Ibrahima Thiam: « Libérez Boubacar Seye, Président de la fondation ​Horizons sans Frontières »

21 - Janvier - 2021

Le motif de l’arrestation de Boubacar Seye prêterait à sourire si l’affaire n’était pas aussi grave. Le président de la fondation Horizons sans Frontières réclamait l’audit des fonds versés par la commission européenne aux pays africains, en particulier au gouvernement sénégalais pour lutter contre l’immigration clandestine. Il entendait dénoncer ainsi les milliards engloutis dans un puits sans fond car en réalité l’aide au développement des pays européens n’enrichit que les gouvernants. Les contribuables européens sont en droit de connaître l’utilisation de cette aide attribuée à certains pays pour lutter contre l’extrême pauvreté, facteur principal de la migration économique. Or les résultats sont très loin d’être atteints si l’on en juge par les cinq cent quatre-vingt-treize jeunes qui ont péri dans l’Atlantique, sans compter les nombreux autres portés disparus.

La seule réponse gouvernementale qui puisse dissiper tout malentendu est la publication d’un bilan transparent sur l’utilisation des fonds européens pour enrayer l’émigration clandestine. Au lieu de cela, Boubacar Seye s’est vu interpellé puis maintenu en prison en attendant d’être présenté à un juge ou pire, au censeur Macky Sall. Or de quel crime accuse-t-on Boubacar Seye ? Dénoncer l’échec de la politique migratoire du Sénégal encourt-il désormais à son auteur de goûter les geôles du régime ?
Les poursuites dont il fait l’objet pour « diffusion de fausses nouvelles » sont scandaleuses. Ce délit en effet n’est pour ainsi dire jamais pris en compte par aucune des grandes démocraties du monde soucieuses de la pluralité des opinions et du respect des libertés individuelles. Une fois encore le Sénégal, par le truchement de son président, se voit montré du doigt en matière de droits de l’Homme.

Nous disons STOP à la judiciarisation de la vie politique qui caractérise les régimes autoritaires. L’instrumentalisation de la justice à des fins politiques n’honore pas la République et Macky Sall abaisse nos institutions en les mettant aux ordres exclusifs de son pouvoir. Au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique, le nouveau président américain, Joe Biden, dans une Amérique divisée, se fixe comme objectif de réconcilier les américains, en se déclarant le père de la nation. Notre nain politique ferait bien de s’inspirer de son exemple au lieu de gouverner notre pays pour le seul bénéfice des ses partisans de l’APR et de Ben Bokk Yakaar. Et ce au détriment de tout un peuple.

J’exhorte Macky Sall à libérer Boubacar Seye et à endosser, une fois n’est pas coutume, son costume présidentiel pour appliquer les principes républicains. Il se grandirait en agissant ainsi.

Ibrahima THIAM, président de Un Autre Avenir

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

21 - Février - 2024

MACKY SALL DEMANDE AU MINISTRE DE L’INTERIEUR DE PRENDRE LES DISPOSITIONS POUR UNE BONNE ORGANISATION DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE

Le président de la République a demandé, mercredi, au ministre de l’Intérieur et à son collègue des Finances et du Budget de prendre les...

21 - Février - 2024

MACKY SALL DEMANDE AU GARDE DES SCEAUX DE FINALISER LES PROJETS DE TEXTES POUR ‘’MATERIALISER LA VOLONTE DE RECONCILIATION ET DE PARDON’’

Le chef de l’Etat a demandé, mercredi en Conseil des ministres, au Garde des Sceaux, de finaliser les projets de textes pour ‘’matérialiser la volonté de...

21 - Février - 2024

LA CARAVANE DU CANDIDAT CHEIKH TIDIANE DIEYE INTERROMPUE PAR LA GENDARMERIE A FISSEL MBADANE

La caravane du candidat à l’élection présidentielle Cheikh Tidiane Dièye, a été stoppée, mercredi, en début d’après-midi,...

20 - Février - 2024

Libération des détenus politiques : les familles entre désolation, colère, tristesse et espoir

Même si entre jeudi et samedi les choses aller bon train, ce lundi par contre ce n’est pas le cas. Les libérations qui se faisaient habituellement dans l’après-midi...

20 - Février - 2024

La décision 1/C/2024 du Conseil constitutionnel sénégalais : analyse furtive d’une décision attendue (Professeurs Jean-Louis CORREA et Abdou Khadre DIOP)

Comme souvent, cette fois un peu plus, la postérité nous édifiera, le Conseil constitutionnel du Sénégal vient de rendre une décision qui fera date. Saisi...