HAUSSE DES FRAIS D’INSCRIPTION : « UN FACTEUR DE DECROCHAGE ET DE DESCOLARISATION PREMATURES », ESTIME CHEIKH MBOW

24 - Octobre - 2022

Des parents d’élèves dénoncent la hausse des frais d’inscription dans certains établissements d’enseignement public. Qu’est-ce que vous en pensez ?

La hausse de plus en plus importante des frais d’inscription et des multiples autres frais opportunistes constituent l’un des facteurs qui retardent le démarrage des cours et qui justifient le décrochage prématuré de beaucoup d’élèves. C’est soit des parents qui retiennent les enfants à la maison car ne pouvant pas s’acquitter de ces frais ou alors des élèves qui se sentent gênés et humiliés pour n’avoir pas pu s’inscrire au même titre que leurs camarades. Nous dénonçons ces pratiques qui confirment une forme de privatisation de l’école publique. C’est une question de justice, d’équité et de cohérence. Les textes législatifs et réglementaires qui régissent le secteur proclament la gratuité de l’enseignement élémentaire au Sénégal. Pour l’enseignement moyen et secondaire, les frais d’inscription sont inscrits dans une échelle qui va de 3 000 à 10 000F. Cet effort de régulation est certes salué mais les montants devraient encore être revus à la baisse, en lien avec le contexte économique. Il importe aussi que ces ressources soient gérées de façon plus efficiente, plus inclusive et plus transparente. Je rappelle qu’une étude récente de la COSYDEP a montré que ces frais constituent un frein à l’accès et au maintien des élèves dans le système surtout lorsqu’ils sont pratiqués dans un contexte de pauvreté généralisée.

Au Sénégal, les enfants ont le droit de recevoir une éducation gratuite dans une école publique jusqu’à un certain âge. Qu’en est-il de cela ?

Oui, il s’agit des dispositions de la loi d’orientation de l’éducation nationale qui institue l’obligation scolaire de 10 ans. Au Sénégal, il est clairement déclaré, dans la Constitution et dans les lois d’orientation, que l’enseignement élémentaire est gratuit, donc sans frais conditionnant l’accès, le maintien et la réussite de l’élève. Ces dispositions doivent être soutenues et respectées. Soutenues, car l’Etat doit veiller à la disponibilité de budgets de fonctionnement conséquents et à temps destinés aux écoles. Respectées, car l’Etat doit absolument prendre en charge cette question en faisant appliquer rigoureusement les textes sinon, qu’il procède à leur révision pour rétablir la légalité et veiller à la cohérence entre les textes et la pratique.

Quelles peuvent être les conséquences d’une cherté des frais d’inscription dans les établissements d’enseignement public ?

Des conséquences désastreuses par rapport à l’effectivité du droit à l’éducation pour tous. En effet, ces frais s’opposent à la mission publique assignée à ces établissements. Ils constituent un frein à l’accès et au maintien des élèves et par voie de conséquence, un facteur de décrochage et de déscolarisation prématurés. Il s’y ajoute que des parents se sentent contraints de procéder à des choix discriminatoires en décidant de scolariser certains de leurs enfants et d’en priver d’autres ; les filles et les enfants handicapés deviennent les plus exposés. Au total, la pratique des frais opportunistes est une négation du droit à l’éducation pour tous et aussi un risque réel de privatisation de l’éducation. Ces pratiques sont à dénoncer et à combattre vigoureusement ; elles doivent mobiliser tous les acteurs car l’éducation est un droit humain fondamental qui doit être garanti par l’Etat.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

19 - Janvier - 2022

​Remous du système éducatif : Cusems et Saems en grève totale ce mercredi

Il n’y aura pas de cours ce mercredi dans les établissements secondaires. Le Syndicat autonome des Enseignants du Moyen Secondaire (SAEMS) et le Cadre unitaire des enseignants du...

13 - Janvier - 2022

CHRONIQUE EDUCATION : IL EST PLUS QUE NECESSAIRE DE REGULER LE SOUS-SECTEUR DE LA PETITE ENFANCE

Crèches, garderies, écoles maternelles, jardins d’enfants sortent de terre souvent au mépris des règles de sécurité et d’adaptation aux...

10 - Janvier - 2022

PETITE ENFANCE : MISSION FRUCTUEUSE DE MAIMOUNA CISSOKHO EN FRANCE

La Directrice de l’Agence nationale de la Petite enfance et de la Case des Tout-petits, Maïmouna Cissokho, est rentrée au Sénégal avec le sentiment d’avoir...

06 - Janvier - 2022

PREPARATION DES COURS: NE PAS CEDER A LA FACILITE (CHEIKH SIDOU SYLLA)

Certains enseignants ne se donnent plus le temps et les moyens de biens préparer leurs cours. Ils cèdent à la facilité en faisant leur marché de fiches...

31 - Décembre - 2021

Bilan des réalisations, ses contraintes et perspectives : ce que dit Le Ministère de l’Education nationale

Le Ministère de l’Education nationale (MEN) Bilan des réalisations, ses contraintes et perspectives Dès l’entame et pour rappel, le PAQUET (2018-2030) s’est...