"Il faut que l'exécutif arrête la politique de l’autruche" : une députée LREM appelle la France à accueillir l'"Aquarius"

12 - Juin - 2018

Élue de la majorité, Sonia Krimi critique l'inaction d'Emmanuel Macron et du gouvernement à propos du bateau de SOS Méditerranée, qui a sauvé plus de 600 migrants au large de la Libye.
"Qu'attendons-nous pour agir ?" C'est ce que demande la députée de La République en marche Sonia Krimi, à propos du navire l'Aquarius, bloqué en mer depuis ce week-end avec 629 migrants à son bord. Dans un message posté mardi 12 juin sur Twitter, l'élue de la majorité fustige la position de la France, "laissant à la dérive le principe d'accueil inconditionnel des migrants".

En Conseil des ministres, Emmanuel Macron a réagi à la situation du navire de SOS Méditerranée, dénonçant la "part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien". Pour la députée de la Manche, membre de la commission des affaires étrangères, la France devrait, sans aucune hésitation, accueillir le bateau de l'ONG.

Franceinfo: Que reprochez-vous au gouvernement concernant l'Aquarius ?

Sonia Krimi : Ce n'est pas un reproche, c'est une demande. Je lui demande d'agir. Je soutiens la proposition du président de l'exécutif corse, Gilles Simeoni, et je déplore l'absence de position commune de tous les ministres en faveur d'un accueil de ces migrants.

Il faut que l'exécutif arrête la politique de l'autruche en se disant 'ça va passer, l'Espagne va s'en occuper'.
Sonia Krimi
à franceinfo

Nous, le groupe LREM, sommes également responsables : on se doit d'avoir une position commune sur l'Aquarius. C'est dramatique ce qu'il se passe. J'ai essayé d'imposer le sujet dans la réunion de groupe ce matin, mais on m'a dit que ce n'était pas important. On a préféré discuter pendant une matinée de l'eau et des assainissements. C'est sûr que c'est beaucoup plus urgent que le sort de 629 personnes en train de mourir dans des conditions horribles.

Pour vous, la décision se joue-t-elle aussi à l'échelle de l'Europe ?

Oui bien sûr. On est en train d'assister aux limites de notre politique européenne.

Si Matteo Salvini veut prendre des décisions inhumaines, c'est son problème. Mais nous ne sommes pas un gouvernement d'extrême droite : on ne peut pas s'aligner sur eux.
Sonia Krimi
à franceinfo

Combien de temps va-t-on laisser décider les extrêmes en Europe ? Monsieur Salvini est ravi, il crie victoire. Mais le pire, c'est qu'on ne peut même pas lui en vouloir : on a laissé la Grèce et l'Italie seuls dans cette crise et c'est aussi ça qui lui a permis de devenir ministre.

Êtes-vous d'accord avec Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, quand il dit que la France "prend sa part" en terme d'accueil de migrants ?

Je ne veux plus entendre ça. Il y a des phrases que je ne peux plus entendre dans ce parti, comme "libérez les énergies". Certes, la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit prendre sa part. Il y a 629 âmes qui errent en Méditerranée actuellement.

On ne va pas prendre le temps de vérifier s'il y a assez de lits, assez de couettes... Non, il faut agir.
Sonia Krimi
à franceinfo

On est face à un problème éthique et moral. On a déjà envoyé un message pas très positif au moment de la loi Asile et immigration. On constate que depuis quelque temps, l'ordre est de "droitiser" En marche !. Ce n'est pas le fait de murmurer à l'oreille des réacs qui va faire avancer les choses.

Vous avez l'impression qu'il y a un malaise au sein du groupe LREM à propos de l'Aquarius ?

Mais quel malaise ? On parle de 629 personnes entassées dans une situation horrible et nous on est là, à se poser des questions ! On manque à notre rôle exécutif et législatif. Si nous députés de la majorité, on ne porte pas ça, qui va le porter ? On est le parti auquel les Français ont fait confiance : on ne doit pas trahir les gens qui ont voté pour nous. Il faut qu'on ait une voix forte sur ce sujet.

S'il n'y a aucun positionnement clair de la part du gouvernement dans les prochaines heures, je considérerai qu'on a fermé les yeux sur les plus de 3 000 migrants morts en Méditerrannée en 2017. Je considèrerai également qu'on se laisse dicter notre politique par l'extrême droite européenne.

frace info

 

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