Hommage au Professeur Cheikh Faty Faye

24 - Février - 2021

Le Professeur Cheikh Faty Faye nous a quitté le 18 février 2021. Il avait vu le jour au début des années quarante à Dionwar, une des iles de l’archipel du Saloum, Sénégal. Les enseignants garderont sans doute de lui un souvenir impérissable tant l’homme avait fait corps avec ses collègues de tous les ordres et, au-delà des membres de sa corporation, avec tous les segments de la population de notre pays.
Le caractère récent de sa disparition ne nous donne pas le recul nécessaire pour cerner, de façon exhaustive, le profil et les hauts-faits du défunt. Le moment venu, gageons que ses collègues et amis trouveront le moyen de le célébrer avec l’autorité et la rigueur scientifique qu’on leur connaît ; toutes qualités qu’ils partageaient avec lui et qui leur permettront de mieux nous faire comprendre, d’une part, son œuvre littéraire et artistique et, d’autre part, son admirable parcours académique.
Aussi me contenterai-je d’évoquer, ici et maintenant, notre bonheur d’avoir cheminé avec lui à Kaolack, capitale de l’ancienne région du Sine-Saloum (les actuelles Kaolack, Fatick et Kaffrine) ; c’était entre 1973 et 1975 .
Cheikh Faty Faye avait commencé sa carrière de professeur d’histoire à Saint-Louis avant d’atterrir donc à au lycée Gaston-Berger ( actuel Valdiodio Ndiaye) pour y trouver, entre autres collègues, feus Mbaye Ngom et Albert Faye, Amadou Ngando Souaré, futur inspecteur d’académie de Kolda, Youba Sambou, futur ministre des forces armées, Mapathé Ndiaye de Thiès.
C’est tout naturellement que Cheikh Faty Faye, en équipe avec ses collègues et feue Aminata Sarr ( Inspectrice de l’enseignement) se fit le devoir d’encadrer syndicalement ses jeunes collègues. Faut-il rappeler qu’à l’époque le stage de formation des professeurs de lycée n’existait pas encore à l’École Normale de Dakar. Cette disponibilité de Cheikh Faty Faye n’était guère surprenante pour qui savait que, dès l’université, Cheikh Faty y avait joué un rôle social reconnu au sein des étudiants au point que, devenu président de l’AMED (Association Musulmane des Étudiants de Dakar), c’est lui qui fut choisi pour accomplir le grand pèlerinage à La Mecque, à moins de 25 ans. Ce qui ne fit qu’accroitre sa notoriété à Dionwar et dans les autres iles jusqu’au Niombato.
Dans cette contrée, il était très tôt devenu plus qu’un leader ou un modèle : il y a été et reste un repère pour tous les jeunes apprenants.
Plus tard, Cheikh Faty s’envola pour l’Europe pour soutenir sa thèse. Auparavant, il contribua par ses exposés au réarmement culturel et pédagogique des professeurs de l’unique lycée et des collèges de Kaolack. La dissolution irrégulière du Syndicat des Enseignants du Sénégal (S.E.S) en 1973 avait en effet rendu impossible toute activité syndicale en dehors des syndicats ( Sypros et Snel) affiliés au Parti unique de l’époque.
De retour au Sénégal après sa soutenance, Cheikh Faty se remit à l’ouvrage, cette fois à Dakar. Sa maison était une tour de Babel pour les jeunes apprenants originaires du Sine qui savaient pouvoir y trouver gîte et couvert. C’est ainsi que :
- Au plan syndical : il réintégra le Sudes (Syndicat Unique des Enseignants du Sénégal )qui, comme chacun le sait, couvrait l’activité des enseignants du primaire au supérieur. Dès lors, il n’était pas étonnant de le voir jouer un rôle central dans la quête de bonnes conditions de travail de ses collègues et de l’amélioration de leur habitat. Leur reconnaissance est attestée par la cité qui porte son nom.
- Au plan politique : Il reprit tout naturellement sa place au sein de la gauche sénégalaise à laquelle il avait adhéré dès les années 60, devenant membre du Parti africain de l’indépendance (P A I Sénégal).
Cheikh Faty Faye a pu mener avec un égal bonheur ces différentes activités parce qu’il renfermait en lui des talents méconnus et présentait plusieurs facettes aussi séduisantes les unes que les autres :
- Éducateur accompli ayant gravi tous les échelons jusqu’au grade de Maître de conférences ;
- Artiste de l’ombre : derrière ses lunettes cerclant ses beaux yeux globaux qui cachaient mal un caractère trempé, il s’exprimait d’une voix limpide sans qu’il y ait un mot de trop. Son goût pour les arts et les lettres nous rappelait un autre combattant de la culture africaine, le Professeur Iba Ndiaye Diadji militant, comme lui, de la valorisation de nos langues nationales.
- Le juste : Cheikh Faty s’est entièrement investi pour le bon suivi des dossiers de ses collègues dans le dédale de l’administration aussi bien au ministère en charge des Domaines que celui en charge des finances. Il veillait à ce que nul adhérent à la coopérative d’habitat ne fût laissé sur le bord de la route ; parce que Cheikh Faty était un juste.
Hier, en accompagnant Cheikh Faty Faye à sa dernière demeure, là-bas à Dionwar, au confluent du Sine et du Saloum jusqu’à la pointe de Sangomar, les populations de tout âge n’ont pas tari d’éloges pour l’enfant prodige. Pour saluer sa mémoire, elles ont exprimé leur reconnaissance à celui qui a su incarner leurs valeurs ancestrales par son attachement viscéral à son terroir : valeurs qui ont nom : solidarité, humilité, sens du travail bien fait, souci de la préservation de l’intérêt général. Toutes valeurs que le Sénégal, notre pays, gagnerait aujourd’hui à faire siennes pour la préservation de son patrimoine et de ses richesses. Est-ce un hasard si le gisement gazier et pétrolier de Sangomar se trouve à quelques encablures de Dionwar ?
Repose en paix cher ami. Merci ! Diokondial !
À sokhna Bintou, l’épouse de Cheikh Faty, à tous ses enfants qui sont les miens, je présente mes sincères condoléances.
Mamadou Birame Faye birame810@gmail.com
Ndondol- Ndiémane

 

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1 commentaires
Auteur : Posté le : 17/03/2021 à 10h26

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