple ne peut pas être sauvé alors que l’espace dans lequel il vit est un enfer. Il faut éteindre le feu d’abord. C’est ce rôle de pompier que nous avons voulu assumer. Notre pays ne souffre pas d’un manque de ressources humaines, moins encore est-il victime d’une précarité des ressources naturelles. Non : nos maux se nomment manque de courage politique ; tyrannie de l’argent ; extraversion ; absence de moralité collective. Ce dont nous manquons et que nous avons manqué, ce sont des hommes capables de traduire politiquement et économiquement cette richesse qu’est la Guinée. Notre problème, ce n’est même pas l’absence de démocratie, mais le manque de vision, de valeur politique et sociale. C’est pour mettre fin à cet aveuglement volontaire, qui a rendu misérable la vie du Guinéen, que nous décidons aujourd’hui d’assumer notre responsabilité. Pour que nous autres guinéens accédions enfin à la lucidité, celle qu’exige justement l’état de droit.
Aux partenaires extérieurs de la Guinée, nous ne demandons pas forcément un soutien financier, mais une compréhension de votre part. Avant de brandir l’idée de restauration de l’État, demandez-vous avant s’il n’a jamais existé un État en Guinée. Avant de brandir des sanctions, cherchez à savoir si la sanction n’a toujours pas été le lot infernal des Guinéens, de Sékou Touré à Alpha Condé. Nous, nous contestons notre condition injuste ; nous jugeons que notre situation politique n’est pas acceptable et est humaine condamnable. Nous espérons de votre part donc un soutien moral.
Nous invitons tous les responsables de la société civile et les différents partis politiques a une rencontre d’urgence pour que collectivement nous sortions de ce moment inaugural et amorcer la seconde étape, celle d’organiser la société guinéenne sous les principes de l’État de droit. Ce qui inclura essentiellement une réorganisation de l’armée afin de mettre un terme à sa longue et tragique politisation.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

06 - Novembre - 2024

POPULISTES VOUS AVEZ DIT ? PARLEZ AUX SENEGALAIS AU LIEU DE PARLER DE OUSMANE SONKO (PAR ABDOU SONKO)

La campagne pour les élections législatives anticipées au Sénégal a débuté le 27 octobre 2024, en vue du scrutin du 17 novembre. Elle survient...

06 - Novembre - 2024

LE COMMUNIQUE DU CONSEIL DES MINISTRES DU 6 NOVEMBRE 2024

Le Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE a présidé, ce mercredi 06 novembre 2024, la réunion hebdomadaire du Conseil des Ministres, au...

06 - Novembre - 2024

CONSEIL DES MINISTRES: LES NOMINATION

Le Président de la République a pris les décisions suivantes : Au titre du Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique : Monsieur...

05 - Novembre - 2024

Élection américaine : Pourquoi il faut voter contre Trump

À l'approche des élections américaines de 2024, la question de savoir pour qui voter devient cruciale pour de nombreux citoyens. Alors que Donald Trump se présente une...

05 - Novembre - 2024

Tambacounda : Samm Sa Kaddu se désiste au profit de Takku-Wallu

À Tambacounda (sud est), l’opposition locale se mobilise pour maximiser ses chances de remporter l’ensemble des sièges aux prochaines élections...